Les marchés poursuivent leur rebond, mais l’économie inquiète toujours

[29/10/2008 21:44:45] WASHINGTON (AFP)

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à la Bourse de New York, le 29 octobre 2008 (Photo : Chris Hondros)

Euphoriques, les marchés financiers européens se sont envolés mercredi, anticipant la baisse des taux d’intérêt aux Etats-Unis, qui n’a en revanche pas séduit Wall Street.

Comme prévu, la Réserve Fédérale américaine (Fed) a abaissé de 0,50 point son taux directeur à 1%, ainsi que son taux d’escompte, ramené à 0,25%. Le taux directeur revient à son plus bas niveau depuis juin 2004.

Le Comité de politique monétaire de la Fed a relevé que le “rythme de l’activité a ralenti de manière marquée” aux Etats-Unis en raison d’un fort recul des dépenses de consommation.

La Bourse de New York a cependant terminé la séance sans direction après cette décision largement anticipée. Le Dow Jones a perdu 0,82% à 8.990,96 points au lendemain d’un rebond spectaculaire de près de 11%.

“Il y a deux manières de voir: d’un côté la Fed reconnaît que tout ce qu’elle a fait pour l’instant ne suffit pas à empêcher les Etats-Unis de tomber dans la récession, d’un autre côté cela montre qu’elle reste déterminée à agir pour soutenir la croissance”, a réagi Lindsey Piegza, de FTN Financial.

Au Brésil, la Bourse de Sao Paulo, première place financière d’Amérique du sud, a terminé en forte hausse de 4,37%,

Avant l’annonce de la Fed, l’heure était à la liesse sur la plupart des marchés européens: dans le sillage de la flambée de Wall Street mardi, la place de Paris a bondi de 9,23% et Londres de 8,05%.

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Evolution des taux de la Fed et de la BCE depuis 2004

Ailleurs en Europe, Madrid (+9,42%) a enregistré sa deuxième plus forte hausse de l’histoire, tandis que Milan grimpait de 9,87% et Zurich de 6,18%.

Les deux Bourses de Moscou, le RTS et le Micex, ont gagné 11,88% et 13,84%.

“Les marchés ont été dopés par des espoirs d’une nouvelle série de baisse de taux de la part de plusieurs banques centrales, dans le but de contrer les débuts d’une récession prolongée”, commentait à Londres Anthony Grech, stratégiste chez IG Index.

Exception notable, la Bourse de Francfort a cédé 0,31%, freinée par la chute de Volkswagen (-45,29%), objet d’une forte spéculation. La folle envolée du même titre avait dopé mardi le Dax, qui avait gagné plus de 11%.

Pressée de réagir face à la crise, la Commission européenne a promis des mesures de relance pour soutenir l’économie menacée de récession, quitte à fermer les yeux sur les déficits.

Un plan d’action présenté le 26 novembre “comprendra des actions ciblées sur le court terme” pour la croissance et l’emploi, a expliqué le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

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ésident de la Commission européenne Jose Manuel Barroso à Bruxelles, le 29 octobre 2008 (Photo : Dominique Faget)

Alors que les menaces sur l’économie mondiale persistent, la remontée des marchés financiers laissait les opérateurs sceptiques. “C’est typique des marchés baissiers de rebondir de manière complètement folle”, commentait à New York l’analyste Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management.

Les signes de détente monétaire se multipliaient dans le monde. La Banque centrale de Chine a annoncé sa troisième baisse des taux d’intérêt en six semaines. La Banque centrale européenne (BCE) a déjà jugé “possible” une baisse de ses taux la semaine prochaine et la Banque d’Angleterre devrait aussi abaisser les siens.

Des informations de presse prêtaient à la Banque du Japon (BoJ) l’intention d’abaisser d’un quart de point son taux directeur pour endiguer la hausse du yen. Une perspective qui a provoqué une flambée de la Bourse de Tokyo, en hausse de 7,74%.

Ailleurs en Asie, Hong Kong a gagné 0,8%, mais Séoul et Shanghai ont perdu respectivement 3% et 2,94%.

Sur le front des devises, l’euro continuait de remonter face au billet vert, cotant 1,2961 dollar à 20H45 GMT. Le yen connaissait un repli après la forte hausse des derniers jours.

Le marché des taux interbancaires poursuivait sa détente, signe que les établissements financiers sont plus enclins à se prêter de l’argent entre eux.

Malgré cette relative accalmie, les inquiétudes sur l’activité économique restent vives.

Indicateur de la crise, les cours du pétrole, qui avaient fortement chuté ces derniers temps, se redressaient, clôturant en hausse de 4,77 dollars à 67,50 dollars le baril à New York. Un niveau toutefois éloigné des records de 147 dollars atteints en juillet.

Baisse des prix des matières premières et dégradation de l’activité se conjuguent pour atténuer les pressions inflationnistes: en Allemagne l’inflation a nettement ralenti en octobre à 2,4% contre 2,9% le mois précédent.

Aux Etats-Unis, les commandes de biens durables sont reparties en hausse de 0,8% en septembre par rapport au mois d’août. Un chiffre toutefois gonflé par les secteurs de la défense et de l’aviation.

C’est la publication jeudi des chiffres du produit intérieur brut (PIB) pour le troisième trimestre aux Etats-Unis, attendus en recul, qui devrait donner la vraie mesure des difficultés de la première économie mondiale.

L’effondrement du secteur immobilier se poursuit en Europe. L’Espagne a annoncé une chute de 37% des ventes de logements en août sur un an.

Les difficultés s’accumulent également pour nombre d’entreprises.

Le conglomérat américain General Electric a lancé un avertissement sur résultat, indiquant que son chiffre d’affaires allait baisser de 10 à 15% en 2009 et que son bénéfice allait stagner.

La compagnie aérienne allemande Lufthansa a enregistré une chute de 74,6% à 149 millions d’euros de son bénéfice net trimestriel, ce qui ne l’a pas empêchée d’annoncer le rachat à hauteur de 80% de sa concurrente britannique British Midland.

Au Danemark, la compagnie aérienne à bas coût Sterling Airways va mettre la clé sous la porte, après la défaillance de ses actionnaires islandais.

Le géant automobile Volkswagen envisage lui aussi de suspendre autour de Noël la production de ses usines allemandes, comme un certain nombre de ses concurrents.