Les USA bouclent sur une note morose une année noire pour l’emploi

[08/01/2010 18:15:36] WASHINGTON (AFP)

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éricains recherchent une embauche dans un salon professionnel à Denver le 8 décembre 2009. (Photo : John Moore)

Les Etats-Unis ont conclu sur une note morose une année 2009 terrible pour l’emploi, décembre ayant été marqué de nouveau par de forts licenciements nets après un retour fugace à la création d’emplois le mois précédent.

La première économie mondiale a détruit 85.000 emplois en décembre, après avoir été créatrice nette de postes (4.000) en novembre pour la première fois en près de deux ans, indique le rapport mensuel sur l’emploi du département du Travail américain publié vendredi.

La dégradation de décembre est bien pire que ne l’attendaient les analystes, qui tablaient, selon leur consensus médian, sur une destruction d’emplois nette de zéro.

C’est un “revers”, a reconnu, Christina Romer, conseillère économique du président Obama. Néanmoins, le mauvais chiffre de décembre occulte le fait que, en moyenne sur le trimestre, les destructions d’emplois de l’automne ont été les plus faibles depuis le début de la récession en décembre 2007, et même dix fois moindres qu’au premier trimestre.

Pour l’économiste indépendant Joel Naroff, le marché de l’emploi avance “clairement” dans la bonne direction. Brian Bethune, économiste de l’institut IHS Global Insight, et Ian Shepherdson, du cabinet HFE, considèrent tous deux que le pays devrait créer de nouveau plus d’emploi qu’il n’en détruit au premier trimestre.

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ômage depuis décembre 2008

Les chiffres du ministère révèlent que l’emploi a baissé de 3% aux Etats-Unis en 2009, du jamais vu depuis 1949. En valeur absolue, le nombre des emplois détruits pendant l’année (4,6 millions) est le plus élevé dans les annales du département du Travail, qui remontent à 1939.

Malgré la hausse des licenciements, le taux de chômage américain est resté stable à 10% en décembre, du fait d’une baisse de la population active liée à l’exclusion de nombreux chômeurs dits “découragés”.

Ce taux de chômage officiel ne donne qu’une idée partielle du fléau: si l’on tient compte de la population active véritable et des personnes que la conjoncture contraint de travailler à temps partiel, le taux de chômage réel atteint 17,3%, ce que donne une idée de l’ampleur des difficultés éprouvées par de nombreux Américains.

Une enquête publiée cette semaine par le cercle de réflexion Brookings a montré une hausse préoccupante du nombre d’enfants vivant dans la pauvreté : ils étaient 3,4 millions en août à dépendre des bons alimentaires publics pour se nourrir soit 24% de plus qu’un an plus tôt.

Comme le mois précédent, seuls trois secteurs d’activité ont été créateurs nets d’emplois en décembre. Parmi eux figurent désormais la finance (+4.000): à l’origine de la crise, ce secteur est l’un des premiers à en sortir.

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ésident américain Barack Obama lors d’un discours à la Maison Blanche à Washington, le 5 janvier 2010 (Photo : Mandel Ngan)

Les créations d’emplois intérimaires ont continué d’augmenter, mais moins qu’en novembre. Pour M. Naroff, la prochaine étape, c’est-à-dire les embauches permanentes, devrait avoir lieu “d’ici au printemps”.

Néanmoins, la hausse tant attendue des heures travaillées n’a pas eu lieu en décembre ce qui semble renforcer le dernier pronostic publié mercredi par la banque centrale américaine (Fed).

Selon elle, le marché du travail fait preuve d’une “faiblesse aggravée” et ne devrait se rétablir que très lentement, ce qui présage encore plusieurs mois de hausse du chômage devant entraver la reprise amorcée au troisième trimestre.

L’économie américaine reste cependant soutenue par les efforts de la Fed et le plan de relance budgétaire de 787 milliards de dollars voté en février qui devrait se faire sentir à plein en 2010.