Tunisie – Industrie : CONECT International au Salon Apparal Sourcing à Paris

Par : Tallel

conect-paris.jpgCONECT International a récemment pris part au Salon Apparal Sourcing qui s’est déroulé du 12 au 15 septembre 2016 à Paris. Mohamed Ali Kacem, conseiller en exportation qui a représenté la CONECT International à cette manifestation, nous explique les tenants et aboutissants de ce Salon.

Tout d’abord, M. Kacem souligne qu’Apparal Sourcing est un des 4 Salons qui se tiennent dans le même espace et qui sont organisés par la même structure, en l’occurrence Messe Frankfurt, au Bourget à Paris. Ces Salons sont “TEXWORLD“ qui est un Salon de Sourcing en tissu et accessoires; d’Apparal Sourcing, le Salon de solutions en habillement (produit fini ou co-développement); d’AVANTEX, Salon des solutions innovantes de textile technique; et des Shwals and Scarves (exposants de shales et écharpes).

M. Kacem précise que TEXWORLD est le Salon mère, faisant partie des plus grands salons de Sourcing en textile en Europe. Les tissus qui y sont exposés proviennent de plusieurs origines (pays) avec cependant une domination asiatique.

conect-paris1.jpgQuant aux 3 autres Salons, ils viennent en appui à Texworld pour permettre aux visiteurs de trouver également les accessoires et les solutions complètes pour leurs commandes.

Au total, les 4 Salons regroupent 1045 exposants –venus de 27 pays- dont 200 pour Apparal Sourcing, et quelque 14.000 visiteurs professionnels pour les 4 Salons.

Une participation positive et des belles opportunités

Ensuite, Mohamed Ali Kacem estime que le Salon constitue est une excellente opportunité de sourcing pour les entreprises tunisiennes au niveau des matières et accessoires. Il est également une forme de plateforme d’affaires pour les entreprises qui proposent la sous-traitance ou les produits finis en petites quantités.

conect-paris2.jpgTout en reconnaissant que le Salon est dominé par la participation asiatique qui présente beaucoup d’avantages en termes de coût, il n’en reste moins que les clients et donneurs d’ordre, à la recherche de petites commandes à exécuter rapidement, sont conscients de l’avantage proximité/qualité que présente la Tunisie. Et c’est ce facteur d’ailleurs qui a permis de drainer beaucoup de visiteurs au Stand de CONECT International. Il a ajouté qu’en dépit des difficultés auxquelles fait face le secteur textile/habillement, «le site Tunisie est toujours accrocheur pour le fast fashion et les produits haut de gamme».

Concernant le bilan de la participation de CONECT International à ce Salon, M. Kacem a affirmé: «Etant donné le contexte de dernière minute de participation de CONECT International à cette manifestation, nous pouvons la considérer comme très positive». Pour étayer ses dires, il a indiqué qu’il y a eu environ 40 contacts sur le stand de la CONECT International, dont 15 donneurs d’ordre potentiels.

conect-paris3.jpgIl y a également eu d’importants échanges avec des représentants de fournisseurs indiens et du Guatemala, des discussions sur le développement de partenariat avec une association d’acheteurs allemands, ainsi que des contacts avec des organisations travaillant avec des bailleurs de fonds allemands pour établir des projets de partenariats triangulaires entre des fournisseurs asiatiques, confectionneurs tunisiens et des clients allemands.

Concurrence…

A propos de la concurrence marocaine, turque et chinoise, M. Kacem préfère nuancer ces 3 types de concurrents.

Pour la concurrence chinoise -mais aussi pakistanaise (pour le denim)-, il a indiqué que les capacités de production et les prix ne sont pas comparables. Toutefois, la Tunisie garde un avantage important en matière de savoir-faire pour le denim et le Jean et pour tout ce qui concerne les petites commandes et commandes de réassort avec des délais de production nettement plus avantageux. Mais il y un problème qui, selon ses dires, au niveau du produit fini, car les entreprises doivent faire du sourcing en Asie, et donc les délais/quantités peuvent constituer un handicap, ou s’approvisionner en tissu européen et ainsi perdre en compétitivité.

