11 Septembre… La date détonateur du «choc des civilisations»?

11_septembre-150912.jpgLa «thèse» -manipulée, malveillante?- du «choc des civilisations» projetait une guerre sainte avec comme principale protagoniste la «Oumma» voulant détruire le monde occidental, par refus de ses valeurs démocratiques. Le 11 Septembre est venu constituer l’événement fondateur pour ce projet hostile. Il ne faut pas que le «Printempas arabe» soit souillé par cette thèse et détourné de son parcours démocratique. Gare au piège!

On ne sait pas –vraiment- qui est derrière les attentats du 11 Septembre. On sait toutefois que ces attentats sont venus confirmer une thèse. Celle-ci vient valider l’existence d’une nébuleuse terroriste islamique capable de frapper y compris dans les espaces qu’on croyait jusque-là inviolables, tel le territoire américain. Le «printemps arabe» est exposé à une tentative de servir de véhicule porteur d’un terrorisme «vengeur». Quelle finalité?

Une victoire artificielle et de faux héros

Les attentats du 11 Septembre donnent à leurs initiateurs une victoire «artificielle». Ces chevaliers de l’apocalypse apparaissent comme des justiciers. Dont il faut poursuivre le travail. Ces faux héros ayant tous disparu, l’appel du sang -la Hamyia- exige de les relayer et de poursuivre la «guerre sainte». Voilà en peu de mots ce que semble être le message de cette «pseudo victoire». Ce message frappe, hélas!, les plus vulnérables, c’est-à-dire les jeunes illuminés qui constituent la «rue arabe». Nous en avons essuyé les amers dividendes dont l’émergence des néoconservateurs et leur concept de guerre préventive. Nous en avons payé un début de prix avec l’invasion de l’Irak. Et, la suite?

Après les caricatures danoises, voici le 7ème art qui entre dans la danse

Le 11 Septembre a servi de point de levier pour mettre en situation une thèse surfaite. C’est celle de Samuel Huttington, dénommée le «choc des civilisations». Elle présente la «Oumma» comme une entité destinée à propager un ordre basé sur le chaos et la violence à cause de son incompatibilité avec les canons de la démocratie. L’islam, implicitement, est privé de son crédit de message de paix, de cohabitation avec les autres religions. D’où cette obsession à «neutraliser» la civilisation occidentale. Dont acte, avec le 11 Septembre.

On voit que cette mèche est régulièrement revivifiée pour rallumer chez la «rue arabe» cette composante enflammée et subversive des peuples arabes, cette pulsion «d’en découdre» et de rééditer l’exploit du 11 Septembre.

Il y a d’abord eu les caricatures danoises. Quand leur impact a été très réduit, on les a rééditées. Et comme leur effet s’est éteint de lui-même, on a eu recours au 7ème art. Le navet en question, intitulé «l’innocence des musulmans» est un navet avéré. Sa première projection en janvier 2012 n’a attiré qu’une poignée de spectateurs. Sa re-projection, après une traduction en arabe à l’occasion du 11 septembre est parvenue, Internet aidant, à servir d’étincelle à la rue arabe et toujours à des ripostes aveugles. L’assassinat d’un diplomate américain est-elle une riposte dédiée?

La délégitimation pas la vengeance: «9-11» ne doit pas tourner à la malédiction pour l’Islam

La «rue» frappe de manière inconsciente et déraisonnée. A l’honneur des musulmans pondérés d’avoir été à l’origine de l’amendement de la jurisprudence en matière des Droits de l’Homme, apportant une protection à toutes les causes justes. En 2005, l’ONU, suite à leur action, a interdit, suite à la diffusion des caricatures danoises, de pénaliser la diffamation des religions. Considérant que cette décision est limitative des libertés, l’ONU lui a préféré le motif d’utilisation des clichés négatifs qui peuvent toucher les religions. Notre honneur, cette fois que le Prophète a été la cible d’une calomnie honteuse, aurait été de délégitimer, en obtenant une condamnation par le droit, des auteurs du «navet».

Aux yeux de l’opinion internationale, notre principale alliée aurait été plus défendable que les actes de vengeance aveugle. Cette dernière nous met dans une posture défavorable de gens écervelés, incapables d’ester de manière civilisée. L’ennui est que la réactivation du souvenir du 11 Septembre est profilée comme l’occasion à ne pas rater, pour le printemps arabe, de défendre la cause de l’Islam.

Il ne faut pas que ce printemps puisse apparaître à l’opinion internationale comme l’enfermement identitaire des musulmans et leur incompatibilité définitive avec les valeurs universelles de la démocratie. Il ne faut pas que «nine eleven»* tourne à la malédiction pour les musulmans, et serve de détonateur à une guerre sainte. Ce scénario déniera la cause de l’Islam et des musulmans. Saurons-nous raison garder?

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