Tunisie : 5 agences des N.U et le ministère de l’Emploi à pieds d’œuvre pour la rescousse des artisanes de Gafsa

entrepre-160212.jpg«Impliquer la jeunesse tunisienne pour atteindre les OMD (Objectifs du Millénaire pour le développement)», c’est le programme conjoint entre 5 agences des Nations unies (ONUDI, PNUD, FAO, OIMJ et BIT) lancé en mai 2009 et qui s’étale sur 3 ans. Son objectif est d’adapter les politiques et les programmes de l’emploi et de la migration des jeunes aux tendances du marché du travail et aux besoins spécifiques des diplômés universitaires sans emploi et des jeunes chômeurs non qualifiés dans les régions du Kef, Gafsa et le Grand Tunis.

Ledit programme, financé par le gouvernement espagnol, est réalisé sous la tutelle du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi avec l’assistance technique des 5 agences des Nations unisie sous la supervision de la représentante résidente de l’ONUDI, Monica Carco. Il a permis, à ce jour, de former près de 140 personnes comprenant des représentants d’institutions étatiques dont l’ANETTI, l’Espace Entreprendre, l’APII, les pépinières, les Centres d’affaires, ainsi que 80 jeunes entrepreneurs du Kef, Grand Tunis et de Gafsa accompagnés par des formateurs et experts en entrepreneuriat.

«Pour moi, le plus important dans le programme en cours est le renforcement institutionnel, car c’est la seule condition pour assurer la continuité et la pérennisation de tout projet d’entreprise. Former les administratifs aux stratégies du développement entrepreneurial, au traitement et à l’analyse de l’information et aux différentes conduites à tenir pour soutenir et appuyer l’entrepreneur, c’est capital. Un autre avantage du programme est qu’il incite les responsables institutionnels à coopérer avec les organisations de la société civile pour l’élaboration de projets communs et assurer la continuité», indique Fatma Moussa, directrice de l’Observatoire national de l’emploi et des qualifications, qui s’est déplacée à Gafsa pour assister lundi 13 février 2012 au lancement d’un programme de formation à l’intention de jeunes entrepreneurs et artisanes de la région.

HP Tunisie a été associée pour l’occasion à l’encadrement des jeunes porteurs de projets en management informatique sur le modèle HP. 25 artisanes et entrepreneurs bénéficient de la formation en question. «Nous voulons outiller et accompagner ces jeunes afin qu’ils puissent mener au mieux leurs projets et surtout pour qu’ils ne soient pas bloqués par les différents obstacles qu’ils peuvent rencontrer. L’accompagnement personnalisé ne doit pas s’arrêter au démarrage effectif du projet mais doit continue au-delà de son lancement pour lui garantir toutes les chances de réussite, et c’est cette assistance technique que nous nous efforçons d’offrir, en tant que différentes organisations des N.U, dans cette action pilotée par le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle», a tenu à préciser Monica Carco, représentante de l’ONUDI en Tunisie.

La session de formation, qui s’étale du lundi 12 au 18 courant, vise à former les artisanes dans le tissage de la région de Gafsa, riche et diversifiée, et les inciter à travailler ensemble dans le cadre de coopératives. «Nous voulons protéger les artisanes qui étaient exploitées et leur donner les moyens de commercialiser leurs produits dans les meilleures conditions. L’idée est de tirer le secteur vers le haut en y associant des designers et des experts en marketing et en commercialisation», explique Mme Moussa.

Le projet vise à mettre en phase toute la chaîne de valeurs pour que les artisanes répondent aux besoins du marché national et international et bénéficient des avantages concurrentiels grâce à la mise en place d’une logistique interne et externe, d’une qualité de production adéquate et d’une politique de commercialisation efficace.

«J’étais déjà étudiante quand j’ai commencé à réfléchir à réaliser un projet basé sur le patrimoine de tissage dans ma région natale. Pour moi, il fallait revenir aux sources, valoriser le produit local en mettant en exergue ses caractéristiques propres et ensuite l’adapter au marché et à ses contraintes. J’ai réussi à “embaucher“ près de 25 artisanes qui ont des métiers à tisser chez elles et qui travaillent à mes commandes. Je fais de mon mieux pour rémunérer, en leur faisant des petites avances. Au début, ce n’était pas facile, maintenant que j’ai mon diplôme de designer, je réponds à des commandes à la carte et je commence à être connue sur la place. La formation que je suis aujourd’hui avec le BIT et l’ONUDI va me permettre de parfaire mon apprentissage et ma maîtrise de tout le processus, de la production à la commercialisation», espère Najet Ben Salem, âgée de seulement 24 ans, et fondatrice d’une petite entreprise de tissage à Gafsa.

«En tant qu’ONUDI, notre rôle est de booster l’esprit entrepreneurial chez les jeunes porteurs de projets, nous essayons de leur donner toute l’assistance technique entre différentes agences des Nations unies. Notre ambition est de voir les projets pérennes tout comme nous veillons aujourd’hui, avec le soutien du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, à mettre en place un programme pour aider ces jeunes à s’autofinancer».

Sadika Keskes, qui dispose de sa propre franchise dans la commercialisation de produits artisanaux à l’international, fait elle-même partie des formatrices. Sa présence en elle-même marque un engagement de sa part pour œuvrer à valoriser les productions artisanales régionales et à aider à les faire rayonner non seulement sur le marché local mais également à l’international.

Grâce au programme «Tanmia» géré par le ministère de l’Emploi et financé entre autres par la BAD et les N.U, les jeunes porteurs de projets qui ne disposaient pas de fonds propres pour démarrer leurs entreprises vont pouvoir bénéficier des lignes de financement pour accompagner les projets bancables.

Mais les problèmes des entrepreneurs dans la zone de Gafsa ne s’arrêtent pas à l’accompagnement, ils se rapportent au climat d’affaires, lequel, malgré les efforts fournis par les organismes internationaux et nationaux, reste très approximatif. C’est à cela que doivent être axés tous les efforts, ceux des autorités locales, inexistantes à ce jour, et des organisations de la société civile.

Nous y reviendrons.