Tunisie-Atuge : l’ingénieur citoyen

C’est en tous cas le thème qui a mobilisé les atugéens lors de leur
déjeuner-débat du mardi 2 juin. ”Ingénieur et citoyen” devient un mot d’ordre
pour l’association qui croit fermement que les atugéens sont une souche de
citoyens tenus de marquer leur gratitude à l’Etat qui a parié sur eux en
finançant leurs études à l’étranger. Ce contrat d’allégeance est tout à leur
honneur. La démarche est noble et l’esprit militant.

Cependant, la propension au retour ne saurait être une consigne directive.
Revenir au pays, bienvenue. De préférence avec une compétence cultivée dans l’expat.
L’Atuge a pour elle d’avoir cultivé un réflexe de réseautage très actif qui
inscrit les atugéens dans une toile internationale. En réalité, le pays ne peut
leur fournir les possibilités de se réaliser comme ils le font à
l’international. D’ailleurs, eux-mêmes ont constaté un mouvement de migration de
Paris vers Londres par suite de l’attrait des métiers de la finance à la City.
Ils ont bien dû constituer une structure londonienne.

Le rapport à l’argent

Auparavant, le retour au pays signifiait l’engagement au service de
l’administration. A l’heure actuelle, ils arrivent projets en mains. Et quand
ils shuntent le service public, ils culpabilisent en quelque sorte. Les
ingénieurs ont la réussite discrète et font repentance pour avoir monté des
projets personnels et gagné de l’argent. Le succès matériel est un comme un
manquement à leurs yeux à la dette morale. Mais on voudrait leur signifier
qu’ils sont quittes avec la collectivité nationale parce qu’ils font exactement
ce qu’elle espère d’eux ramener. Colbert, ministre des Finances de Louis XIV,
disait à l’adresse des jeunes dirigeants de son époque «enrichissez-vous». La
mission des atugéens est de transposer leur savoir et leur expertise au pays et
d’en faire un relais pour partenariats internationaux.

Le commerce de contrepartie et les références nationales

Deux figures atugéennes ont exposé leur success story ce jour là. Badreddine
Ouali et Mohamed Frikha, promoteur de Telnet. Deux trajectoires séduisantes,
deux individualités fortes, en réalité, deux cas d’exemples. Badreddine Ouali,
quand il était à la tête de BFI, avait mené une croisade pour convaincre les
pouvoirs publics que les SSII locales devaient se «faire les dents» sur les
marchés domestiques. De la sorte, elles acquièrent des références nationales qui
leur serviront de lettre d’introduction à l’international. Sa démarche a abouti.
BFI n’a pas pu participer à la plateforme de transactions de la bourse mais a
mené à bien celle de la télécompensation bancaire. Et c’était un heureux
précédent. Aujourd’hui à la tête de Vermeg, il mène un autre combat.

Mohamed Frikha à la tête de Telnet reconnaît avoir bénéficié de la loi de
compensation exigée des intégrateurs de solutions qui opéraient en Tunisie. Le
commerce de «contrepartie» pourrait être reconduit à l’heure actuelle et, à en
juger par la réussite de Telnet, profiterait à Tous. Voilà deux pistes qu’il
faudra explorer indéfiniment pour donner du relief aux avantages comparatifs du
pays.