La troïka des créanciers du Portugal face à la grogne anti-austérité

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ïka (les experts représentant la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI), le 1er juin 2013 à Lisbonne (Photo : Francisco Leong)

[16/09/2013 12:41:59] Lisbonne (AFP) La troïka des créanciers du Portugal (UE, FMI, BCE) a commencé lundi à étudier à la loupe le programme de rigueur du pays sous perfusion financière, au moment où se multiplient les appels en faveur d’un assouplissement de la cure d’austérité.

Le vice-premier ministre Paulo Portas compte demander à la troïka de revoir sa copie et de porter l’objectif de déficit de 4% à 4,5% du PIB en 2014. Mais les créanciers, qui doivent se prononcer sur le déblocage d’une nouvelle tranche de crédit de 5,5 milliards d’euros, semblent peu enclins à faire un geste.

Le débat sur l’excès d’austérité et la mise sous tutelle financière, en vigueur depuis l’octroi d’un plan de sauvetage de 78 milliards d’euros en mai 2011, domine la campagne pour les élections municipales qui auront lieu le 29 septembre.

“C’est vexant et humiliant pour une nation vieille de neuf siècles de devoir dépendre de ceux qui lui prêtent de l’argent quand elle est au bord du précipice”, a lancé dimanche lors d’une réunion électorale M. Portas.

“Dans ma vie, j’ai déjà vu trois fois le FMI au Portugal. J’espère que cette fois-ci aura été la dernière fois que le Portugal a dû céder une partie de sa souveraineté à des tiers”, a-t-il déclaré.

Syndicats, patronat et opposition sont unanimes à réclamer davantage de souplesse pour les comptes.

“Le Portugal s’en sortira seulement s’il obtient plus de temps pour équilibrer ses comptes publics. Il faut dire cela à la troïka”, a insisté Antonio José Seguro, secrétaire général du Parti socialiste, principale formation de l’opposition.

Plus de dette, plus de pauvreté

“Les politiques d’austérité ont creusé le déficit et généré plus de dette, plus d’inégalités, plus de pauvreté. Il y a des gens qui ont faim. Il faut revoir le mémorandum”, a réclamé Arménio Carlos, secrétaire général de la CTPP, principale confédération syndicale du pays, proche du Parti communiste.

“Il faudra qu’on nous explique comment on va pouvoir passer d’un déficit de 5,5% en 2013 à un déficit de 4% en 2014. Jamais on n’a assisté à une aussi forte réduction du déficit”, a renchéri le chef du patronat portugais Antonio Saraiva.

Syndicats et patronat s’exprimaient lundi à l’occasion d’une réunion avec M. Portas consacrée aux négociations avec les créanciers. Mardi, ce sera au tour de la troïka de prendre le pouls des partenaires sociaux lors d’une réunion prévue au Conseil économique et social de Lisbonne.

L’arrivée lundi, dans la plus grande discrétion, des experts de la troïka coïncide avec des taux d’emprunt portugais très élevés sur le marché de la dette qui frôlent les 7,4% pour l’échéance à dix ans, s’approchant du niveau atteint lors de la crise politique en juillet.

Récemment promu au poste de numéro 2 du gouvernement, M. Portas avait contribué à provoquer la crise en juillet en démissionnant de son poste de ministre des Affaires étrangères pour marquer son désaccord avec l’excès d’austérité défendu selon lui par le gouvernement.

Aux côtés de la nouvelle ministre des Finances Maria Luis Albuquerque, M. Portas, chef du petit parti populiste CDS-PP, membre de la coalition gouvernementale de centre droit dirigée par le Premier ministre Pedro Passos Coelho, sera désormais le principal interlocuteur de la troïka.

L’ancien ministre des Finances Vitor Gaspar, principal garant d’une application stricte de la politique de rigueur réclamée par Bruxelles, avait jeté l’éponge en juillet, estimant qu’il ne bénéficiait plus d’assez de soutien politique pour mettre en oeuvre les mesures d’austérité.