éenne à Bruxelles (Photo : Dominique Faget) |
[13/09/2013 14:34:06] Vilnius (AFP) Les réformes entreprises par la France sont insuffisantes pour relancer durablement la croissance et l’emploi, a estimé vendredi la Commission européenne malgré les efforts du ministre des Finances Pierre Moscovici pour la convaincre du contraire.
“La France va dans la bonne direction en matière de réformes, mais il y a encore beaucoup à faire”, a lancé le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn, donnant le ton dès son arrivée à une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Vilnius.
“Il reste beaucoup à faire pour rétablir la compétitivité, créer des fondations solides pour la croissance économique et la création d’emplois”, a-t-il énuméré.
Ces commentaires ont amené le ministre français des Finances, Pierre Moscovici, à faire une longue mise au point devant la presse. La France, a-t-il dit, “mène depuis 16 mois une politique de réformes extrêmement ambitieuse”.
Il a cité celle du marché du travail, “de très grande ampleur, la plus importante que la France ait faite depuis 40 ans” dans ce domaine.
Quant à la réforme des retraites, “c’est une réforme structurelle ambitieuse que nous n’étions pas contraints de faire cette année”, a-t-il insisté.
Pour financer les retraites, outre un allongement de la durée de cotisation, le gouvernement Ayrault a décidé d’augmenter les cotisations sociales payées par les employeurs et les salariés.
Or, dans ses recommandations à la France émises au printemps, la Commission européenne avait insisté sur la nécessité d’éviter de recourir à de telles mesures, estimant qu’il fallait au contraire réduire le coût du travail.
M. Rehn a dit vendredi attendre des explications sur la manière dont Paris comptait compenser cette hausse de cotisations. “Le financement de la réforme des retraites ne pèsera pas sur le coût du travail”, a répondu M. Moscovici, sans entrer dans les détails.
Cet échange intervient deux jours après que la France a dévoilé son budget prévisionnel pour 2014, qui prévoit 15 milliards d’euros d’économies dans les dépenses.
Un aspect sur lequel M. Moscovici a insisté vendredi, expliquant que ces économies représentaient un effort structurel “dans la ligne des recommandations de la Commission”.
Il a regretté qu’il y ait “des idées reçues sur la France” et sur sa prétendue incapacité à se réformer. “Une réforme à la française, ce n’est pas l’absence de réforme”, a-t-il dit.
Mais en annonçant les grandes lignes de son projet de budget mercredi, le gouvernement français a aussi évalué à 4,1% du PIB le déficit public pour 2013, alors que la Commission européenne lui avait fixé un plafond de 3,9%.
épond aux médias lors de la réunion de la zone euro à Vilnius, le 13 septembre 2013 (Photo : Petras Malukas) |
Un dérapage que M. Moscovici a expliqué par la faiblesse de la croissance, qui pèsera sur les recettes de l’Etat. Cela ne remet pas en cause les promesses de réduction du déficit, a-t-il promis.
“Je me suis engagé à ce que nous tenions les objectifs pour 2014”, soit un déficit à 3,6% du PIB, “et pour 2015 où nous passerons en-deçà de 3% du PIB”, a-t-il rappelé.
La meilleure preuve que la France est crédible, a relevé le ministre, c’est que “les taux d’intérêts sont bas”, signe de la confiance que lui accordent les marchés.
“Nous allons continuer à travailler avec la Commission”, a-t-il dit, qualifiant ses échanges avec M. Rehn de “toujours constructifs” et assurant qu’il n’y avait “aucune mésentente, aucune suspicion” entre Paris et Bruxelles.
Reste à savoir si la France saura se montrer suffisamment persuasive pour que la Commission accorde en novembre un blanc-seing au projet de budget français, comme elle est appelée à le faire cette année pour la première fois au terme d’une nouvelle législation européenne, le “two-pack”.
La Commission a désormais le pouvoir d’exiger des changements dans les budgets présentés par les pays de la zone euro s’ils ne respectent pas les objectifs de déficits fixés. Elle vérifiera aussi en novembre si le projet de budget va dans le sens des recommandations qu’elle a rendues en mai.
Après ses échanges avec M. Moscovici vendredi, M. Rehn n’a pas varié dans son analyse. “Je m’en tiens à ce que j’ai déjà dit”, a-t-il insisté au cours de la conférence de presse de clôture de l’Eurogroupe: “il est important que la France ait entamé des réformes substantielles, mais elle doit faire beaucoup plus”.