Airbags : Takata confirme être visé par une enquête pénale aux Etats-Unis  

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à Tokyo, le 11 novembre 2014 (Photo : Kazuhiro Nogi)

[14/11/2014 06:22:14] Tokyo (AFP) Le groupe japonais Takata, dans la tourmente depuis plusieurs mois pour ses airbags défectueux responsables de plusieurs décès, a confirmé vendredi être visé par une enquête criminelle aux Etats-Unis.

Interrogé sur des informations de presse, un porte-parole a indiqué à l’AFP avoir reçu une assignation à comparaître du Grand Jury fédéral de New York, sans donner plus de détails.

Une sénatrice américaine avait auparavant salué l’ouverture de cette investigation. “Je me félicite que le bureau du procureur des Etats-Unis ait engagé une action rapide pour ouvrir une enquête criminelle”, a déclaré dans un communiqué Claire McCaskill, présidente de la sous-commission du Sénat pour la protection des consommateurs.

Le ministère de la Justice s’est pour sa part refusé à tout commentaire.

Le porte-parole de Takata USA, Ally Berman, a assuré sur CNN que le groupe “coopérait pleinement avec l’ensemble des enquêtes du gouvernement”.

La commission du Sénat sur les Transports et le Commerce a par ailleurs annoncé jeudi qu’elle tiendrait le 20 novembre une audience consacrée à cette affaire qui a conduit au rappel de plus de seize millions de véhicules à travers le monde, dont près de la moitié aux Etats-Unis.

“L’audience examinera comment des airbags Takata défectueux ont pu être installés dans un si grand nombre de véhicules et évaluera la réponse des constructeurs d’automobiles et de la NHTSA”, l’agence américaine de la sécurité routière, explique la commission.

L’identité des responsables qui seront entendus par la commission n’a pas été dévoilée.

La NHTSA a de son côté ouvert en juin une enquête sur cette affaire et tente d’établir la responsabilité de Takata et Honda, l’un des constructeurs les plus affectés.

Les deux firmes font également l’objet de plusieurs plaintes aux Etats-Unis, dont certaines en nom collectif.

La sénatrice McMcCaskill figure parmi les élus qui réclamaient l’ouverture d’une enquête criminelle par le département de la Justice contre Takata.

– Une femme enceinte tuée en Malaisie –

Cette élue démocrate avait été très en pointe dans les investigations du Congrès sur les rappels tardifs ordonnés par General Motors au début de l’année en raison de problèmes de commutateurs d’allumage liés à au moins 32 décès.

Jeudi, Takata a catégoriquement démenti avoir masqué ses défauts d’airbag depuis dix ans comme l’affirmait le New York Times.

Outre l’impact de cette affaire sur son image, l’équipementier a vu ses comptes tomber dans le rouge en raison du coût des réparations. Il s’attend à une perte nette de 25 milliards de yens (180 millions d’euros) lors de l’exercice clos fin mars 2015 et la facture pourrait s’alourdir, a-t-il prévenu. Il se dit à ce stade incapable de prévoir l’ensemble des charges financières à venir (éventuelles pénalités, frais judiciaires…).

Les coussins de sécurité mis en cause, produits dans les années 2000, peuvent exploser et projeter des fragments de métal et plastique sur les passagers. Ils sont à l’origine de nombreux incidents et plusieurs décès: cinq selon les médias, dont trois confirmés par Takata et Honda.

Dans le dernier cas signalé, une femme enceinte a été tuée par l'”explosion anormale” d’un airbag lors d’un accident survenu en juillet en Malaisie. Son bébé est mort des suites du drame, a précisé vendredi une porte-parole du constructeur nippon à Kuala Lumpur.

A la Bourse de Tokyo, les investisseurs ne réagissaient guère à ces nouvelles informations: l’action de Takata, qui a perdu 46% depuis l’aggravation de la crise en juin, cédait 0,56% à 1.224 yens à la pause, tandis que Honda gagnait 1,28% à 3.672,5 yens.