Tunisie : La sécurité alimentaire peut-elle rapprocher les pays de la Méditerranée?

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Une des questions cruciales dans la construction de la Méditerranée est la
sécurité alimentaire et le droit à une alimentation saine et équilibrée. Ce
sujet a été traité en workshop durant les ‘’Entretiens de la Méditerranée’’,
organisé par l’Ipemed avec le concours de l’IACE, et a réuni des experts et
hommes d’affaires des rives Nord et Sud pour élaborer une vision commune d’un
plan d’actions garantissant une sécurité alimentaire quantitative et qualitative
durable. Il a été aussi question de préservation de la souveraineté
alimentaire. Point de vue de Mondher Khanfir, CEO à Land’Or Tunisie.

 

Webmanagercenter : Comment la sécurité alimentaire peut-elle
rapprocher les pays riverains de la Méditerranée ? N’est-ce pas là encore un
thème sécuritaire cher au Nord ?En fait, on peut déjà engager à l’échelle
individuelle des programmes de productivité directe et indirecte (produire plus
avec moins de gaspillage) en respectant l’environnement.

Mondher Khanfir : Pour répondre à cette question, je voudrais d’abord rappeler
que l’ensemble des pays de la Méditerranée fait face à un risque alimentaire
élevé. Que l’on soit au Nord ou au Sud, les producteurs sont confrontés à une
situation alarmante, où ils doivent produire plus, avec moins d’eau, moins de
terres, moins d’énergie et moins d’agriculteurs. Le plan d’actions proposé
comporte trois volets : un volet normatif, avec à la clef la création d’un label
méditerranéen, un volet innovation qui appelle à une réorganisation des
filières, et enfin un volet souveraineté alimentaire collective, au sens
garantie de débouchés contre garantie de sécurité.

De plus, les risques sanitaires deviennent plus pesants. Ils ne sont pas liés
seulement aux règles de production ou de consommation, mais aussi aux risques de
flambée des prix pour cause de volatilité des marchés agricoles, accentuée par
une dérive spéculative en cas de déséquilibre des marchés ou pour des raisons de
débouchés ou de substitution, comme cela fut le cas en 2007 et en 2008.

La
sécurité alimentaire au sens large, c’est-à-dire comme un droit à une
alimentation saine, disponible et à coût maîtrisé, devient ainsi une
préoccupation majeure pour la région.

L’Ipemed a avancé un plan d’actions pour assurer une sécurité alimentaire au
sens large en Méditerranée. En tant qu’opérateur tunisien, comment percevez-vous
ce plan et pensez-vous qu’il sera effectif?

Toutes les propositions faites par l’Ipemed réclament une instance de
gouvernance transnationale. En particulier, lorsqu’il s’agit de
Risk Management,
il y a lieu, d’une part, de mutualiser les ressources et les connaissances, et
de mettre en place, d’autre part, des dispositifs concertés en cas de crise. Une
telle décision appartient aux chefs d’Etat qui auront à apprécier son intérêt et
sa portée. La difficulté dans ce genre d’exercice demeure le fait de raisonner
en macro et agir en micro. C’est là où l’Ipemed peut jouer un rôle décisif dans
l’implémentation d’une stratégie effective de sécurité alimentaire.

Que faut-il faire pour accélérer les choses et renforcer le secteur
agroalimentaire en Méditerranée?

A l’échelle collective, on peut mieux gérer les fluctuations entre offre et
demande en mettant en place des places de marchés subrégionales.

Par ailleurs, en favorisant les petits producteurs par le biais de filières
éco-responsables et équitables, nous pouvons mieux préserver les produits du
terroir et la diète méditerranéenne. Pour cela, il faut accepter de répartir
plus équitablement les profits le long des chaînes d’approvisionnement et
favoriser les investissements éthiques.

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