La compagnie Tepco ancrée dans le rouge à cause du désastre de Fukushima

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é de Tepco parle à des journalistes devant la centrale nucléaire de Fukushima, le 28 février 2012 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[14/05/2012 08:58:29] TOKYO (AFP) La compagnie d’électricité nippone Tokyo Electric Power (Tepco), en voie de nationalisation, a annoncé lundi une perte nette de près de 7,5 milliards d’euros pour l’exercice 2011-2012 achevé en mars, un trou dû aux conséquences de l’accident nucléaire de Fukushima.

Outre l’annonce de ce déficit de 781,6 milliards de yens, Tepco a indiqué s’attendre à rester dans le rouge cette année, entamée le 1er avril et qui se terminera le 31 mars 2013.

Tepco est ruinée par l’arrêt de ses 17 réacteurs nucléaires à cause du séisme de Niigata (centre-ouest) en 2007 et de l’accident nucléaire de Fukushima (nord-est) consécutif au tremblement de terre et au tsunami du 11 mars 2011.

La première compagnie nippone avait déjà affiché une perte nette de plus de 11 milliards d’euros l’année budgétaire précédente (2010-2011), à cause de la prise en compte des dégâts de la catastrophe atomique de Fukushima, la pire depuis celle de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, survenue à trois semaines de la clôture des comptes.

Tepco est non seulement contrainte d’indemniser plus d’un million et demi de victimes du désastre et de procéder à des dépréciations massives d’actifs, mais aussi de continuer d’approvisionner l’est du Japon, dont la mégapole tokyoïte, en faisant tourner à plein régime ses centrales thermiques.

Durant l’exercice 2011-2012, le groupe a certes totalisé un chiffre d’affaires en faible baisse (-0,4% sur un an, à 5.349,4 milliards de yens, 51 milliards d’euros), mais il est tombé dans le rouge sur le plan opérationnel, avec un déficit de 272,5 milliards de yens (2,6 milliards d’euros) à cause d’une facture énorme de carburants (pétrole, gaz naturel).

Cette situation devrait se poursuivre encore au moins plusieurs mois, les deux centrales de Fukushima (Daiichi et Daini), qui totalisent 10 réacteurs dont quatre ont déjà été officiellement rayés des registres, étant pour l’heure considérées comme condamnées.

Quant aux sept unités de Kashiwazaki-Kariwa (sur la côte ouest), elles ne pourront être réactivées sans avoir franchi auparavant des tests de résistance vis-à-vis des catastrophes naturelles, et reçu l’aval des populations et élus locaux, un processus extrêmement laborieux.

A long terme cependant, Tepco, à l’instar des autres compagnies régionales du Japon toutes privées de leur capacité nucléaire, espère un redémarrage d’une partie de ses réacteurs, ne renonçant pas officiellement aux six non saccagés de Fukushima Daiichi et Daini, malgré le traumatisme infligé à la région.

“Des discussions nationales sont en cours sur la politique nucléaire du pays et ce problème des réacteurs 5 et 6 de Fukushima Daiichi comme des quatre de Daini s’incrit dans ce cadre. Leur sort n’est pas fixé pour le moment”, a déclaré lors d’une conférence de presse Naomi Hirose, qui deviendra patron de Tepco en juin.

Dans l’immédiat, le groupe n’escompte pas grande amélioration durant l’année budgétaire en cours sur le volet de l’exploitation, tablant sur une perte opérationnelle de 235 milliards de yens (2,25 milliards d’euros), les coûts d’achat d’hydrocarbures devant encore enfler de 4,5 milliards d’uros.

Quant au chiffre d’affaires, il censé augmenter de 12,6% grâce aux fortes hausses tarifaires infligées aux entreprises et aux particuliers afin de couvrir le surcroît de charges et d’inciter les consommateurs à restreindre leur usage d’électricité pour éviter la pénurie.

Tepco a déjà bénéficié d’une aide substantielle de l’Etat de près de 16 milliards d’euros afin de dédommager les sinistrés chassés de chez eux par la pollution radioactive de Fukushima.

Mais la compagnie a besoin de davantage d’argent pour continuer de tourner et poursuivre les travaux à Fukushima afin de stabiliser le site et de le démanteler ensuite, ce qui prendra au bas mot 40 ans si tant est que soient mises au point des technologies pour le faire.

Ne pouvant laisser s’effondrer la compagnie qui alimente Tokyo et ses environs, le coeur économique et politique de l’archipel, le gouvernement lui a promis de nouveaux fonds prochainement via une augmentation de capital par laquelle l’Etat deviendra ainsi majoritaire dans son tour de table, une nationalisation de facto même si le ministre de l’Industrie réfute ce terme.

En échange de ce renflouement, le groupe a promis aux pouvoirs publics d’économiser 33 milliards d’euros en dix ans.

De nouveaux membres extérieurs vont également faire leur entrée au sein du conseil d’administration, “des hommes dotés de compétences qui doivent aider l’entreprise à se refaire”, a précisé M. Hirose.