Mondial : les fans ne feront pas plonger la productivité française

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Des jeunes travaillant sur des ordinateurs (Photo : Loïc Venance)

[15/06/2010 10:11:31] PARIS (AFP) Si les patrons britanniques craignent une baisse de la productivité de leurs salariés pendant la Coupe du monde de football, personne ne semble vraiment s’inquiéter en France où l’impact de cet événement sur l’économie est jugé plutôt marginal.

Pauses non autorisées, distraction, conversations interminables… Selon une étude de l’organisation de cadres britanniques Chartered Management institute, le Mondial-2010 pourrait coûter jusqu’à un milliard de livres (1,2 milliard d’euros) aux entreprises britanniques en raison d’une baisse de productivité de leurs employés fans de foot.

Une autre enquête d’un cabinet de consultants américain conclut que la Coupe du monde devrait avoir un impact négatif sur la productivité des salariés aux Etats-Unis, pays où le “soccer” n’est pourtant rien face au football américain ou au basket.

Mais ces études laissent “sceptique” Didier Primault, économiste au Centre de droit et d’économie du sport (CDES) à Limoges. Pour lui, le seul moyen de vérifier une baisse de productivité est d’observer les statistiques officielles et de comparer les mois de juin de Coupe du monde aux autres mois de juin.

“Même si on constatait une baisse de la productivité, ce qui est à mon avis loin d’être le cas, est-ce qu’on peut à coup sûr mettre en relation cet événement, la Coupe du monde de foot, avec cette baisse de productivité?”, s’interroge-t-il.

“Sur un plan méthodologique, ça me parait extrêmement hardi de conclure ça”, répond-t-il aussitôt, évoquant par exemple les écarts que pourrait provoquer un mois de juin ensoleillé où les salariés écourtent leurs journées pour un barbecue ou un week-end anticipé.

Même si certains salariés seront tentés d’interrompre leur journée de travail le 22 juin pour regarder France-Afrique du sud à 16h00 (seul match du premier tour des Bleus en journée), rien ne les empêche de compenser cette journée raccourcie.

L’aménagement du temps de travail pour suivre les matches est en plus parfois permis par la hiérarchie, qui peut y voir du positif.

“Ce type d’événements renforce la cohésion autour d’un sujet dans l’entreprise. Que les gens soient pour ou contre, il y a un sujet commun sur lequel on échange”, se réjouit ainsi Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME).

Et si le responsable patronal imagine quelques “salariés qui tirent au flanc pour aller regarder les matches”, le phénomène est pour lui “anecdotique”.

“Il y a plein d’autres raisons de paniquer (…). On est dans un contexte économique difficile, voire dans certains pays très difficile et je doute que même à la marge, (le Mondial) ait un quelconque impact”, résume Didier Primault.