Satellites électriques : la contre-offensive des Européens prend forme

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érêt des groupes de télécommunications et de télévision pour cette technologie.

[11/09/2014 14:55:30] Paris (AFP) La contre-offensive des Européens dans le domaine des satellites à propulsion électrique prend forme avec l’annonce de deux lancements prochains, qui confirment l’intérêt des groupes de télécommunications et de télévision pour cette technologie.

Eutelsat, Airbus Defence and Space et Arianespace ont signé cette semaine à l’occasion de la World Satellite Business Week le contrat de lancement du “premier satellite européen à utiliser la propulsion électrique”, E172B, au premier semestre 2017.

L’enjeu touche tous les acteurs de la compétition spatiale, fabricants, opérateurs et lanceurs de satellites, puisque le principal avantage de la propulsion électrique est de réduire les coûts grâce à l’énorme gain de poids qu’elle engendre, par rapport aux systèmes classiques de propulsion chimique. E172B pèsera ainsi 3,5 tonnes, alors qu’il équivaut à un satellite classique de 5 à 6 tonnes.

Il s’agit du deuxième satellite tout électrique vendu par Airbus Defence and Space au cours des dernières semaines. En juillet dernier, l’opérateur luxembourgeois SES avait passé commande pour un “gros” satellite électrique, SES-12, dont le lancement est également prévu dans trois ans.

Annoncée de longue date, l’arrivée des satellites tout électriques tardait à se concrétiser jusqu’à ce que l’Américain Boeing annonce en 2012 avoir décroché ses quatre premières commandes pour son satellite tout électrique 702SP.

Leurs lancements doivent être opérés par SpaceX, la jeune société créée par le milliardaire Elon Musk et devenue en quelques années la concurrente directe la plus sérieuse d’Arianespace sur le segment des lanceurs.

“C’est un événement significatif à plus d’un titre”, explique Rachel Villain, conseiller espace au cabinet Euroconsult, spécialisé dans les secteurs de l’espace, des applications satellite et de la télévision numérique. “Cela change l’économie du secteur, même si on ne va pas passer de 0% à 100% de satellites tout électriques en deux ans”, ajoute-t-elle.

– Un quart des satellites en 2020 –

“Depuis la celle de Boeing en 2012, il n’y avait pas eu d’autre commande” de satellite électrique, poursuit-elle. “Donc là, il y en a deux, qui plus est les premières commandes européennes, pour un constructeur européen qui est Airbus”.

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érêt des groupes de télécommunications et de télévision pour cette technologie. (Photo : Jm Guillon)

A ce jour, seuls 7 satellites électriques ont été commandés, pour des lancements à partir de 2015, au profit de trois opérateurs, selon Euroconsult, organisateur de la World Satellite Business Week à Paris.

Mais la cadence devrait s’accélérer avec 25% des satellites tout électriques à l’horizon 2020, estime le cabinet.

“Le système de propulsion représente à peu près la moitié de la masse d’un satellite”, explique ainsi Éric Béranger, des programmes de systèmes spatiaux d’Airbus Defence and Space.

“Si on remplace ce système de propulsion chimique par un système électrique, on a de facto quelque chose de beaucoup plus léger. Les moteurs sont aussi beaucoup plus légers, avec comme résultat qu’à mission égale, vous vous retrouvez avec moins de masse à emporter”, précise-t-il.

– Des missions plus rapides –

D’autant que les satellites d’Airbus Defence & Space offrent un temps de latence réduit entre lancement et orbite finale, alors que cela représentait l’un des principaux inconvénients des satellites électriques par rapport à la propulsion chimique.

“En termes de durée de mise en orbite géostationnaire, nous sommes aux alentours de quatre mois, donc une durée réduite. Aujourd’hui, nous sommes les seuls à avoir fait cela”, souligne Éric Béranger.

Pour les opérateurs comme Eutelsat ou SES, pour qui la réduction des coûts de lancements est au c?ur des préoccupations pour les années à venir, les avantages sont significatifs.

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érêt des groupes de télécommunications et de télévision pour cette technologie.

“Vous avez le choix entre deux solutions pour profiter de cet avantage, poursuit ainsi Éric Béranger. Soit vous gardez la même mission et vous en profitez pour prendre une position basse sur Ariane 5 et donc un lancement beaucoup moins cher – c’est la solution que choisit Eutelsat -, soit vous vous dites +j’ai de la place en plus, j’ai de la masse en plus, je vais donc faire grossir ma mission pour avoir quelque chose de beaucoup plus gros+”.

Pour Arianespace, l’enjeu est de taille. Le contrat de lancement avec Eutelsat, ainsi que ceux d’autres satellites classiques de taille intermédiaire annoncés cette semaine, lui permettent, sans attendre l’arrivée de son futur lanceur Ariane 6, de préserver ses positions sur le segment des satellites de taille intermédiaire.

Avec ce contrat, Arianespace démontre que “son (actuel) lanceur Ariane 5ECA est adapté à ce nouveau type de propulsion”, s’est ainsi félicité son PDG Stéphane Israël lors de la signature du contrat.