Tunisie-Banque mondiale : Le difficile choix entre exclusion et inclusion

anderson-bm-140212.jpgLa Banque mondiale, un des principaux collaborateurs de l’ancien régime dont elle a cofinancé la plupart des stratégies sectorielles –qui se sont avérées génératrices de chômage et de privilèges- en faveur de l’ancienne famille royale, est déterminée, aujourd’hui, à appuyer la transition démocratique en Tunisie et à encourager, entre autres ce qu’elle appelle «l’inclusion socioéconomique», et partant, à dissuader toute exclusion.

C’est du moins ce qui ressort des résultats de la récente visite que vient d’effectuer, en Tunisie, une délégation de la Banque mondiale conduite par Inge Andersen, vice-présidente de la Banque pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (10 – 12 février 2012).

Cette institution qui, par l’effet d’une paresse intellectuelle structurelle maladive de nos gouvernants, a toujours pensé pour nous.

La Banque mondiale ne s’en cache pas, du reste. Elle en tire même une certaine satisfaction. Dans un document, «activités de la Banque mondiale en Tunisie en bref», l’institution rappelle que «le groupe de la Banque mondiale joue un rôle actif en appuyant les choix et réformes de politique en produisant des analyses approfondies des questions clés».

Elle a élaboré le plus clair des études sur les stratégies. Tous les secteurs étaient concernés: économie, santé, enseignement supérieur, environnement, tourisme, éducation, emploi, innovation, productivité, intégration à la mondialisation, protection sociale, petites et moyennes entreprises, centres techniques et gestion des terrains industriels, agriculture, eau et dégradation de l’écosystème, obstacles aux investissements, commerce transfrontalier au Maghreb…

En dépit de ces études pléthoriques, le résultat est le moins qu’on puisse dire décevant. Depuis l’accès à l’indépendance, ces études et les prêts qui suivent n’ont pas contribué, de manière sensible et visible, à l’amélioration du quotidien du Tunisien. La Tunisie, un tout petit pays de 800 kms de long et de 300 kms de large, est, hélas, toujours un pays sous-développé et pauvre. En témoigne l’indicateur de la pauvreté: le quart de la population tunisienne (2,5 millions de personnes sur un total d’environ 11 millions) vit en dessous de la pauvreté.

Après la révolution, la Banque mondiale récidive et semble revenir avec les mêmes pratiques.

Exploitant le désarroi de gouvernements provisoires et navigant à vue (ceux de Mohamed Ghannouchi, Caïd Essebsi et Jebali), elle leur a proposé sans état d’âme ses services avec la même recette: des études financées par un don suivies par des prêts remboursables au prix fort par les générations futures, et ce même si ces crédits étaient accordés à des conditions favorables.

C’est cette même recette que vient de proposer Inge Andersen au gouvernement Jebali.

Selon le communiqué publié au terme de la visite de la vice-présidente de cette institution, «la Banque mondiale est en cours d’élaboration d’une note de stratégie intérimaire de soutien à la Tunisie pour les deux prochaines années. Cette stratégie sera articulée autour de trois axes: le renforcement de la bonne gouvernance et de la participation citoyenne, la promotion de l’inclusion économique et sociale et la mise en place de bases pour le renouvèlement d’une croissance durable».

Cette nouvelle étude, chastement dénommée «note stratégique», sera suivie d’un prêt. On lit dans le même communiqué: «La Banque se tient prête à apporter un appui financier significatif à la Tunisie, d’ici la fin de l’année. Ceci pourrait être une combinaison d’appui budgétaire similaire aux $500 millions de dollars qui ont été mis à la disposition de la Tunisie directement suite à la révolution ainsi que des projets d’investissements dans des secteurs clefs tels que la formation professionnelle et des activités de développement à l’exportation pour aider à créer de l’emploi».

Par-delà cette recette «étude suivie de prêt», pas toujours productive, Inge Andersen a déclaré au terme de sa visite à propos de «la révolution du jasmin» que «ce moment est trop important pour être perdu, et nous sommes engagés à aider l’économie à faire un rebond rapide pour livrer de meilleurs emplois et de meilleures vies».

Nous Tunisiens, nous le pensons également mais dorénavant selon notre recette: l’obligation des résultats.