dettes_emprunts_reechelonnement_endettementLe président de l’Association tunisienne des économistes (ATE), Mohamed Haddar, a déclaré à l’Agence TAP que la Tunisie a déjà demandé le report du remboursement de ses dettes extérieures, à savoir la dette qatarie (500 millions de dollars, soit 1,125 milliard de dinars), arrivée à échéance au début de l’été dernier.

“La Tunisie se doit de retrouver un rythme de croissance raisonnable, permettant de sortir de la crise économique et financière aiguë à laquelle elle fait face”, a-t-il souligné, alors qu’il intervenait à un débat organisé par l’ATE sur le projet de loi de finances 2017, en présence de la ministre des Finances, Lamia Zribi, et de plusieurs experts économiques, universitaires et experts comptables.

A cette occasion, Haddar estime que la possibilité pour la Tunisie de demander le rééchelonnement de ses dettes en 2017, surtout avec un service de la dette de l’ordre de 5,2 milliards de dinars, dépendra de la reprise du taux de croissance. “Dans le cas où la croissance restera faible et que les autres indicateurs économiques se dégradent, il serait probable que la Tunisie demande le rééchelonnement de ses dettes, de la part des institutions financières et des créanciers”.

L’économiste explique également que chaque projet de loi de finances suscite une polémique et un large débat dans le rang des organisations nationales, des experts et des citoyens, tout en rappelant que la loi de finances n’est autre qu’un mécanisme pour la réalisation de la politique de l’Etat.

Il a rappelé que la Tunisie a connu, depuis le 14 janvier 2011, 7 lois de finances, 3 lois de finances complémentaires et la quatrième est en cours. Le pays a également eu 7 ministres des Finances. Et de s’interroger: “est-ce que cela a permis de mettre en place une politique claire de l’Etat depuis la révolution?”.

L’universitaire a évoqué la question de la stabilité de la fiscalité dans le pays alors que l’investisseur tunisien autant que l’étranger recherche toujours la transparence, la clarté et la stabilité dans la décision administrative.

Analysant le projet de loi de finances 2017, Haddar a indiqué que le nouveau budget atteint 32,4 milliards de dinars (+77% par rapport au budget 2010) alors que le taux de croissance a accusé une baisse sensible d’une année à l’autre. Il a soulevé à ce propos la question de l’efficacité des dépenses de l’Etat, s’interrogeant sur l’utilisation de l’argent dépensé dans le cadre de ces budgets.

Il a émis des doutes quant aux hypothèses sur lesquelles a été préparé le projet de budget, à savoir la fixation d’un taux de croissance de 2,5%, un prix du baril de pétrole à 50 dollars et un taux de change du dollar à 2,225 dinars -puisque le dollar a atteint, le 26 octobre 2016, 2,261 dinars et que le “dollar va poursuivre son ascension par rapport au dinar tunisien”.