Tunisie – Tourisme : Le salut viendrait-il du ciel?!

La dépendance de notre tourisme de la mainmise des Tours-Operators géants
pèse sur sa rentabilité. L’ouverture du ciel permettra aux touristes de
venir chez nous, pour pas cher. Cela relancera la compétition !

Une force de frappe

Le secteur touristique a été au cœur de la démarche initiale de décollage
économique de la Tunisie. Le premier code d’investissements remonte à 1969.
Il demeure au cœur de la stratégie d’émergence. Le premier CMR du Changement
a été consacré au secteur. D’ailleurs, le tourisme participe à notre
dynamique de croissance de manière conséquente. L’initiative conjointe du
public et du privé, soutenues par des politiques d’incitation ont doté le
pays d’une infrastructure d’accueil et de transport.

A l’heure actuelle on dispose d’une force de frappe en phase avec nos
limites physiques. Le pays possède des zones touristiques bien délimitées,
près de 850 unités hôtelières, 240.000 lits, sept aéroports internationaux,
un réseau de voyagistes. Le métier s’est pris en mains en se dotant d’une
fédération. On a cultivé une expérience professionnelle et on a su mettre en
valeur des atouts nombreux et variés.

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A présent, on a le souci de maîtriser le développement du secteur et surtout
d’améliorer sa valeur ajoutée. Car au bout d’un demi siècle d’expérience, la
Tunisie est en droit d’espérer de faire performer le secteur en associant le
plus possible les privés à cette vaste entreprise. L’ensemble de ces
éléments ressort bien de l’étude du CJD.

La position dans la région

Le pays est dans le peloton de tête de la Méditerranée. Nous y figurons avec
la Grèce et l’Egypte, deux destinations mythiques ainsi qu’avec le Maroc qui
s’est bien taillé une place au soleil de même qu’avec la Turquie qui se
prévaut d’une politique touristique offensive. Parmi ces compétiteurs, le
pays défend mal son bout de gras. Premier dans le classement de Davos, pour
la productivité de l’environnement touristique, le secteur traîne quelques
handicaps et souffre de certaines contre-performances.

Alors, la finalité de la politique touristique est de faire réaliser au
secteur un saut de palier.

Les handicaps

Il y en a qui touchent à l’offre touristique elle-même tandis que d’autres
relèvent des contraintes de développement, auxquelles il faut ajouter
certaines rigidités administratives. La destination est trop marquée par le
produit balnéaire, et ce malgré toutes les tentatives de promotion du
tourisme saharien, golfique, de thalasso, de séminaires, de congrès.

L’image du parasol et du palace où l’on s’ennuie avec un arrière-pays qui ne
suit pas, parasite notre image. Le métier souffre d’un déficit de qualité et
la formation, en dépit de progrès sensibles, reste en retard. Les plages de
sable fin, cela a bien marché au tout début. Quand la concurrence nous est
tombée dessus, notre produit n’a pas su s’enrichir. Et même quand il est
monté de gamme, il n’a pas su communiquer pour effacer les vieux clichés.

Enfin, le packaging global reste dans l’ensemble mal ficelé. Le
divertissement, l’artisanat, les richesses culturelles et archéologiques du
pays, comme source d’émerveillement… tout cela est peu exploité. Le
résultat des courses est que le touriste dépense peu (nous sommes dernier de
la liste). De même que le touriste revient peu et parle assez peu de la
Tunisie; d’ailleurs, nous ne figurons pas dans le top ten des destinations
inoubliables et pourtant ! La pause confort sur nos routes, les restaurants
qui acceptent des clients après 21 heures, les autorisations
administratives, l’engagement du privé…

L’extension du Programme de mise à niveau est-elle possible ?

Comment faire du pays un ensemble homogène dédié de sorte que le touriste y
trouve son confort en satisfaisant sa curiosité et en savourant son séjour ?
Les éléments de réponse à cette question suffiraient à constituer une
politique touristique. Il y a tout le contenu du Programme de mise à niveau
qui a pour objet de reconfigurer l’offre et tout l’effort de marketing
nécessaire à la distribution du produit et au ciblage des marchés émetteurs.
On peut même se demander s’il ne faut pas étendre la mise à niveau à touts
les aspects sous-jacents au secteur. Toutes les parties se mettront en
intelligence. Connaissant les plaies du tourisme, on sait exactement où il
faut focaliser les efforts de renaissance.

Comment desserrer l’étau des «Tour-Operators» ?

A présent, on sait garnir une politique de mise à niveau parce qu’on a
approfondi la réflexion en la matière. On sait qu’il faut relooker le
produit, améliorer les comportements. C’est une affaire de marketing et de
distribution. Comment attirer le chaland? C’est là que la question prend une
tournure intéressante.

La distribution est actuellement sous l’ascendant des voyagistes. Ces
derniers se sont beaucoup intégrés en jouxtant le réseau des points de
vente, les agences, avec le transport aérien. Et c’est cette intégration de
filière qui nous rend dépendant. Le touriste qui a envie de se rendre en
Tunisie par avion a deux possibilités. Où il voyage avec une compagnie
aérienne commerciale donc chère -et s’il veut un charter il n’a pas d’autres
moyens que de s’en remettre à un TO, qui le transporte et le loge. Ces
opérateurs ont un tel pouvoir de marché que pour faire baisser les prix sur
une destination, ils rognent sur la part de l’hotelier et non sur le
transport pour ne pas grever leurs marges.

Ce bras de fer dure depuis longtemps et c’est ce qui bride l’émancipation du
secteur. La parade qui a été imaginée par la Tunisie a été tout récemment
d’ouvrir le ciel aux compagnies de charters qui font du transport sec. Et
une fois le touriste sur place, il est pris en mains par son hôtelier
réceptif. Cette parade de libération du ciel constitue une riposte adaptée.
Elle est inspirée du yield management et elle offre des perspectives réelles
de desserrer la mainmise des TO sur le marché touristique tunisien.

Les autres propositions coulent de source. A titre d’exemple, on sait qu’il
serait utile de reconsidérer le budget de la promotion en vue d’aller de
deux à trois vagues publicitaires en vue d’avoir une présence médiatique
payante. Tout cela ne manque pas de conséquence mais le plus dur est la
bataille commerciale. Ne pouvant assurer par nos propres TO la distribution
de notre tourisme, ne restons pas prisonniers des circuits dominants et de
leurs pratiques monopolistiques et permettons aux touristes de venir chez
nous à des prix économiques pour soutenir la concurrence. 

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