Alcatel-Lucent renoue symboliquement avec les bénéfices

photo_1248953295566-1-1.jpg
é à Vélizy le 23 juillet 2009 (Photo : Eric Piermont)

[30/07/2009 11:31:28] PARIS (AFP) L’équipementier en télécoms Alcatel-Lucent a renoué avec les bénéfices pour la première fois depuis 2006, mais ce résultat, dû à des éléments exceptionnels, est surtout symbolique pour ce groupe engagé dans un plan de restructurations et de suppressions d’emplois.

L’entreprise, née en décembre 2006 de la fusion entre le français Alcatel et l’américain Lucent, a affiché au deuxième trimestre un bénéfice net de 14 millions d’euros, contre une perte nette de 1,1 milliard un an plus tôt.

Ce résultat, meilleur qu’attendu – les analystes tablaient sur une perte de 343 millions d’euros -, est lié à des éléments exceptionnels, en particulier aux gains réalisés sur la vente à Dassault Aviation de sa participation de 20,8% dans Thales.

Il laisse d’ailleurs les analystes de marbre: “pour moi, ça ne veut rien dire”, a ainsi réagi Alexandre Peterc, d’Exane BNP Paribas, interrogé par l’AFP.

Après neuf trimestres consécutifs de pertes, ce premier bénéfice de l’histoire d’Alcatel-Lucent est néanmoins symbolique.

A la tête de l’équipementier depuis septembre 2008, le directeur général Ben Verwaayen a engagé un vaste “plan d’économies”.

Après la suppression de 1.000 emplois de cadres dans le monde et d’environ 5.000 sous-traitants annoncées en décembre, le groupe a présenté la semaine dernière un programme de 850 suppressions de postes en France et l’externalisation de 150 postes de recherche. 153 emplois vont également disparaître en Belgique.

Au total, depuis la fusion, ce sont quelque 18.500 suppressions de postes qui ont été engagées.

L’objectif de Ben Verwaayen est de renouer avec la rentabilité, alors que le groupe a encore accusé au deuxième trimestre une perte d’exploitation ajustée (qui exclut les écarts d’acquisition dus à la fusion) de 62 millions d’euros, après -254 millions sur les trois premiers mois de l’année.

Mais “les choses devraient progressivement s’améliorer”, selon M. Peterc.

“2009 est une année de transformation. Nous devons être à l’équilibre à la fin de l’année” et “construire les bases d’une année 2010 profitable”, a déclaré M. Verwaayen lors d’une conférence téléphonique.

Le groupe vise toujours pour 2009 un “résultat d’exploitation ajusté aux alentours de l’équilibre” dans un marché en baisse “de 8 à 12%” à taux de change constants, tandis que pour l’exercice 2010, il s’attend à “un petit bénéfice”, a précisé M. Verwaayen.

Le nouveau directeur général s’est dit “très satisfait des progrès (…) faits ce trimestre”, en évoquant des “résultats très encourageants”.

La Bourse de Paris a d’ailleurs salué ces annonces, les résultats étant en ligne, voire supérieurs aux attentes, à l’image du chiffre d’affaires de 3,9 milliards sur la période (-4,8%), contre 3,8 milliards prévus par les analystes.

A 11H00 GMT (13H00), le titre prenait 7,19%, à 1,936 euro, dans un marché en hausse de 1,16%.

M. Verwaayen a précisé qu’au 30 juin, “35% de son plan annualisé de réduction des coûts (pour 2009) avait été réalisé”.

Interrogé sur d’éventuelles nouvelles suppressions d’emplois, il a déclaré que “la plupart d’entre elles avaient été annoncées”, en soulignant qu'”elles étaient inévitables”.

“Je ne m’attends pas à ce qu’il y en ait beaucoup d’autres”, a-t-il précisé, alors que le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, a multiplié les déclarations cette semaine, s’interrogeant sur la stratégie de la direction.

Il a notamment estimé que le rachat de Lucent par Alcatel était “une erreur” qui “fragilise” aujourd’hui l’équipementier.