Barrages filtrants et voitures incendiées : les taxis manifestent

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à un VTC le 25 juin 2015 Porte Maillot à Paris (Photo : THOMAS SAMSON)

[25/06/2015 10:42:55] Paris (AFP) Julien Cinquin regarde affligé son van aux quatre pneus crevés et à la vitre arrière éclatée: “C’est mon outil de travail, ça va me coûter une fortune”. Les mouvement de taxis contre des chauffeurs de VTC ont donné lieu jeudi à des confrontations tendues, parfois violentes.

“Pourquoi t’es venu travailler? Tu savais qu’il y avait grève aujourd’hui”, rétorque un taxi à ce chauffeur de “transport de personne” à son compte, qui assure ne travailler “ni pour Uber ni pour aucune application”.

Porte Maillot, dans l’ouest parisien, Julien Cinquin est tombé sur un barrage d’une dizaine de taxis. En quelques secondes, ils l’ont extirpé du van, ont cassé ses rétroviseurs et jeté un gros pétard sur la banquette arrière. Une charge de CRS les a empêchés in extremis de renverser le véhicule.

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à Paris (Photo : KENZO TRIBOUILLARD)

Mais sur la vaste place, les forces font usage à plusieurs de gaz lacrymogènes et les syndicats peinent à contrôler des groupes épars qui veulent “en découdre”. L’un d’eux finit par incendier le van de Julien Cinquin au cri d'”Uber enculés”. Un autre véhicule flambe un peu plus loin.

Malia, 50 ans dont trois comme taxi, contemple la scène: “Les taxis, ok, c’est des grandes gueules, mais habituellement c’est pas agressif. Jusqu’à il y a trois ans on manifestait jamais. Mais là vous avez des gens qui ont une famille à nourrir, un crédit… Ils sont acculés.”

Depuis l’aube, des centaines de taxis perturbent fortement la circulation dans l’agglomération parisienne pour dénoncer la “concurrence déloyale” d’UberPOP, qui met en relation des passagers et des conducteurs non professionnels au volant de leur propre véhicule.

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à Bordeaux (Photo : JEAN-PIERRE MULLER)

Avant 07H00, les manifestants ont brièvement occupé le périphérique vers la Porte Maillot, brûlant pneus et palettes avant d’être délogés par les policiers. Une nouvelle tentative a échoué un peu plus tard.

“UberPOP est illégal. C’est la loi et il faut la faire respecter. Nous n’avons pas l’impression que le gouvernement est volontaire en la matière”, déplore René Pierre-Jean, délégué CGT devant la gare du Nord, dont les accès sont bloqués. Là, comme à la gare de Lyon et place Denfert-Rochereau, des taxis sont rassemblés dans le calme.

– “On a envie de les buter” –

Sur les vitres, des tracts: “Ne nous laissons pas uberiser”, “Non à la précarisation des chauffeurs de taxi”.

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à Orly (Photo : THOMAS SAMSON)

“UberPOP c’est du dumping. Ils n’ont pas de contrainte, de charge, d’obligation légale”, plaide Thierry Boyadjan, taxi de 54 ans.

Des barrages filtrent l’accès à l’aéroport d’Orly. Même chose à Roissy, où une limousine noire conduite par un chauffeur UberPOP est repérée alors qu’il tente de débarquer une cliente devant le terminal 2E. Sous les cris d’une vingtaine de grévistes, il est escorté sur quelques mètres par la police. Sa plaque d’immatriculation est relevée.

“C’est un POP illégal, c’est un POP illégal”, lancent les taxis en encerclant une autre berline noire. “Verbalisez! verbalisez!”, intiment-ils aux policiers.

“A Roissy, les chauffeurs UberPOP, on les reconnaît vite”, explique Jose Diogues, taxi depuis 38 ans. “On a envie de les buter, c’est interdit et ils continuent de faire chier.”

Un chauffeur de VTC est interpellé après avoir foncé sur des grévistes avec son véhicule qui transportait des passagers, blessant légèrement un chauffeur de taxi, selon des sources policières.

Impossible d’arriver en voiture à l’aéroport, quelques passagers arpentent la chaussée asphaltée déserte, traînant leur valise à roulettes.

“Mon mari m’a laissée au niveau du barrage de taxis et j’ai marché plus d’un quart d’heure!”, dit Christine, femme d’affaires en partance pour Stockholm. “Ça me révolte, on empêche tout le monde de bosser.”