La Croatie efface les dettes de 60.000 personnes les plus démunies

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à Prague le 11 novembre 2014 (Photo : Michal Cizek)

[02/02/2015 17:05:33] Zagreb (AFP) La Croatie a commencé lundi à effacer les dettes de plusieurs dizaines de milliers d’habitants les plus démunis, une mesure aussitôt dénoncée comme “électoraliste” par l’opposition conservatrice de ce pays frappé depuis plus de six ans par une récession économique.

Certes, cette mesure équivaut à une bouée de sauvetage pour les plus pauvres, mais son étendue est bien limitée car elle porte sur un effort financier d’environ 46 millions qui ne représente que 0,1% du PIB de la Croatie, dernier pays membre de l’Union européenne.

Quelque 60.000 personnes pourront bénéficier de cette mesure adoptée à la mi-janvier par le gouvernement de centre-gauche à la popularité décroissante, alors que des élections législatives sont prévues à la fin de l’année.

Elle consiste à effacer les dettes des personnes en difficulté, endettées à hauteur de 4.500 euros, auprès d’entreprises publiques, d’opérateurs de téléphonie et de banques.

“C’est une mesure sociale dont nous sommes fiers”, a déclaré le Premier ministre Zoran Milanovic.

“C’est une mesure exceptionnelle. Le système ne pourra pas constamment reposer sur ce genre de solution. Mais nous faisons tout ce qui est possible pour faciliter la vie des gens dans cette crise longue et épuisante”, a-t-il ajouté.

Cette disposition concerne également les personnes ou les familles les plus démunies, qui touchent déjà des allocations sociales. Elle s’appliquera à ceux dont les revenus mensuels ne dépassent pas 325 euros, ainsi qu’aux familles dont les revenus cumulés ne dépassent pas 160 euros pour chacun de leurs membres.

Le salaire mensuel moyen en Croatie, pays de 4,2 millions d’habitants qui a adhéré en 2013 à l’UE, était en octobre de 737 euros, alors que le chômage touche 19,2% de la population active.

– L’opposition dénonce une mesure “électoraliste” –

Pour sa part, l’opposition conservatrice a dénoncé une mesure “électoraliste”.

“Après avoir négligé tout au long de son mandat la couche la plus vulnérable de la société, sans faire preuve de la moindre empathie, le gouvernement a soudainement découvert, en cette année électorale, sa nature sociale-démocrate”, a ironisé Zeljko Reiner, un responsable de la Communauté démocratique croate (HDZ, opposition).

Le gouvernement “s’efforce de convaincre l’opinion publique qu’il comprend les problèmes sociaux de la population, mais ces problèmes sont la conséquence de l’inertie du pouvoir”, a-t-il affirmé.

Le gouvernement de M. Milanovic a en effet adopté cette mesure, peu après avoir échoué à reconduire à la tête de l?État son candidat, le président sortant Ivo Josipovic, pourtant donné favori.

La conservatrice Kolinda Grabar Kitarovic, a remporté l’élection présidentielle dans un contexte de profond mécontentement face à l’incapacité de la gauche de sortir cette ex-république yougoslave du marasme économique.

Pour Antun Rupa, responsable d’une association qui regroupe 10.000 personnes dont les comptes en banques sont bloqués en raison de leur incapacité à resituer des crédits, la mesure du gouvernement est “insignifiante”.

Le gouvernement “jette de la poussière aux yeux de l’opinion et veut gagner du temps” à l’approche des prochaines élections, a-t-il estimé.

Danijela Simac, employée dans l’administration à Zagreb, estime que cette mesure “ne sauvera pas les pauvres”. “Créer des emplois pour que ces gens puissent vivre de leur travail”, sera la bonne solution, a-t-elle dit cette femme d’une quarantaine d’années.

Mais pour Lucija Tomljanovic de Zadar (sud) qui venait de déposer les documents requis pour espérer bénéficier de cette mesure, la décision du gouvernement est une lueur d’espoir.

“Pour moi c’est comme un rayon de soleil”, a affirmé cette femme qui élève seule ses quatre enfants.