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é Socrates, le 25 mars 2011 à Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[02/04/2011 12:21:04] LISBONNE (AFP) La pression financière accrue sur le Portugal, qui semble inévitablement pousser chaque jour un peu plus le pays vers un plan de sauvetage, donne lieu actuellement à un débat sur la légitimité du gouvernement démissionnaire à demander une telle aide.

Depuis la démission la semaine dernière du Premier ministre socialiste José Socrates, la pression sur le Portugal s’est fortement accentuée: les principales agences de notation ont dégradé de plusieurs crans leurs notes du pays et les marchés exigent des taux historiquement élevés pour le financer.

Dans ce contexte d’incertitude politique et d’urgence financière, qui a la “légitimité” pour demander un plan de sauvetage? Le gouvernement démissionnaire? Le président de la République? Le parlement? Le débat divise les responsables politiques, les commentateurs et les spécialistes.

Cette discussion a pris de l’ampleur après les déclarations jeudi du ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos. Malgré la détermination du gouvernement socialiste de ne pas faire appel à une aide extérieure réaffirmée ces derniers jours, le ministre a déclaré qu’il n’était “plus aussi confiant”, ajoutant même qu’un gouvernement démissionnaire n’avait pas la “légitimité pour négocier” les modalités d’un tel plan.

“La seule entité qui peut prendre des engagements, c’est le président”, avait-il dit.

Interrogé sur cette possibilité vendredi, le chef de l’Etat, qui représente une autorité morale mais qui n’a pas de pouvoir exécutif, a répondu qu’il ne revenait “pas au président de gouverner”.

M. Cavaco Silva, qui a annoncé jeudi la dissolution du parlement et convoqué des élections législatives pour le 5 juin, a indiqué à cette occasion qu’il soutiendrait le gouvernement, dont les pouvoirs sont limités à la gestion des affaires courantes, dans les mesures à adopter “pour assurer les moyens de financement nécessaires de l’économie”.

D’après les journaux Expresso et Publico de samedi, l’une des hypothèses envisagées par le président et l’opposition de centre-droit, serait la possibilité de recourir à “un prêt d’urgence du FMI” qui permettrait au pays de se financer jusqu’à l’entrée en fonction d’un nouveau gouvernement.

Pedro Passos Coelho, le chef de l’opposition et futur premier ministre pressenti, s’est dit quant à lui prêt à soutenir un “prêt spécial” pour garantir la solvabilité du pays.

Une autre solution, également évoquée par plusieurs spécialistes de la constitution portugaise, pourrait passer par un vote du parlement qui autoriserait l’actuel gouvernement à demander cette aide.

Bruxelles a rappelé que le gouvernement de M. Socrates était en mesure de demander un soutien financier avec “un mandat” pour “négocier un programme”, a relevé Amadeu Altafaj Tardio, un porte-parole de la Commission, dans des déclarations à la presse.

Face à cette situation, le gouvernement a fait le choix pour l’instant de continuer de se financer sur les marchés avec des émissions à court terme, dont les taux sont moins élevés.

Vendredi, le Portugal a levé 1,6 milliard d’euros de dette à un peu plus d’an, à un taux plus élevé que lors de précédentes émissions comparables, mais en deçà des prévisions, et prévoit une nouvelle émission mercredi.

Le ministre des Finances, qui a écarté le risque d’un défaut de paiement, avait observé cette semaine que le pays devrait être toutefois “plus créatif” dorénavant pour se financer.

Selon plusieurs analystes cités dans la presse, le gouvernement a déjà des accords préalables pour l’achat de dette avec des investisseurs chinois et brésiliens notamment, ce qui lui permet de gagner du temps jusqu’aux prochaines élections.