La succession de Pierre Fabre s’annonce difficile

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usine de Gien (Loiret) du groupe pharmaceutique Pierre Fabre (Photo : Alain Jocard)

[20/07/2013 16:03:38] Paris (AFP) Le décès de Pierre Fabre ouvre une période d’incertitude à la tête des laboratoires du même nom, dont le patron emblématique a pérennisé l’indépendance mais n’a pas désigné de dauphin clairement établi.

Numéro 2 européen des cosmétiques d?officine (marques Avène, Ducray, Klorane) derrière L?Oréal, les laboratoires Pierre Fabre n’ont plus à craindre les appétits de prédateurs extérieurs. Bien avant sa mort, leur fondateur en a verrouillé le capital.

Entre 2006 et 2009, il a fait don de 65% de son groupe à la fondation d’utilité publique qui porte son nom, grâce à un amendement voté en août 2005 dans le cadre de la loi sur les petites et moyennes entreprises, déposé par Bernard Carayon, député UMP du Tarn et maire de Lavaur.

Ce dispositif garantit la continuité des principes érigés par Pierre Fabre: l’ancrage de l’entreprise dans sa région d’origine, l’investissement de “montants significatifs” dans la recherche et le développement, le maintien de la pluriactivité (médicament, dermo-cosmétique, santé familiale). Les 65% sont logés dans Pierre Fabre Participations.

Pour autant, la question de la conduite du groupe reste ouverte, la Fondation ne pouvant assurer la gestion opérationnelle comme le lui interdit son statut.

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à Castres le 27 mars 2010

Le groupe Fabre a laconiquement indiqué samedi qu’il “poursuivra l’aventure, initiée par M. Pierre Fabre en 1961” et “communiquera prochainement les dispositions prises pour le faire dans les meilleures conditions possibles et dans le respect des valeurs et des volontés de son président et fondateur”.

Valse des directeurs généraux

Pierre Fabre avait cédé officiellement la direction opérationnelle pour ne conserver que la présidence de l’entreprise qu’il avait hissée au troisième rang des laboratoires français derrière Sanofi et Servier. Mais il restait seul maître à bord, comme en témoigne la valse des directeurs généraux depuis une quinzaine d’années.

Il y a eu Jean-Luc Bélingard, débauché du laboratoire suisse Roche fin 1999, au moment de la fusion avortée avec le groupe lyonnais BioMérieux. Pierre Fabre refuse l’idée d’une introduction en Bourse, ce qui va provoquer la démission de M. Bélingard fin 2001.

Roch Doliveux le remplace en 2003 mais plie bagages au bout de sept mois, faute d’avoir les mains libres.

Le suivant, Jean-Pierre Granier (2008-2010), avait plus d’atouts. Fin connaisseur du secteur, puisque ancien patron du laboratoire britannique GlaxoSmithKline et ami de trente ans de Pierre Fabre, sa venue laisse augurer le début d’un passage de témoin. D’autant plus qu’il avait le soutien des banques créancières, BNP Paribas et Société Générale notamment, qui s’inquiétaient à l’époque de la faible rentabilité et de l’explosion de la dette qui dépassait les 400 millions d’euros. C’est lui qui va redresser le groupe.

Mais en septembre 2010, il est débarqué et remplacé par Olivier Bohuon, docteur en pharmacie, ex-numéro 2 du laboratoire américain Abbott. Ce dernier est remercié au bout de cinq mois.

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ève le bouclier de Brennus, le 2 juin 2013 à Castres (Photo : Remy Gabalda)

En place depuis octobre 2012, Didier Miraton a fait toute sa carrière chez Michelin jusqu’à en devenir le numéro 3. S’il découvre la pharmacie, il connaît en revanche les subtilités d’une entreprise familiale.

Mais d’autres peuvent faire figure de prétendants à la succession du disparu. Au premier rang d’entre eux, Pierre-Yves Revol. Homme de confiance de Pierre Fabre, ce quinquagénaire, ancien directeur du Castres Olympique, le club de rugby propriété du groupe, a toujours assuré l’intérim entre deux directeurs généraux.

Dans l’entreprise depuis 1986, il en est le vice-président des laboratoires et dirige Sud Communication, la holding de Pierre Fabre qui regroupe ses activités médias. Il est aussi le trésorier de la Fondation.

D’autres auront leur mot à dire, comme Manuel Serdan, retraité toujours actif et proche de Pierre Fabre. Il est en charge du patrimoine. C’est le cas aussi d’Eric Ducournau, quadragénaire à la tête du pôle dermo-cosmétique, qui réalise 53% du chiffre d’affaires, soit 1,045 milliard d’euros.

Enfin, Jacques Fabre, 61 ans, le neveu pharmacien, éphémère directeur général entre février 2011 et octobre 2012. Il entretenait des relations en dents de scie avec son oncle mais a gardé des fonctions au sein de la Fondation et est membre du conseil d’administration. Lui aussi a dirigé la fameuse branche dermo-cosmétique.