Après la crise gazière, Angela Merkel veut que l’UE fasse pression sur Moscou

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Un compresseur de gaz sur le site de Boyarka en Ukraine, le 2 janvier 2009 (Photo : Sergei Supinsky)

[29/01/2009 16:50:25] BERLIN (AFP) Tirant les conséquences du conflit gazier entre la Russie et l’Ukraine, la chancelière allemande Angela Merkel a souhaité que l’UE augmente sa pression sur Moscou, estimant qu’une augmentation des financements ne résoudrait pas seule les problèmes d’approvisionnement de l’UE.

Dans un courrier à l’UE communiqué par Berlin jeudi, Mme Merkel plaide pour l’ajout d’un chapitre énergétique “substantiel” dans la discussion sur un partenariat UE-Russie, et pour la cause des projets de gazoducs Nabucco, Nord Stream et South Stream.

“Nous devrions pousser à la finalisation d’un chapitre substantiel sur l’énergie dans le cadre d’un accord de partenariat et de coopération avec la Russie”, a écrit la chancelière dans cette lettre adressée au président de la Commission européenne José Manuel Barroso et au Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, président en exercice de l’UE.

L’objectif est “d’apporter à nos fournisseurs d’énergie opérant en Russie la sécurité juridique nécessaire à l’extraction et l’exploitation de gisements de gaz”, a ajouté Mme Merkel.

Toutefois, “des moyens supplémentaires provenant du budget de l’UE ne résoudront pas notre problème”, a précisé la chancelière.

“La Russie et l’Ukraine vont continuer à jouer un rôle important et central dans l’approvisionnement en gaz de l’Europe. Nous devons envoyer à ces deux pays le signal clair qu’un tel conflit ne doit pas se reproduire”, a encore écrit Mme Merkel. Berlin espère que le dossier avancera au sommet européen des 19 et 20 mars.

Mme Merkel plaide pour une “diversification renforcée” de l’approvisionnement de l’UE, qu’il s’agisse “des pays fournisseurs ou des voies d’approvisionnement”.

C’est pourquoi “nous devons intensifier nos relations avec la région de la Caspienne afin, avant tout, de pouvoir réaliser le projet Nabucco”, écrit-elle.

Nabucco doit être approvisionné en gaz non russe venant notamment de la mer Caspienne et transiter par la Turquie, les Balkans et l’Europe centrale.

“Les projets Nord Stream et South Stream sont eux aussi importants pour assurer de manière fiable les besoins d’importation européens”, a estimé Mme Merkel, en jugeant “d’une grande importance que ces (trois) projets soient voulus et soutenus par tous les pays de l’UE”.

Nord Stream est un projet commun du russe Gazprom et des allemands BASF et EON qui doit relier directement la Russie à l’Allemagne en passant sous la Baltique. South Stream est son pendant méridional, passant sous la mer Noire vers l’Europe. Tous deux doivent permettre à la Russie de livrer l’Europe en contournant des pays de transit comme l’Ukraine et le Bélarus, avec lesquels elle a fréquemment eu maille à partir ces dernières années.

“Les éléments soulevés dans la lettre font l’objet d’un vaste soutien (…) Nous saluons cet engagement actif dans le débat”, a commenté jeudi Amadeu Altafaj, porte-parole de la Commission.

Le porte-parole chargé de l’Energie, Ferran Tarradellas, a rappelé que Nabucco restait “la priorité numéro un” dans la politique de diversification de l’UE et que Nord Stream était “un projet prioritaire”, contrairement à South Stream.

La Commission a proposé mercredi de consacrer 3,5 milliards d’euros de fonds européens à des projets énergétiques clés comme Nabucco pour éviter une répétition de la récente crise gazière russo-ukrainienne. Celle-ci a mis en évidence les lacunes du réseau intérieur de gazoducs de l’UE.