Tunisie : Les experts-comptables réclament une place dans la Commission nationale sur la corruption

Se dirige-t-on vers une coupe réglée des fonctions dans la Tunisie de l’après
Ben Ali? La question mérite d’être posée. Et pour cause. Après les architectes,
puis la Centrale syndicale (UGTT) et de son alter ego le patronat (UTICA), voilà
que l’Ordre des experts-comptables de Tunisie (OECT) surgit de son côté pour
réclamer une place au sein de la Commission nationale d’établissement des faits
sur les affaires de corruption et de malversations, “afin d’assurer la
transparence et faire réussir les réformes profondes et globales attendues par
le peuple“. Plus loin dans leur communiqué, les experts-comptables ont appelé «à
mettre un terme aux différentes formes de corruption dans les domaines
économique, financier et fiscal», et soulignent «l’impératif de l’indépendance
des experts-comptables, indépendance garante de l’accomplissement de leur rôle
dans l’économie nationale».

A priori, cette revendication de l’OECT est tout à fait légitime, mais faisons cependant une remarque, tout autant légitime,
et posons la question suivant: Si les experts-comptables avaient fait leur
travail comme il se doit, étant donné leur “indépendance“, est-ce qu’il y aurait
eu moins de malversations ou de corruptions? Bien sûr, ils vont tout de suite
nous rétorquer qu’il était impossible de le faire correctement sous l’ère Ben
Ali.

Demain les enseignants, les étudiants, les chômeurs, les chauffeurs (de bus,
taxis, louages, trains…), les avocats, ceux qui ont un emploi, les Tunisiens de
l’étranger, voire les journalistes –tout le monde du reste- devraient réclamer
“leur part du gâteau“ dans les différentes commissions, non seulement pour que
personne ne soit oublié ou omis, mais surtout pour nous assurer que toutes les
affaires seront résolues.

D’ailleurs, “nos“ experts-comptables vont jusqu’à demander «une révision des
textes régissant la profession d’expert comptable afin de lui permettre
d’accomplir son rôle dans les meilleures conditions“. Pourquoi pas faire “tabula
rasa“ des textes existants et réclamer la rédaction de nouveaux? Pour en finir
une fois pour toutes avec l’ère Ben Ali.