Inde, Brésil et Afrique du Sud discutent à New Delhi de la crise financière

[15/10/2008 13:54:51] NEW DELHI (AFP)

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ésident sud-africain Kgalema Motlanthe (C) et le président brésilien à New Delhi le 15 octobre 2008. (Photo : Pedro Ugarte)

L’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, réunis en sommet mercredi à New Delhi, ont fustigé les pays riches pour avoir provoqué, selon eux, la crise financière mondiale.

Le Premier ministre indien Manmohan Singh recevait le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et le nouveau chef de l’Etat sud-africain Kgalema Motlanthe pour la troisième conférence annuelle India-Brazil-South Africa (IBSA).

Ce sommet, qui se contente d’habitude de plaider pour le renforcement des liens commerciaux et diplomatiques entre les trois puissances émergentes, s’est transformé cette année en tribune contre le capitalisme financier occidental.

Pour le président brésilien, bon nombre de pays en développement sont devenus “les victimes d’une crise financière mondiale engendrée par les pays riches”.

Il est particulièrement injuste, a tonné Lula, que les nations pauvres aient “à payer pour l’irresponsabilité de spéculateurs qui ont transformé le monde en un gigantesque casino”.

M. Motlanthe a tout autant dénoncé “des décisions malvenues d’un petit nombre qui ont poussé le système financier international au bord de l’effondrement”.

“En tant que représentants du monde en développement, nous devons dorénavant considérer avec la plus grande prudence des solutions clefs en main prescrites par le monde développé”, a-t-il averti.

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Le Premier ministre indien Manmohan Singh (g.) au sommet de New Delhi le 15 octobre 2008 (Photo : Prakash Singh)

Dans uns discours plus apaisant, l’hôte indien, M. Singh, a jugé que les trois géants d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique “avaient un rôle majeur à jouer pour garantir une croissance mondiale équitable et contribuer à la stabilité internationale”.

Son ministre des Finances, Palaniappan Chidambaram, répète tous les jours que l’économie et le système bancaire de la dixième puissance mondiale sont “solides” et à l’abri de la bourrasque financière internationale.

Reste que des clignotants sont au rouge en Inde: la Bourse et la roupie s’effondrent, la croissance ralentit et les entreprises s’inquiètent de ne plus avoir accès aux crédits des banques.

Lors de la faillite à la mi-septembre de la banque américaine Lehman Brothers, le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, s’était plu à rappeler à l’adresse de l’Occident que “ceux qui nous ont enseigné les meilleures recettes financières ont été incapables de sauver leur propre système financier”.

L’Inde, dont le phénoménal développement ces dernières années doit beaucoup à la mondialisation, se targue d’être “protégée” de la crise bancaire grâce à une économie loin d’être complètement libéralisée, à d’importantes réserves en devises et à une croissance tirée par son marché intérieur et non par ses exportations.

Le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Inde –dont les populations cumulées atteignent 1,3 milliard d’habitants– sont également convenus de porter de 10 à 15 milliards de dollars d’ici à 2010 leur volume annuel d’échanges commerciaux trilatéraux.

Les trois dirigeants ont aussi parlé de la flambée des prix alimentaires et du pétrole, discuté d’une relance des négociations au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies où ils convoitent des sièges de membres permanents.