LivretA : après une valse-hésitation, le gouvernement limite la baisse à 2,5%

photo_1232017264286-1-1.jpg
Un livret A (Photo : Mychèle Daniau)

[15/01/2009 18:11:50] PARIS (AFP) Le gouvernement a finalement décidé jeudi, après beaucoup d’hésitations et d’annonces contradictoires, de limiter la baisse du taux de rémunération du Livret A à 2,5%, soucieux de ne pas mécontenter, dans le marasme économique actuel, les 46 millions de détenteurs.

En application du mécanisme d’ajustement automatique, instauré en 2003 pour dépolitiser ce sujet sensible, le taux du Livret A aurait dû passer de 4 à 2%.

Mais l’exécutif en a décidé autrement: le Premier ministre François Fillon a déclaré que le gouvernement suivrait “la recommandation” de la Banque de France de donner un coup de pouce à la rémunération du Livret A en limitant sa baisse à 2,5%.

Alors que l’opposition l’accuse de ne rien faire pour préserver le pouvoir d’achat des Français modestes, le gouvernement était face à un dilemme.

S’il laissait le taux baisser à 2%, il risquait de fâcher les épargnants, déjà éprouvés par la crise financière. Mais s’il le maintenait à 4%, il pénalisait les organismes du logement social, qui se financent sur ses fonds, mais à un taux proche de celui du Livret A.

Malgré ce coup de pouce, le Parti socialiste a dénoncé une “sanction infligée à l’épargne populaire”, tandis que les parlementaires communistes ont qualifié cette baisse “d’incitation aux ménages à aller placer leur épargne dans une Bourse de plus en plus mal en point”.

photo_1232032979676-1-1.jpg
émunération du Livret A depuis 2001 et hausse prévue pour le 1er février 2009 (Photo : null)

Signe des hésitations du gouvernement, le Livret A a donné lieu à une véritable cacophonie gouvernementale.

Mercredi, Bercy avait jugé “très probable” que son taux soit fixé à 2%, un niveau préservant largement à ses yeux le pouvoir d’achat des Français puisque l’inflation n’est plus actuellement que de 1%.

A sa suite, le Premier ministre François Fillon avait rejeté l’idée d’un coup de pouce du gouvernement, laissant augurer que le taux serait bien ramené à 2%.

Mais dans la soirée, le site internet du Monde, citant des sources à l’Elysée et à Bercy, annonçait que la baisse devrait être limitée à 2,5%.

M. Fillon s’est finalement rétracté jeudi, expliquant que dans son esprit, “un coup de pouce” aurait signifié aller au-delà des recommandations de la Banque de France.

Le taux du Livret A, ajusté en août et en février, résulte d’un calcul qui prend en compte l’évolution de l’inflation et des taux d’intérêt à court terme.

C’est la deuxième fois en un an que le gouvernement s’affranchit de cette règle, posant in fine la question du maintien du système de réajustement automatique.

Le chef du gouvernement lui-même a indiqué que le taux pourrait être revu “chaque fois que cela sera nécessaire” cette année au regard de l’évolution de l’inflation, qui devrait continuer à décélérer.

Considéré comme le symbole de l’épargne populaire, le Livret A, avec 133 milliards de dépôts aujourd’hui, “n’est pourtant pas exclusivement le support de l’épargne des bas revenus”, note Cyril Blesson, directeur de la recherche économique de Seeds Finance.

A ses yeux, le meilleur moyen pour les Français de maintenir leur pouvoir d’achat est de conserver leur emploi. En 2007, les intérêts reçus par les ménages français correspondaient à seulement 3,3% de leur revenu, rappelle-t-il.

La principale fédération d’épargnants, la Faider, a pour sa part salué la baisse du taux du Livret A. Celle-ci devrait en effet, selon elle, rendre de nouveau attractive l’assurance-vie qui est l’un des principaux moyens pour les Français de financer leur retraite complémentaire et d’anticiper la perte d’autonomie.