L’Iran va réduire ses dépenses face à une économie touchée par les sanctions

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étal de poulets, le 24 juillet 2012 à Téhéran (Photo : Atta Kenare)

[25/07/2012 12:58:45] TEHERAN (AFP) De hauts responsables gouvernementaux iraniens et des députés ont décidé mercredi de procéder à des coupes dans les dépenses budgétaires au cours d’une réunion à huis clos au Parlement consacrée à l’impact des sanctions occidentales sur l’économie du pays.

“La conclusion de la réunion d’aujourd’hui entre des responsables économiques du gouvernement et des députés est de réduire l’impact des sanctions”, a indiqué le ministre de l’Economie Shamseddine Hosseini, a indiqué l’agence officielle Irna.

“Nous sommes convenus de procéder à des coupes dans les dépenses et à nous concentrer sur la production intérieure”, a-t-il ajouté à l’issue de la réunion à laquelle ont pris part les ministres du Pétrole, du Commerce et de l’Agriculture ainsi que le président de la Banque centrale.

Les problèmes économiques, notamment une très forte inflation, officiellement à 21% mais bien supérieure selon les experts, dominent les débats politiques et les informations dans les médias.

Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, ainsi que d’autres responsables ont minimisé l’effet des sanctions occidentales visant à obliger l’Iran à renoncer à son programme nucléaire controversé.

“La réalité est que les problèmes existent mais (…) il faut les résoudre dans l’unité (et les responsables) doivent éviter les divisions inutiles”, a déclaré le numéro un iranien lors d’une réunion mardi soir avec les hauts responsables du pays.

Les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne ont durci leurs mesures contre l’Iran depuis début juillet avec l’entrée en vigueur de nouvelles sanctions pétrolières et financières.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, ces sanctions devraient faire baisser de 40% les exportations pétrolières iraniennes. Elles ont également fait monter l’inflation avec la perte de la moitié de la valeur de la monnaie nationale face aux devises étrangères.

Les responsables des pays occidentaux “disent ouvertement qu’en accentuant les pressions et les sanctions, les dirigeants iraniens devront réviser leurs calculs”, a indiqué le guide suprême.

“Mais en réalité nous arrivons à la conclusion que non seulement il ne faut pas revoir nos calculs mais il faut poursuivre notre chemin avec encore plus de confiance”, a-t-il ajouté.

“Les problèmes économiques de l’Iran sont très différents de ceux des pays occidentaux: Les nôtres ressemblent aux difficultés qu’aurait un groupe de montagnards pour atteindre un sommet alors que ceux des pays occidentaux s’apparentent à un autobus pris sous une avalanche”.

Difficultés économiques et inflation galopante

Ces derniers jours, les médias ont publié les photos de files d’attentes devant les centres gouvernementaux de distribution de poulets, dont le prix a plus que doublé depuis un an. Le gouvernement a promis de le faire baisser en distribuant massivement à un prix subventionné.

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à Téhéran (Photo : Atta Kenare)

Le président du Parlement, Ali Larijani, avait affirmé il y a quelques jours que “les problèmes économiques du pays sont dus seulement à 20% aux sanctions internationales” ajoutant que “la principale source de l’inflation est une mauvaise application du plan de suppression des subventions” lancé par le gouvernement en 2010.

Mais avec les difficultés économiques survenues, le pouvoir a décidé de ne pas appliquer la seconde phase du plan.

Plusieurs responsables ont affirmé que désormais le pays faisait face “à une guerre totale” à cause des sanctions occidentales.

Face à cette situation, le gouvernement a décidé d’attribuer 30 milliards de dollars au taux officiel de 12,260 rials (contre 19,200 sur le marché parallèle) pour l’importation de produits prioritaires, notamment la viande, les aliments pour animaux, les médicaments, etc.

L’Iran avait importé pour 65 milliards de dollars de produits étrangers l’année dernière et avec cette mesure, pour les autres produits il faudra utiliser des devises au taux du marché parallèle.