La SNCF confrontée à la “grève” des abonnés excédés par ses retards

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à Paris (Photo : Martin Bureau)

[19/01/2011 16:03:45] PARIS (AFP) “Lignes malades”, retards, erreurs d’aiguillage des trains, le tout sur fond de tarifs à la hausse… La SNCF est à nouveau sous le feu des critiques et doit maintenant faire face à un nouveau mouvement de grogne: celui de ses abonnés, qui voyagent “en grève”.

Principal reproche: l’accumulation d’importants retards ces dernières semaines, sans lien avec les intempéries. Le 2 janvier, une incroyable erreur a envoyé sur Rennes des voyageurs allant à Nantes et vice-versa. Une semaine plus tôt, l’épopée du Strasbourg-Port Bou avait fait la Une des journaux.

L’enchaînement exceptionnel de contretemps, qui a fait subir un retard de 15 heures aux 600 passagers du train parti de Strasbourg dans la nuit du 26 au 27 décembre en direction de Port Bou et Nice, résume bien les maux dont souffre la SNCF.

Retard au départ pour cause d’impréparation du train, arrêt de sept heures à Belfort pour aller chercher à Lyon un conducteur de rechange, nouveau retard au départ de Belfort à cause de l’ivresse d’un passager, nouvel arrêt de deux heures à Montbéliard (Doubs) suite à la panne d’un train régional bloquant la voie. Et pour finir, nouvel arrêt de près de trois heures à Tournus (Saône-et-Loire) car la locomotive du train était à son tour en panne.

Le tableau ne serait pas complet sans un premier retard de huit heures la veille, à l’arrivée à Strasbourg du même train remontant du sud de la France, conséquence surtout d’une grève locale des personnels de manoeuvre à Dijon qui a passablement désorganisé la circulation des trains.

La médiatisation suscitée par l’affaire a amené la ministre de l’Ecologie et des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet, à demander des sanctions.

La SNCF, qui a publié un rapport concluant qu’il aurait mieux valu ne pas faire partir le train, a admis “des erreurs humaines” mais récusé qu’il y ait eu “des fautes personnelles qui méritent des sanctions”.

Son président Guillaume Pepy a en revanche fustigé la grève de Noël à Dijon, “légale, mais choquante” et représentant à ses yeux “la négation du service public”.

L’affaire a mis en lumière des faiblesses critiquées par les syndicats: la suppression des personnels de renfort, une spécialisation des tâches de plus en plus poussée qui fait qu’une locomotive dédiée au fret ne peut plus remplacer une motrice voyageurs en panne ou que les conducteurs sont attachés à tel ou tel type de machine, et des économies affectant la maintenance du matériel.

Fait nouveau: face aux retards à répétition, des usagers réagissent, et de plus en plus.

De nombreux clients de la SNCF n’hésitent plus à aller au tribunal, tandis qu’un mouvement de “grèves” d’abonnés s’est répandu dans le pays: ceux-ci refusent de présenter leur titre de transport au contrôleur, exigeant une ristourne sur leur abonnement, en compensation de tous les retards subis.

Cette fronde de voyageurs mécontents survient au moment où la SNCF doit augmenter les prix de ses billets, comme tous les ans. La hausse devrait être comprise entre 2 et 3%, selon Mme Kosciusko-Morizet. Soit plus que l’inflation.

L’entreprise demandait plus (5%) pour compenser la hausse continue des droits de circulation qu’elle paie pour ses trains à Réseau ferré de France (RFF).

Mais pour l’heure, l’urgence est au rétablissement d’une situation acceptable pour les voyageurs sur douze “lignes malades”, identifiées par M. Pepy comme les plus problématiques: il doit détailler jeudi un plan d’action visant à limiter les retards.

Parmi ces lignes à problèmes, le patron de la SNCF a évoqué Paris-Chartres-Le Mans, Paris-Amiens, Paris-Tours, l’étoile de Lyon, les lignes A et D du RER en Ile-de-France ou même le TGV Paris-Lyon-Marseille.