La dette de Dubaï va ajouter aux difficultés du secteur financier du Golfe

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ï le 28 novembre 2009. (Photo : Karim Sahib)

[28/11/2009 13:03:58] KOWEIT (AFP) Le secteur financier du Golfe, déjà affecté par les défauts de paiement de deux groupes saoudiens et de firmes d’investissement du Koweït, s’oriente vers plus de difficultés avec la dette de Dubaï, estiment samedi des analystes.

“La crise du secteur financier du Golfe, plus particulièrement des banques, va s’approfondir. A mon avis, leur exposition sera énorme et les conséquences très négatives”, a déclaré à l’AFP l’économiste koweïtien Hajjaj Bukhdur.

Selon lui, l’impact sera lourd pour les banques des Emirats arabes unis mais d’autres institutions financières du Golfe seront également touchées.

M. Bukhdur a estimé que l’exposition des banques du Golfe se chiffrera en “milliards de dollars” soulignant qu’elles vont devoir provisionner.

Dubaï a pris le monde par surprise en demandant mercredi un moratoire de six mois sur la dette du fleuron de son économie, Dubai World. La dette du conglomérat est estimée à 59 milliards de dollars sur 80 milliards de dollars de dette publique de l’émirat. Nakheel, filiale immobilière de Dubai World, a une dette de 3,5 milliards de dollars qui arrive a maturation le 14 décembre.

Les banques du Golfe avaient été contraintes de se provisionner après les défauts de paiement de firmes d’investissement du Koweït, incapables de régler des montants de quelque 10 milliards de dollars.

Elles étaient déjà exposées à des défauts de paiement de 22 milliards de dollars des groupes d’affaires saoudiens Saad et Al-Gossaibi.

Après l’annonce de Dubaï, le Gulf International Bank, basée à Bahreïn, a décidé de reporter une émission d’obligations de 4 milliards de dollars.

L’agence de notation Moody’s a indiqué qu’elle réexaminait la position de 17 banques et 5 sociétés d’investissement des Emirats arabes unis.

Pour sa part Standard and Poor’s a placé quatre banques de Dubaï en révision négative de leur notation en raison de leur exposition à Dubai World et Nakheel ainsi qu’à d’autres sociétés publiques de l’émirat.

L’économiste saoudien Abdelwahab Abou-Dahesh a dit croire que les banques de son pays ne seraient pas directement affectées par la décision de Dubaï même si certaines d’entre elles ont acheté des obligations du gouvernement de l’émirat.

“Je pense que les bénéfices de nombreuses banques de la région seront affectés. Certaines vont finir l’année 2009 dans le rouge en raison des provisions qu’elles seront obligées de prendre”, a-t-il indiqué à l’AFP.

“C’est un problème sévère qui va probablement faire trembler le système financier du Golfe dans son ensemble. Je m’attends à ce que les Bourses du Golfe plongent comme en septembre de l’année dernière” à la suite de la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers, a-t-il ajouté.

Selon Standard and Poor’s, le gouvernement de Dubaï et ses compagnies doivent régler environ 50 milliards de dettes sur les trois années à venir.

Selon M. Bukhdur, l’impact de la dette de Dubaï sera ressenti plus par les banques du Golfe en 2010. “L’impact sera plus fort en 2010 et je pense qu’après les banques des Emirats, celles d’Arabie saoudite seront les plus affectées avant celles du Qatar et du Koweït”, a-t-il dit.

Pour Monica Malik, économiste de la banque d’affaires EFG-Hermes, la dette de Dubaï va ternir la confiance des investisseurs dans l’ensemble du Golfe.

“La perte de confiance en Dubaï sera marquée et il ne faudra pas la sous estimer. Elle touchera une zone plus étendue”, a-t-elle dit en référence à l’ensemble de la région.