Les voyagistes français font remonter les prix et les marges

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Des vacanciers sur une plage de Biarritz, le 31 juillet 2013 (Photo : Gaizka Iroz)

[20/03/2014 18:26:06] Paris (AFP) Après plusieurs années d’activité difficile pour cause de printemps arabe et de crise, les voyagistes français ont réduit leurs capacités pour faire remonter les prix et les marges, une stratégie qu’ils estiment payante, selon un bilan présenté jeudi par le syndicat Seto.

“La grande braderie vers la République dominicaine ou les ventes à perte vers l’Ile Maurice, c’est fini !”, a lancé le président du Syndicat des entreprises de Tour Operating (Seto), devant la presse au Salon mondial du Tourisme qui s’est ouvert jeudi à Paris.

Les tour-opérateurs français ont encore perdu des clients depuis le début de la saison d’hiver et leur chiffre d’affaires a reculé. Mais c’est “en partie voulu”, a expliqué M. Chikli, puisque “c’est lié à la baisse des capacités” aériennes et d’hébergement.

Après avoir dû renoncer en 2013 à près de 10% de leur clientèle et plus de 5% de leur chiffre d’affaires, les 70 voyagistes du Seto, dont TUI France, Fram, Transat France, Club Méditerranée, Voyageurs du Monde, Kuoni France… sont en passe de clore l’hiver sur une activité à peine meilleure.

Ils ont réalisé avec les voyages à forfait (vol + séjour) un volume d’affaires en recul de 4,5% sur novembre-février à 923 millions d’euros, et le nombre de clients a fondu de près de 8%, à 707.845 voyageurs.

La destination Egypte est restée résolument en berne, la Tunisie n’a pas été au rendez-vous non plus. Pour Pâques, les réservations manquent. Mais la tendance s’annonce plus positive cet été vers la Tunisie, estime le Seto.

Plus largement, les destinations d’Afrique du Nord ont perdu cet hiver 17% de clients et celles du Moyen-Orient 54,6%. Dans ces régions, le volume d’affaires des voyagistes du Seto a reculé respectivement de 12,4% et 38,8%.

Mais globalement, et “c’est très important”, a insisté M. Chikli, les séjours ont pu être vendus cet hiver à un prix plus élevé qu’un an plus tôt, sur toutes les destinations, en France comme à l’étranger. Au total, la recette unitaire a progressé de 3,7%, pour s’établir à 1.303 euros.

“Il est déjà clair que la saison d’hiver 2013-2014 se terminera fin avril sur un trafic négatif”, a estimé le patron du Seto. “On a fait voyager moins de gens, mais avec un prix plus élevé qui nous permet de préserver nos marges”, a-t-il martelé.

Une étude de KPMG présentée jeudi confirme que la marge brute des voyagistes français a “fortement progressé” l’an dernier et atteint 18,9%, soit une hausse de 1,7 point par rapport à 2012, “marquant ainsi un retournement de tendance par rapport aux années antérieures et traduisant l’effet du repositionnement de l’offre des tour-opérateurs”.

“En 2013, nous avons révisé notre modèle économique et réadapté l’offre par rapport à la demande sur certaines destinations, comme la République dominicaine. Nous avons reconstitué les marges. C’est beaucoup plus rassurant qu’il y a quelques années”, a dit M. Chikli.

Reste à savoir dans quelle proportion la baisse du nombre de clients et du chiffre d’affaires est liée à la réduction des capacités aériennes et d’hébergement, et quelle part est imputable à un autre phénomène inquiétant pour les voyagistes: la désaffection de clients qui organisent désormais leurs voyages de plus en plus seuls grâce à internet.

Le Seto se félicite en tout cas que la recette unitaire pour les réservations d’été s’affiche pour l’instant en hausse de 8%, grâce aux baisses de capacités mais aussi à des offres de séjours “à valeur ajoutée” qui séduisent. Le carnet de commande progresse de 7% en termes de chiffre d’affaires et la clientèle semble se maintenir.