Quant à la concurrence turque, c’est la plus redoutée, selon lui, en ce sens que la Turquie produit le tissu et fait de la confection, et par-dessus tout, elle a un accord de libre-échange avec l’UE.

Cela n’empêche, «nous restons compétitifs pour des tissus européens et des délais réduits. Nous avons également un savoir-faire important en denim et délavage. Les problèmes de sécurité récents en Turquie font que les investisseurs et donneurs d’ordre qui, habituellement produisaient en Turquie, commencent à délocaliser une partie de leur production, non pas en Tunisie mais au Maroc, en raison du climat social et du manque de visibilité dans notre pays».

Justement concernant le Maroc, Mohamed Ali Kacem rappellera que le Maroc a connu sa croissance au détriment de la Tunisie à partir de 2012. Il explique cette évolution par la dégradation du climat social en Tunisie depuis 2011, mais pas seulement.

En effet, les entreprises marocaines ont commencé à travailler ensemble et s’organiser en consortiums d’achat et de vente. A cela s’ajoute l’appui institutionnel de l’Etat qui est à la fois important et bien contrôlé (appui financier de 80% avec audit rigoureux et encadrement institutionnel). Sans oublier le fait que les entreprises marocaines sont de plus en plus agressives en matière de communication et participation aux foires et salons spécialisés.

Toujours dans cet ordre d’idées, M. Kacem souligne que les autorités marocaines ont d’importants projets d’infrastructure pour développer l’activité finissage du tissu.

Nécessité d’un lobbying tuniso-marocain

Les entreprises marocaines et tunisiennes font cependant face aux mêmes problèmes liés aux taux de droit de douanes pour les tissus avec “origine non européenne“ ou “Euromed“ pour entrer sur le territoire européen.

Dans ces conditions, il estime nécessaire que le lobbying soit plus concerté entre la Tunisie et le Maroc par rapport au vis-à-vis européen pour obtenir une flexibilité de transfert des règles d’origines pour les tissus qui sont exonérés de droit et douanes si importés en Europe mais taxés s’ils passent par des entreprises de confection tunisiennes ou marocaines.

A propos du secteur textile/habillement tunisien, M. Kacem affirme que les indicateurs de ce secteur ne sont pas au vert depuis 2007, parce que nos entreprises n’ont pas anticipé les impacts des accords multifibres (à l’exception de quelques structures performantes).

Des mesures s’imposent pour le secteur…

Alors, pour réussir à résister à ces concurrents, M. Kacem estime vital de prendre de mesures au niveau macroéconomique et au niveau microéconomique.

Parmi les mesures macroéconomiques qu’il préconise, un lobbying pour le transfert des règles d’origine, le soutien pour le renforcement de capacité en sourcing, l’accélération des projets de zone de finissage du tissu, une meilleure coordination/optimisation entre les programmes d’appui au secteur textile/habillement. Il appelle à participer à toutes les manifestations commerciales importantes et à communiquer sur les atouts de la Tunisie.

Il faut aussi négocier avec des plateformes asiatiques qui vendent en Europe (Singapour par exemple) la confection des petites commandes ou celles de réassort en Tunisie. Mais également nécessité d’encourager les producteurs ou grossistes de textiles à avoir des stocks en Tunisie. Il est également recommandé de fournir un appui aux entreprises tunisiennes pour financer et assurer le contrôle qualité avant expédition des tissus sourcés dans des marchés non traditionnels.

M. Kacem propose quatre impératifs au développement du secteur au niveau microéconomique: l’amélioration des ratios de rentabilité dans l’entreprise, le renforcement de capacité en matière d’organisation industrielle (méthodes, stylisme, prototypage, etc.), l’organisation en consortiums d’achat pour profiter d’avantages au niveau des coûts d’achat, et se positionner dans le fast fashion et les produits haut de gamme.