étudiant en train de regarder son ordianteur portable (Photo : Petras Malukas) |
[06/01/2012 14:59:12] MINSK (AFP) Des restrictions sur l’utilisation d’internet, limitant l’accès à des sites d’opposition et rendant passibles d’amendes des fournisseurs d’accès, comme les cyber-cafés, n’ayant pas enregistré les données concernant leurs usagers, sont entrées en vigueur vendredi au Bélarus.
Selon la loi, qui suit un décret datant de février 2010 du président Alexandre Loukachenko, les autorités peuvent établir une liste noire de sites interdits en raison de leur caractère pornographique, violent ou extrémiste.
Les institutions d’Etat et les universités ont dès lors interdiction d’utiliser ces sites.
De leur côté, les fournisseurs d’accès, dans les cyber-cafés et dans tous lieux d’utilisation collective d’internet, doivent enregister et conserver, sous peine d’amendes, les informations relatives à leurs clients et aux services octroyés pendant un délai d’un an, afin de pouvoir les remettre à la police en cas de demande.
La loi s’étend aussi aux fournisseurs d’accès à domicile.
“Selon des experts indépendants, le but principal des autorités est de contrôler les principaux sites d’opposition”, a indiqué le site d’information en ligne Belarussky Partisan.
Des sites d’organisations de défense des droits de l’homme tel que Viasna ou d’opposition comme Charter 97, tous deux hébergés à l’étranger mais accessibles au Bélarus, font ainsi partie de la liste noire, selon des ONG.
Au Bélarus, dirigé d’une main de fer depuis près de 17 ans par Alexandre Loukachenko, il n’existe ni radio ni chaîne de télévision indépendante. L’internet est ainsi devenu une source d’informations majeure.
Par ailleurs, selon la loi, toutes les structures commerciales bélarusses, voulant avoir une adresse internet, sont désormais obligées de s’enregistrer dans le pays, et donc de recevoir des adresses se terminant en .by (référence du Bélarus), sous peine d’amendes.
Actuellement, les entrepreneurs bélarusses sont souvent enregistrés avec des noms de domaines en .com, .biz ou .ru, car moins chers, et aussi afin d’augmenter le nombre de leurs clients.
Les personnes vendant des biens au Bélarus via des sites étrangers seront également passibles d’amendes.
De son côté, l’administration du président Loukachenko a souligné dans un communiqué que la loi ne limitait en rien l’accès à des sites étrangers et qu’elle avait pour unique but d’assurer des opérations commerciales “transparentes” et de protéger les utilisateurs contre les sites jugés dangereux et pornographiques.
Des responsables bélarusses ont précisé que les sociétés étrangères comme Amazon pourraient donc encore opérer au Bélarus sans s’enregister dans le pays. Néanmoins, pour nombre d’observateurs, l’application de ces mesures reste encore floue.
“Nous n’avons toujours pas reçu d’instructions officielles concernant les sites que nous sommes supposés filtrés”, a déclaré un employé du monopole national de télécommunication Beltelecom, sous couvert d’anonymat.
Selon l’ONG de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières, le Bélarus est situé à la 154ème place sur 178 dans le classement 2010 de la liberté de la presse.
Viasna et Charter 97 ont à plusieurs reprises indiqué être dans la ligne de mire des autorités bélarusses pour avoir notamment appelé à des rassemblements contre M. Loukachenko.
En novembre, le président de Viasna, Ales Beliatski, a été condamné à quatre ans et demi de prison pour fraude fiscale.
Charter 97 a de son côté indiqué avoir subi la semaine dernière une attaque de hackers, visant notamment à effacer ses archives.
L’entrée en vigueur de ces restrictions intervient alors que le Bélarus est sous le coup de sanctions occidentales en raison de la répression de l’opposition, renforcée depuis la présidentielle contestée de décembre 2010.