à Tokyo, le 21 juin 2011 (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[08/06/2012 06:07:37] TOKYO (AFP) La croissance du Japon au premier trimestre a été encore plus vigoureuse qu’estimé au départ et a atteint 1,2% en rythme trimestriel, mais la crise européenne et les incertitudes pesant sur la consommation font craindre un net ralentissement par la suite.
Des données préliminaires publiées mi-mai avaient évalué à 1,0% la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la troisième puissance économique mondiale pour la période du 1er janvier et le 31 mars par rapport au trimestre précédent.
Mais le gouvernement a publié vendredi de nouvelles estimations encore meilleures. En rythme annualisé, la croissance a atteint 4,7% en ce début d’année, contre 4,1% évalué le mois dernier.
Les autorités ont notamment élevé la hausse estimée de la consommation des ménages, finalement fixée à 1,2% d’un trimestre sur l’autre. Ce premier contributeur de l’activité a été notamment tiré par des subventions publiques à l’achat de voitures “écologiques” qui ont dopé les ventes d’automobiles.
Les investissements des entreprises, hors immobilier, ont en outre beaucoup moins baissé qu’annoncé dans un premier temps, dans un contexte de relative prudence face aux hésitations de la conjoncture mondiale.
La progression des investissements publics a de son côté été moins vigoureuse qu’affiché au départ (+3,8% contre 5,4%), mais a quand même clairement contribué à la croissance de l’archipel.
évastée de Minamisanriku, dans la préfecture de Miyagi (Photo : Toshifumi Kitamura) |
Importants soutiens à l’activité, des budgets massifs ont été débloqués pour rebâtir la région du Tohoku (nord-est) dévastée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 et victime de l’accident nucléaire consécutif de Fukushima.
Le Parlement nippon a adopté quatre rallonges financières totalisant 20.500 milliards de yens (205 milliards d’euros) à ce sujet au cours de l’année budgétaire d’avril 2011 à mars 2012.
Le Japon a aussi profité d’une légère augmentation de ses exportations, permise par la courte éclaircie du début d’année sur l’économie mondiale, qui a élevé la demande pour les voitures Made in Japan.
Les importations ont toutefois augmenté aussi, à cause des besoins croissants de l’archipel en gaz et en pétrole. Les compagnies d’électricité doivent faire tourner à plein leurs centrales thermiques pour compenser l’arrêt total du parc nucléaire, plus d’un an après Fukushima, en raison de séismes et de nouvelles exigences de sécurité demandées par les autorités.
Au final, la contribution du commerce international au PIB nippon a été assez faible, sans perspective de franche amélioration.
“Les économies étrangères montrent des signes d’affaiblissement marqué et la production du Japon semble commencer à en subir les conséquences”, a souligné Takahide Kiuchi, économiste du groupe de services financiers Nomura.
La production industrielle dans l’archipel a vu sa croissance quasi stoppée en avril et pourrait s’être contractée en mai, à cause de la diminution de la demande extérieure sur fond de crise européenne et d’activité ralentie en Chine.
Les problèmes du Vieux continent entraînent en outre une ruée vers le yen, considéré comme une valeur refuge par temps économique incertain, ce qui fait flamber la devise nippone, pesant in fine sur la compétitivité à l’étranger des produits fabriqués au Japon et sur les exportations du pays.
D’après M. Kiuchi, le PIB devrait continuer à croître au deuxième trimestre, notamment grâce aux efforts publics de reconstruction du Tohoku. “Mais il y a lieu d’être inquiet pour l’activité privée”, a-t-il averti.
Les subventions pour l’achat de véhicules propres sont susceptibles de prendre fin pendant l’été, le budget étatique alloué à cette mesure de relance étant en passe d’être épuisé. Sans ce puissant levier, la consommation des ménages risque de fortement ralentir.
A cause de l’arrêt des réacteurs nucléaires, des incertitudes pèsent de surcroît sur l’approvisionnement électrique pour cet été, une période de forte utilisation liée à l’usage massif des climatiseurs. Les entreprises vont devoir faire des efforts pour réduire leur consommation d’électricité.