Argentine : le Congrès vote la nationalisation des caisses de retraite

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ès lors du vote de la nationalisation des caisses de retraite, le 6 novembre 2008 à Buenos Aires (Photo : Daniel Garcia)

[21/11/2008 07:34:29] BUENOS AIRES (AFP) Le Parlement argentin a voté jeudi la nationalisation des fonds de pension privés, ouvrant la voie au transfert d’environ 26 milliards de dollars à un système unique de retraites de l’Etat, en dépit des critiques de l’opposition et des inquiétudes des milieux économiques.

Le texte, déjà approuvé par les députés le 7 novembre, a été adopté jeudi soir par le Sénat par 46 voix pour, 18 contre et une abstention.

Ce projet, justifié selon le gouvernement par la crise financière internationale qui menaçait de banqueroute ces caisses de retraite, a été très mal accueilli par les marchés et durement critiqué par l’opposition.

Cette mesure “va provoquer une des crises les plus profondes jamais connue dans notre histoire”, a dénoncé dès avant le vote Ricardo Murphy, ex-ministre de l’Economie et un des leaders de l’opposition libérale.

Jeudi, la bourse de Buenos Aires a chuté de 6,58% dans le sillage des autres bourses mondiales, mais aussi en raison du vote attendu au Sénat argentin.

La réforme inquiète les milieux économiques qui craignent que les fonds de retraite ne servent à assurer les besoins de financement de l’Etat, asséchant d’autant le marché du crédit au détriment notamment des entreprises.

Les dix caisses de retraite que le gouvernement entend nationaliser appartiennent toutes à des banques qui administrent des investissements de quelque 26 milliards de dollars (20,7 milliards d’euros).

A l’inquiétude des milieux d’affaires se sont ajoutées les critiques de l’opposition, qui estime que cette nationalisation n’est rien d’autre qu’une “confiscation” de la part du gouvernement destinée à assurer ses besoins de financement. L’Argentine doit faire face en 2009 et 2010 à des besoins de financement pour le service de sa dette extérieure de l’ordre de 40 milliards de dollars (32 milliards d’euros).

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ésidente argentine Cristina Kirchner, le 21 octobre 2008 à Buenos Aires (Photo : Daniel Garcia)

Le gouvernement a rejeté ces critiques, soulignant notamment que les caisses de retraite avaient perdu 27 milliards de pesos (8,32 milliards de dollars) entre octobre 2007 et octobre 2008, et qu’il était devenu indispensable de sauver les retraites.

La présidente argentine Cristina Kirchner avait ainsi assuré samedi devant ses pairs, rassemblés à l’occasion du sommet du G-20, que la privatisation des fonds de retraite en 1994 était responsable “de 42% de la dette extérieure et d’une bonne partie du défaut de paiement (de cette dette) intervenu en 2001”.

L’Etat argentin doit apporter sa contribution au paiement de 77% des retraites privées en apportant quelque quatre milliards de pesos (954 millions d’euros) par an, en raison de l’insuffisance des fonds, avait-elle encore expliqué.

Quelque 9,5 millions de personnes sont concernées, bien que seuls 3,6 millions d’entre elles cotisent réellement à ces fonds de retraite, selon des chiffres du secteur, où l’évasion est courante.

L’annonce fin octobre de cette nationalisation avait levé un vent de panique sur les marchés financiers, y compris à Madrid où la bourse avait chuté de plus de 8%, entrainée par les sociétés ayant des intérêts en Argentine. Des banques espagnoles, Santander et BBVA, sont propriétaires de certaines de ces caisses de retraite.

Le patronat espagnol avait alors estimé “mauvaise” la situation des entreprises espagnoles en Argentine.