Migrants : l’exploitation criminelle des travailleurs “endémique” dans l’UE

[02/06/2015 12:25:26] Bruxelles (AFP)

Travail forcé dans les champs ou les arrière-salles de restaurants, esclavage à domicile: l’exploitation criminelle de main d’oeuvre étrangère, qu’elle soit ou non européenne, est “endémique” dans l’UE, a dénoncé mardi l?Agence des droits fondamentaux de l?UE.

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exploitation criminelle des travailleurs (Photo : Philippe Huguen)

L?agriculture, la construction, l?hôtellerie et la restauration, arrivent en tête des secteurs les plus touchés par ces pratiques criminelles, selon un rapport de l’agence (FRA). Il s’agit de la première étude extensive menée par l’Agence sur ce problème dans l’UE, avec notamment des recherches sur le terrain dans 21 des 28 Etats de l’UE.

En l’absence de cadre légal harmonisé, de contrôles efficaces et de mesures de protection des victimes, leurs auteurs courent peu de risques d?être poursuivis ou de devoir indemniser leurs victimes, déplore l’agence.

“Nous parlons d’un problème endémique auquel nous devons mettre un terme de toute urgence. Les États membres de l?UE doivent déployer plus d?efforts pour promouvoir un climat de tolérance zéro pour les formes criminelles d’exploitation du travail”, a commenté le directeur par intérim de la FRA, Constantinos Manolopoulos, cité dans un communiqué.

“Dans la plupart des cas, les consommateurs ne sont pas au courant que les oranges, vins, viandes (…) les T-shirts et chaussures qu’ils achètent” mais aussi “les services fournis à l’hôtel ou au restaurant peuvent avoir été produits par des travailleurs exploités”, relève le rapport.

La FRA décline les diverses formes que peuvent prendre ces pratiques à travers 127 études de cas. Les salaires très bas, parfois à moins d’un euro de l’heure, les journées de travail pouvant dépasser 12 heures, l’absence de congé hebdomadaire figurent parmi les constantes, souvent assorties de mauvais traitements, conditions d’hygiène déplorables et isolement forcé des victimes.

A côté d’immigrés africains ou asiatiques, les “nouveaux” citoyens de l’UE, Bulgares, Roumains ou Lituaniens, figurent parmi les principales victimes des affaires recensées par l’agence. Sans qu’aucun pays ne semble épargné, de la Finlande au Royaume-Uni en passant par la France, la Pologne ou la Grèce.

Pour garantir une “tolérance zéro”, la FRA prône notamment une meilleure sensibilisation du public, un renforcement des inspections du travail, l?implication des syndicats, et des mesures de protection des victimes. Elle juge également nécessaire une définition pénale harmonisée du phénomène, prévoyant des peines de prison supérieures à deux ans pour les auteurs.