La BNA sous la loupe de Maxula Bourse

La crise financière a mis sous les projecteurs la nécessité
des réformes structurelles au niveau du système économique et financier mondial.
Les mesures d’urgence prises par les plus puissants gouvernements témoignent de
ce grand malaise : le système financier a été touché en plein cœur durant cette
crise. La recherche du profit immédiat au détriment de l’économie et de la
société a été une des failles de cette idéologie. Désormais, investir dans les
secteurs stratégiques, dans les grands projets industriels et d’infrastructure,
ou encore l’éducation, constituent les clés de la croissance.

Donner des marges à l’action publique a été la devise tunisienne et
l’agriculture a été un des vecteurs de cette intervention. L’Etat tunisien a su,
dans une certaine mesure, maîtriser les effets de la flambée des prix
alimentaires, à travers des politiques bien visées, des investissements dans le
secteur agricole, une banque nationale au service du secteur «la BNA»… Alors que
la tendance générale en matière d’agriculture, tout comme la majorité des
secteurs, a été axée vers la libéralisation des marchés et la limitation du rôle
de l’Etat. Des économies ont malheureusement payé cher le laxisme des politiques
où l’exposition à la volatilité des marchés a fait des ravages.

Dans le même thème, à savoir les leçons qu’on peut tirer de la crise, la BNA
a pu se défaire de l’image de la banque étatique et gagner au contraire ses
galons de banque à tout faire, dans un contexte de nationalisation massive des
plus grandes banques internationales. Il va de soi que l’aspect social, en
l’occurrence la préservation du secteur agricole, va de pair avec un profit
financier bien situé dans la ligne des banques privées.

Dans ce cas de figure, on ne parle plus de profit financier mais de profit
économique. Assurant un rôle actif dans le soutien des agriculteurs, la BNA a su
faire la part des choses et réaliser une croissance saine. La diversification
des activités fait aussi partie des priorités de la banque synonyme d’un
portefeuille d’activité à la fois large et équilibré. La BNA opère dans
quasiment la totalité des secteurs stratégiques de l’économie tunisienne
-industries manufacturières (24%), commerce divers ainsi que le créneau des
crédits aux particuliers (+12%). L’agriculture ne constitue que 21% des
engagements de la BNA.

Les chiffres présentés lors de la communication tenue à Tunis par la
direction de la banque ne peuvent que confirmer le dynamisme et la croissance
soutenue dans lesquels s’est inscrit l’ensemble des indicateurs de la BNA,
témoignant des efforts entrepris à la fois sur le plan commercial et financier.
Une croissance moyenne des bénéfices de l’ordre de 108% sur les quatre derniers
exercices est un chiffre qui montre l’importante consolidation de l’activité de
la banque durant cette période.

Par ailleurs, lors de la présentation, les responsables de la BNA ont
souligné le fait que cette croissance des bénéfices était, en effet, corrélée à
un renforcement du taux de provisionnement qui est passé de 46,9% en 2004 à
53,2% en 2007; la banque projette d’atteindre le taux réglementaire national de
70% d’ici 2009, surtout qu’au cours de l’exercice 2008, ce taux a atteint la
barre des 63%.

Le taux des créances classées se trouve, quant à lui, en respect de la norme
en vigueur puisqu’en 2007 il a atteint 13,2% pour une norme nationale de 15%.

La croissance des bénéfices s’est aussi répercutée sur la rentabilité de la
banque. Ainsi, s’étant engagée dans des efforts soutenus en matière de
provisionnement et de restructuration, la BNA commence à récolter les fruits de
ses efforts en voyant sa rentabilité hissée à de hauts paliers. Sur les quatre
dernières années, la rentabilité des fonds propres s’est accrue avec une
croissance moyenne de l’ordre de 102 points de pourcentage pour passer de 1,5%
en 2004 à 12,7% en 2007. De même, la rentabilité de l’actif a progressé avec une
moyenne annuelle de 88 points de pourcentage sur les quatre derniers exercices,
passant de 0,1% en 2004 à 0,6% en 2007.

Devant cette performance de la BNA, la question qui se pose est de savoir
quelles sont les origines de l’amélioration des fondamentaux de la banque ?
D’une part, le management a fait remarquer que le produit net bancaire de la BNA
a progressé moyennant un taux de 12% l’an sur les quatre dernières années.
D’autre part, la banque est arrivée à maitriser ses frais généraux qui se sont
vus accroître à un taux moyen de 1,5% l’an durant la même période. En
conséquence, l’efficacité opérationnelle de la banque s’est nettement améliorée
se traduisant par une baisse de l’ordre de 9,5 points de pourcentage du
coefficient d’exploitation sur les quatre exercices passés, ce dernier est passé
de 70,3% en 2004 à 52,1% en 2007.

Dans la même lignée de résultats probants, les réalisations semestrielles se
rapportant au troisième trimestre 2008 témoignent du rythme soutenu de
l’activité de la banque de même que ses résultats. Ainsi, une croissance de
l’ordre de 81,5% a été enregistrée au niveau des bénéfices pour la période
septembre2007/Septembre2008, soit un taux de réalisation de 81,5% du résultat
prévu par la banque d’ici fin décembre 2008. De même, les taux de réalisation
des autres postes sont jugés satisfaisants. Le PNB a évolué de 13,1%, pour
atteindre la barre de 149,8 MDT à fin septembre 2008.

Vers la fin de la présentation, des chiffres prévisionnels relatifs aux
exercices 2008 et 2009 ont été avancés.

Le produit net bancaire dépassera la barre des 200 MDT d’ici fin décembre
2008, quant au bénéfice net, il dépassera lui les 30 MDT, le taux de
provisionnement restera en dessous de la norme nationale de 70%, et le taux des
créances classées baissera à 13%. A l’issue de l’exercice 2009, les normes
réglementaires nationales seront respectées, le bénéfice net atteindra les 34,6
MDT, en hausse de 23% par rapport à 2007.

Lors de la présentation, les responsables ont également rappelé la stratégie
adoptée par la banque qui consiste en la poursuite de sa politique commerciale
basée sur la conservation de sa clientèle actuelle tout en explorant de nouveaux
segments. De même, la banque a axé ses efforts en matière de politique
commerciale sur l’adéquation de son offre à l’évolution des besoins de sa
clientèle. La banque compte également s’orienter vers des segments qui
présentent de fortes marges et, par la même, diversifier les risques encourus en
matière d’octroi de crédits de marché et de se mettre en conformité avec Bâle II.
Ils ont aussi rappelé qu’avec le réseau d’agences le plus étendu sur le
territoire tunisien, comptant 148 agences, la BNA est qualifiée de banque de
proximité.

Source : Maxula Bourse