Le G20 confronté aux craintes d’une “guerre des monnaies”

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énérale du FMI Christine Lagarde au G20 de Mexico le 5 novembre 2012 (Photo : Yuri Cortez)

[15/02/2013 06:19:11] MOSCOU (AFP) Les grandes puissances du G20 se retrouvent à Moscou pour tenter d’identifier de nouvelles “sources de croissance” face à une reprise économique balbutiante, qui risque de pousser les pays sur la voie d’une “guerre des monnaies” destinée à soutenir leur propre activité.

Les ministres des Finances et banquiers centraux des vingt principaux pays riches et émergents se réunissent pour deux jours, pour la première fois sous présidence russe. Ils seront reçus vendredi après-midi par le chef de l’Etat russe Vladimir Poutine et publieront samedi un communiqué commun.

La Russie s’est assignée comme principale tâche de lancer, d’ici le sommet du G20 des 5 et 6 septembre à Saint-Pétersbourg, un “nouveau cycle de croissance”, à travers des leviers comme l’investissement, la transparence ou une “véritable régulation”.

Le défi est de taille. En effet, l’économie peine toujours à se remettre de la tempête financière de 2008 et de la crise de la dette européenne, et le Fonds monétaire international (FMI) a dû revoir à la baisse sa prévision de croissance mondiale pour cette année, à 3,5%.

Or, les marges de manoeuvre pour relancer la machine sont très étroites dans les pays riches: les taux d’intérêt sont déjà au plus bas, et l’heure est à la rigueur budgétaire.

Dès lors, “la tentation augmente d’avoir recours à l’outil” des taux de change, au risque de déclencher une “guerre des monnaies”, constate dans une note Marco Valli, économiste de la banque Unicredit. “Une hausse des exportations à la suite de la dépréciation de la devise est considérée comme la voie la plus directe vers cette croissance”, renchérit Ad van Tiggelen, d’ING IM.

Ces craintes ont été ravivées par le Japon, qui vient de convaincre sa banque centrale de faire tourner la planche à billets pour soutenir l’économie nippone, un peu à la manière des Etats-Unis, coutumiers de cette politique.

Le virage nippon a pour conséquence de faire baisser rapidement le yen.

Le problème, c’est qu’il s’agit-là de décisions peu coopératives, à l’inverse même de l’esprit du G20 censé coordonner les politiques économiques mondiales.

Les appels se sont donc multipliés pour désamorcer les risques. Les Etats-Unis ont appelé lundi le G20 à “éviter les dévaluations compétitives” qui sont une “source de conflit”, un message relayé le lendemain par la Commission européenne.

“Les taux de change ne doivent pas être manipulés”, a prévenu pour sa part le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. Quant à la France, elle redoute que la zone euro, dont la banque centrale rechigne à créer de la monnaie pour soutenir l’économie, se retrouve isolée et en paye le prix en termes de croissance en raison d’un euro trop fort.

Face à une telle agitation, le G7 des principaux pays riches (Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Royaume-Uni et Italie) a publié mardi un communiqué censé déminer le terrain avant la réunion de Moscou.

Avec deux messages: les taux de change doivent être “déterminés par le marché” et “une volatilité excessive” nuit à l’économie. Mais ces déclarations ont fait l’objet d’interprétations diverses, sans réellement stabiliser le marché des changes.

Tokyo a laissé entendre que ses partenaires du G7 avaient dédouané sa politique, tandis qu’en Europe on assurait au contraire qu’il s’agissait d’un rappel à l’ordre adressé au Japon.

Le débat risque quoi qu’il en soit d’être relancé au sein du G20, où les pays émergents s’alarment depuis longtemps des conséquences des politiques monétaires des Etats les plus riches. La réunion de vendredi et samedi risque même d’être dominée par ce sujet.

Pour la première fois depuis longtemps, en effet, la zone euro et ses déboires “ne sont plus dans l’oeil du cyclone”, selon l’expression d’un responsable européen.