Abdelwahab Abdallah : «Nos relations économiques avec l’Algérie sont au beau fixe et les Tunisiens ne seront plus inquiétés à Ras Jedir en Libye»

Même si les mesures d’encadrement des
investissements étrangers, prises, il y’a
quelques mois par le gouvernement algérien dans le cadre de la
loi de finances
complémentaire
pour l’année 2009, n’ont pas d’effet rétroactif, elles font quand
même partie d’un arsenal réglementaire dissuasif à plus d’un titre pour les
investisseurs étrangers et en particulier français et américains.

abdelwaheb-ben-abdallah-1.jpgSur les opérateurs privés tunisiens soumis bien évidemment aux mêmes règles
de jeu, ces mesures ne devraient pas avoir la même incidence. Du moins,
c’est ce que nous croyons comprendre des déclarations faites le jeudi 22
octobre par Abdelwaheb Abdallah, ministre des Affaires étrangères, à
l’occasion du Forum dédié à la politique étrangère tunisienne en marge des
élections présidentielle et législatives : «Les mesures prises par le
gouvernement algérien ne doivent pas nous inquiéter
», a-t-il affirmé. La politique
d’ouverture économique assez poussée qu’elle a suivie a porté atteinte à
son économie. L’objectif des autorités algériennes, c’est rééquilibrer la
situation au profit du pays en mettant un frein à certains agissements
émanant de nombre d’investisseurs étrangers, afin d’assurer sa stabilité
économique, ce qui serait normal. «Toutefois, la qualité des rapports qui
lient la Tunisie à l’Algérie reste privilégiée, assure le ministre des
Affaires étrangères. Il ne faut pas oublier les avantages accordés aux
produits et marchandises tunisiens et qui sont effectifs, l’accord
commercial spécifique signé entre les deux pays en vertu duquel les
marchandises tunisiennes exportées sur l’Algérie sont exemptées de taxes.
Sauf pour un certain nombre de produits limité d’ailleurs à une liste qui
fait aujourd’hui l’objet de négociations entre nous et le gouvernement
algérien en vue de sa suppression totale
».

Le ministre a également précisé que la nouvelle loi algérienne sur
l’investissement sera abordée lors de la prochaine visite du ministre
algérien des Affaires étrangères prévue pour le mois de novembre.

Rappelons pour l’histoire que les mesures prises par le gouvernement
algérien stipulent que les sociétés constituées après la promulgation de
la loi de finances complémentaire pour 2009 pour l’exercice d’activités de
commerce extérieur
ont fixé la participation algérienne à 30%. Pour les
investissements dans les secteurs industriels, la participation des
entreprises étrangères ne pourrait en aucun cas dépasser les 49%, et d’après
les officiels algériens, une partie des bénéfices devrait être réinvesti en
Algérie. Une balance de devises excédentaire au profit de l’Algérie est
désormais obligatoire pour les investissements étrangers, directs ou en
partenariat pendant toute la durée de vie du projet. Ce qui reviendrait à
dire pour certains investisseurs potentiels que ce sont plutôt des mesures
de dissuasion massive.

Les Tunisiens ne seront plus inquiétés à Ras Jedir

C’est ce qu’a affirmé Abdelwaheb Abdallah, en indiquant que les mesures
prises au niveau des droits d’entrée en territoire
libyen ne sont plus à l’ordre du jour. «L’intégration de la Tunisie dans son
environnement géographique est avérée, a-t-il déclaré, nos relations avec la
Libye, malgré quelque petits incidents du genre de l’épisode de Ras
Jedir,
sont des détails sans importance
». Depuis deux semaines, les choses sont
revenues à la normale.

Pour ce qui est du niveau des échanges commerciaux, le ministre a affirmé
que les chiffres parlent d’eux-mêmes puisque le seuil des deux milliards et
demi de dinars par an a été atteint et est appelé à s’améliorer d’avantage.

Le ministre a également parlé des efforts de la Tunisie pour dynamiser le
processus de l’intégration économique maghrébine et arabe. Il a rappelé que
le Maghreb est au centre des préoccupations de l’Etat tunisien qui milite
pour la concrétisation des mesures autorisant la libre circulation des fonds
et des personnes entre les pays maghrébins. Sans oublier l’achèvement des
procédures administratives et légales pour le lancement de la Banque
maghrébine d’investissement et de commerce extérieur (BMICE); un instrument
important fortement réclamé par les milieux d’affaires.