Madagascar : les Chinois veulent une indemnisation après l’émeute de la sucrerie

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à sucre abîmé à Andiorano, à Madagascar (Photo : Bilal Tarabey)

[15/12/2014 13:06:13] Antananarivo (AFP) L’usine de sucre de Morondava dans l’ouest de Madagascar, théâtre d’une émeute contre ses gérants chinois, mettra jusqu’à trois ans avant de retrouver une production normale, a indiqué lundi la direction qui va réclamer une indemnisation du gouvernement.

“Pour redresser cette entreprise, ça va prendre peut-être trois ans”, a déclaré lors d’un point presse un porte-parole Zhou Jianping à Antananarivo. “Si le gouvernement peut nous fournir un environnement d’investissement durable et paisible, alors on va réfléchir pour la réhabilitation”, a-t-il dit, ajoutant: “On va réclamer une indemnisation.”

Même s’il reconnaît que “la situation donne un mauvais goût dans les relations diplomatiques” entre Madagascar et la Chine, Zhou Jianping a tempéré le caractère anti-chinois de l’émeute.

“On n’a pas une idée claire mais on sait très bien qu’il y a des forces qui poussent ces malfaiteurs”, a-t-il dit alors que le journal Midi Madagascar affirme en Une qu’un haut responsable proche de l’ancien homme fort du pays Andry Rajoelina aurait incité aux troubles.

Le calme semblait revenu lundi à Morondava où 2.000 employés (700 en basse saison) travaillaient à la Sucoma, dont une vingtaine de cadres chinois, dont les logements ont été saccagés et pillés, du mobilier jusqu’aux portes, a constaté l’AFP sur place.

Les forces de l’ordre montent la garde devant les hangars où il reste encore un peu de matériel, mais les dégâts sont impressionnants: des voitures 4×4 entièrement désossées, débris de verre et documents partout par terre autour et dans le bâtiment principal. Toutes les salles sont jonchées de papiers et le mobilier est par terre, renversé.

Dans l’un des hangars, les machines sont sens dessus-dessous, les vitres brisées, et dans un bureau, des papiers ont été réduits en cendres. ?Les camions qui transportent d’ordinaire les employés sont immobilisés devant la gendarmerie, les pneus crevés.

Mercredi, des affrontements entre gendarmes et membres du personnel de la Sucoma, qui avait marché sur la caserne de gendarmerie à la suite de l’arrestation de deux de leurs leaders, ont fait deux morts et neuf blessés.

Un gardien et un militaire ont ensuite été tués à l’arme blanche dans la sucrerie le jeudi soir et deux gendarmes en moto renversés par un camion pendant une intervention vendredi soir, portant le bilan à six morts, selon les autorités régionales.

La Sucoma, dont le stock de sucre a été pillé, était secouée depuis des mois par des revendications du personnel malgache, qui réclame des contrats de travail pour les saisonniers et des augmentations de salaire.

Selon l’ambassade de Chine, les revendications ont subitement pris un tour “irrationnel”.