Tunisie : La chasse aux sorcières est-elle légitime?

Par : Autres

Certains citoyens tunisiens se déclarent, aujourd’hui, après la chute du régime
de Ben Ali, justiciers. Au nom de l’équité, ils se donnent le droit de licencier
et d’humilier les hauts fonctionnaires, notamment les P-dg et autres directeurs.
C’est une situation alarmante. Allons-nous vers l’anarchie?

Depuis lundi, plusieurs hauts fonctionnaires ont été sacqués de leurs bureaux.
Mardi 18 janvier 2011, le PDG de l’assurance STAR, Abdelkarim Merdassi, a été
chassé de son bureau. Dans une déclaration faite au journal en ligne «Espace
Manager», Raafat Meddeb, responsable du service contentieux de la STAR, souligne
que le PDG est une personne corrompue et subornée.

Au siège de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), les employés ont
fait une grève, appelant le PDG de la Caisse, Khelil Belhouane, à quitté son
bureau, lequel a été contraint, par le climat d’hostilité, de fuir les lieux de
son travail.

Moncef Bouden, secrétaire d’Etat chargé de la Fiscalité, a été chassé de son
bureau. Devant le ministère des Finances, à Bab Souika, une centaine de
personnes exigeaient son départ.

Jeudi 20 janvier 2011, une cérémonie de passation devrait être organisée, au
sein du siège du ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Education
physique, pour permettre au nouveau ministre, Mohamed Aloulou, de
prendre ses fonctions. Or, il y avait une foule de fonctionnaires qui a chassé
l’ancien ministre Abdelhamid SLAMA, en l’insultant et le traitant de «voleur» et
«corrompu».

Le phénomène de chasse aux sorcières s’amplifie de jour en jour. En effet, après
des années d’injustice, d’oppression et de corruption, les fonctionnaires
tunisiens se donnent le droit de virer et d’humilier leurs directeurs. Or, c’est
un comportement qui risque de nous mener vers la désobéissance civile et
engendrer ainsi l’anarchie. Les jeunes tunisiens se sont révoltés pour abattre
la dictature et avoir la liberté. Les martyrs de la révolution tunisienne se
sont sacrifiés pour avoir un Etat de droit. Ils rêvaient d’avoir une Tunisie
meilleure où règne la justice et la paix et non pas une Tunisie chaotique où
règne l’hostilité et la haine des uns envers les autres.

Alors respectons leur désir et laissons faire la justice!