Etats-Unis : six Chinois inculpés pour espionnage dans la téléphonie mobile

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était de voler les secrets commerciaux de deux entreprises américaines, en particulier leurs technologies dites FBAR utilisées dans les téléphones portables pour filtrer les signaux et accroître leur performance (Photo : Philippe Huguen)

[19/05/2015 20:38:26] Washington (AFP) Six Chinois, dont plusieurs professeurs d’université, ont été inculpés pour espionnage économique et vol de secrets commerciaux dans la téléphonie mobile aux Etats-Unis au bénéfice du régime de Pékin.

Les six hommes, dont trois universitaires en Chine, sont accusés d’avoir dérobé des technologies notables d’Avago Technologies et de Skyworks Solutions, deux entreprises américaines de semi-conducteurs, selon l’acte d’inculpation communiqué mardi par le ministère américain de la Justice.

L’un des professeurs, Hao Zhang, a été arrêté samedi à son arrivée aux Etats-Unis, à l’aéroport de Los Angeles, et a été écroué lundi après une première comparution devant une juge de Californie.

Les cinq autres, placés sous mandat d’arrêt international, se trouveraient toujours en Chine, selon un porte-parole du ministère de la Justice.

Il s’agit de la 11e affaire d’espionnage économique instruite par la justice américaine depuis l’adoption en 1996 d’une loi punissant cette infraction, a précisé ce responsable.

“Cette affaire démontre à quel point les Etats-Unis s’engagent à protéger du vol les secrets commerciaux des entreprises américaines et leurs informations brevetées”, a déclaré à la presse le porte-parole du département d’Etat Jeffrey Rathke. “L’espionnage économique est quelque chose que nous prenons très au sérieux”, a-t-il souligné.

L’objectif de ce complot, qui remonterait à 2006, était de voler les secrets commerciaux d’Avago, basée en Californie (ouest), et de Skyworks, basée dans le Massachusetts (nord-est), en particulier leurs technologies dites FBAR utilisées dans les téléphones portables pour filtrer les signaux et accroître leur performance.

Cette opération était organisée sous la supervision de responsables de la Tianjin University, une des universités clés du ministère chinois de l’Education, via une entreprise écran dans les Îles Caïmans, pour le compte d’une structure en Chine, ROFS Microsystems, qui devait fabriquer ces technologies.

Le but était de “déplacer Avago en Chine”, selon les mots de l’un des accusés reproduits dans l’acte d’inculpation.

– Des technologies “toujours vulnérables” –

Hao Zhang, 36 ans, est un ancien ingénieur de Skyworks et professeur à Tianjin University. Il avait rencontré l’un de ses complices présumés, Wei Pang, 35 ans, lorsqu’ils préparaient ensemble leur doctorat d’ingénieur électrique en 2006 à la Southern California University. Ils y ont notamment mené une recherche financée par la Darpa, l’agence de recherche du ministère américain de la Défense.

Wei Pang, également professeur à Tianjin University, a de son côté travaillé pour le compte d’Avago dans le Colorado (ouest).

Les deux hommes sont restés de 2006 à 2009 auprès de leur employeur respectif américain.

Parmi les quatre autres inculpés, figure un ancien étudiant de l’université de Southern California, qui avait rencontré les deux premiers sur les bancs de cet établissement et avait lui-même été employé par une autre entreprise californienne de semi-conducteurs.

Le directeur adjoint de la Tianjin University, un étudiant de la même université chinoise, au centre du complot, ainsi que le gérant de l’entreprise chinoise ROFS, créée en 2011, sont également accusés d’avoir été actifs dans toute l’opération.

Ils sont tous les six inculpés de 32 chefs d’accusation d’espionnage économique, vol de secrets commerciaux, et complot. Ils encourent un minimum de 15 ans de prison, assorti de lourdes amendes.

L’acte d’inculpation datant d’avril révèle “les efforts méthodiques et inébranlables d’intérêts étrangers à obtenir et exploiter, via des individus infiltrés aux Etats-Unis, des technologies américaines précieuses et sensibles”, selon l’agent du FBI en charge de l’enquête, David Johnson.

Comme le démontre cette affaire, “les technologies sensibles développées par les entreprises américaines de la Silicon Valley et en Californie sont toujours vulnérables”, a souligné de son côté la procureure fédérale Melinda Haag, dans un communiqué.

“L’espionnage économique coûte très cher aux entreprises américaines, affaiblit les échanges commerciaux mondiaux et finit par nuire aux intérêts américains dans le monde”, a ajouté le ministre adjoint de la Justice en charge de la sécurité nationale, John Carlin.

Les secrets industriels ainsi dérobés étaient marqués “confidentiels” et les deux principaux accusés avaient chacun signé, à leur embauche, un contrat de non divulgation des technologies ou inventions de Skyworks et Avago.

Zhang et Pang ont donc “conspiré” et “volé en connaissance de cause et sans autorisation”, “copié, dupliqué, téléchargé, transmis et communiqué” des “secrets commerciaux appartenant à Avago et Skyworks”, selon l’acte d’inculpation de 32 pages.

Ils avaient déposé des demandes de brevet aux Etats-Unis et en Chine, se présentant comme les inventeurs de la technologie, avec l’espoir de la produire en Chine et de la vendre aux géants de la téléphonie mobile Samsung, Nokia, Motorola et LG. Un marché qui était estimé à plus d’un milliard de dollars en 2006, selon des courriels des accusés copiés dans le document.