L’Afrique devrait attirer davantage d’IDE arabes !

Par : Tallel

Tout porte à croire qu’en 2009, les investissements arabes sur
le continent africain devraient se poursuivre sur leur lancée de 2008. Mais ils
auront de sérieux concurrents, à l’occurrence les Chinois et les Indiens –et à
une moindre mesure le Brésil.

Par zone, c’est le Maghreb qui s’est taillé la par du lion au
cours de l’année écoulée. Désormais, le Maroc, qui attirait à lui seul 80% des
capitaux arabes dans la région, est talonné par l’Algérie avec 10 milliards de
dollars, selon les chiffres fournis par l’Agence nationale algérienne de
développement de l’investissement (ANDI).

Quant au Maroc, on apprend que les investisseurs des pays du Golfe se sont
organisés en forum, qui se réunit régulièrement, souligne notre confrère ‘’lesafrique.com’’.
Ce qui, à terme, peut constituer une excellente initiative, par ces temps de
crise. Ainsi, ‘’les Emirats et le Koweït y ont créé le Moroccan Infrastructure
Fund (MIF), un fonds d’investissement privé. Emaar a mis 2,5 milliards de
dollars dans des pôles balnéaires semi-urbains et la construction d’une station
de ski à Oukaïmeden. Pour l’aménagement de la vallée de l’oued Bouregreg, Dubaï
Holding a injecté 2 milliards de dollars. Abu Dhabi Investment House vient, de
son côté, d’engager 400 millions de dollars pour construire une cité touristique
à Marrakech, au sud du Maroc, baptisée Porta Moda. Selon ses initiateurs, le
projet devra créer à terme 8000 postes d’emplois’’.

Mais la Tunisie n’est pas en reste, puisque Abu Dhabi Investment House compte
réaliser un projet similaire en Tunisie, ‘’un pays qui travaille pour séduire
les investisseurs qataris’’. Et ça marche. La preuve ? Plusieurs entreprises des
Emirats construisent déjà des complexes hôteliers et des centres commerciaux sur
la côte méditerranéenne’’.

De son côté, le groupe saoudien MBI International a racheté l’hôtel de luxe
Africa pour 43 millions d’euros. ET porte à croire que ce n’est qu’un début
d’autant plus que ‘’ce groupe, fortement présent au Moyen-Orient, envisage
d’acquérir trois autres hôtels et un terrain de golf’’, rappelle notre confrère.

L’opération de recrutement de cadres et de techniciens, lancée ces derniers
jours par le groupe émirati Bukhatir, fait parler tout Tunis. Bukhatir va, pour
un coût de 5 milliards de dollars, bâtir un immense projet Tunis Sports City et
une cité résidentielle pour un montant similaire.

Et l’Afrique subsaharienne ans tout ça ?

Oui, l’Afrique au sud du Sahara ne serait pas oubliée qui, selon les
prévisions, pourrait profiter de la crise mondiale pour attirer davantage de
capitaux, y compris donc ceux des Arabes du Golfe.

Il faut noter que les investisseurs arabes, peu intéressés par les matières
premières, sont déjà présents en Afrique de l’Ouest. Au Sénégal, par exemple, le
groupe émirati Al-Qudra a débloqué plus de 500 millions d’euros pour la
construction de logements, d’une cimenterie et d’un complexe touristique ; sans
oublier que DP World gère déjà le Port de Dakar.

Toujours en Afrique de l’Ouest, le capital du principal opérateur de
téléphonie ivoirien, Atlantique Telecom, est détenu 50% par l’émirati Etisalat.
Le groupe de télécommunication Zain (ex-Celtel), présent dans seize pays
africains, a été acquis par le Koweïtien KSC. Zain, qui pèse 25 milliards de
dollars de capitalisation boursière, a investi 10 milliards de dollars en
Afrique. «Pour 2008, notre chiffre d’affaires devrait atteindre 7,5 milliards de
dollars. L’Afrique a contribué à hauteur de 56% dans les revenus de Zain et a
représenté 63% de la clientèle», précise un responsable du groupe, présent
également au Moyen-Orient.

En Afrique du Sud, la firme Dubaï Istithmar réalise le Victoria et Albert
Waterfront, zone commerciale située sur le front de mer du Cape, pour un montant
estimé à 1 milliard de dollars.

Burkina Faso, Nigeria, Ghana, Guinée-Conakry, Mali, et bien d’autres sont des
pays en ligne de mire des investisseurs arabes en Afrique, lesquels comptent
investir plus de 150 milliards de dollars en à l’étranger.

En somme, tout incite à affirmer que l’intérêt des capitaux arabes pour
l’Afrique devrait se renforcer, et ce essentiellement à cause ‘’de la crise
financière internationale qui a fait de l’Europe et de l’Amérique du Nord des
places repoussantes ou instables’’.

Rappelons que les investissements directs étrangers (IDE) sont en
augmentation au cours des 5 dernières années ; chiffres confirmés par la
Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), qui
indique que le continent a attiré en 2007 le niveau record de 53 milliards de
dollars.

Cela dit, les Chinois, les Indiens mais aussi les Thaïlandais e autres
Brésiliens risquent d’être des concurrents sérieux des pays du Golfe sur le
continent en cette année 209… pour se disputer des secteurs d’activité
lucratifs. D’ailleurs, la Libye a annoncé la couleur : les dirigeants libyens
comptent investir pas moins de 10 milliards de dollars en Egypte d’ici 2010,
mais d’autres pays seraient visés. Et la visite du président de la Banque
africaine de développement (BAD) vers la mi-décembre 2008 a permis de saisir
l’importance qu’attachent la Libye et l’institution africaine pour le
développement du continent africain.

Les entreprises tunisiennes, tous secteurs confondus, devraient suivre de
près les IDE en Afrique, histoire de voir plus clair, en attendant la ”levée”
du voile sur l’Europe.