Etats-Unis : l’élection fait peser de lourds enjeux sur les décisions économiques

 
 
photo_1218530335829-1-1.jpg
La Maison Blanche (Photo : Karen Bleier)

[12/08/2008 08:43:26] WASHINGTON (AFP) L’économie américaine est devenue l’inquiétude numéro un des ménages à l’approche de l’élection présidentielle et fait peser de lourds enjeux sur les décisions monétaires ou budgétaires qui pourraient être prises d’ici là.

Comme les deux camps s’en souviennent après la défaite de George Bush père en 1992, une économie en berne peut coûter l’élection au candidat du camp sortant.

“Quand il s’agit de voter, ce n’est pas le chômage ni les inégalités qui comptent aux Etats-Unis, mais la bourse et la croissance du revenu réel après impôts”, assure Alan Reynolds du très conservateur Cato Institute.

“Le cours des actions est reparti à la hausse récemment, ce qui est un plus pour le parti au pouvoir. Mais la faiblesse générale de l’économie favorise malgré tout les challengers, dans ce cas les démocrates”, ajoute-t-il.

Sans surprise, les candidats ont remis l’économie au centre de leurs priorités, le démocrate Barack Obama appelant à un nouveau plan de relance et le républicain John McCain plaidant pour des baisses d’impôts.

Les Américains restent en effet très pessimistes sur l’économie, et selon un sondage publié fin juillet par l’institut Pew, 54% jugent que les Etats-Unis sont en récession, et 18% en dépression.

Dans ce contexte la banque centrale marche sur des oeufs, et prend garde à ne pas donner l’impression de vouloir favoriser l’un ou l’autre des candidats.

Son président Ben Bernanke, un républicain modéré nommé par George W. Bush, prend soin de bien affirmer son indépendance — par exemple en rencontrant M. Obama fin juillet.

“Certains voient la Réserve fédérale comme une sorte de créature politique, et c’est regrettable. La Fed fait ce qu’elle pense être le mieux pour l’économie”, assure Michael Swanson de la banque Wells Fargo.

Et par chance pour la banque centrale, le mieux pour l’économie est actuellement de ne pas toucher aux taux d’intérêt. Coincée entre inflation et croissance molle, la Fed a laissé son taux directeur à 2% lors de sa dernière réunion.

La prochaine est prévue le 16 septembre, et il y a peu de chances que l’économie appelle d’ici là un changement de cap monétaire.

“La suivante est fin octobre, et l’élection présidentielle sera trop proche. La Fed ne voudra pas avoir l’air d’essayer d’influencer le résultat de l’élection”, estime John Lonski de Moody’s.

D’ici là, le seul coup d’éclat pourrait venir d’un nouveau plan de relance, même si le premier a pour le moment eu des résultats assez décevants.

Cette perspective ne rencontre pas l’adhésion de tous les économistes, qui voient se creuser le déficit budgétaire à des niveaux faramineux.

“Je doute qu’un second plan de relance soit décidé, mais il ne faut jamais surestimer la sagesse ou la prudence budgétaire des politiciens en année électorale”, assure M. Reynolds.

D’autres rappellent qu’un premier plan de relance est souvent suivi d’un second, et que le deuxième “round” serait sans doute très différent du premier en comprenant moins de chèques de remise d’impôts et plus de mesures à moyen terme.

Les démocrates, partisans d’un nouveau plan de relance, auront en tout cas très peu de temps pour agir. “S’il doit y en avoir un, cela devra être en septembre”, assure Alec Philips de Goldman Sachs.

Le Congrès dominé par les démocrates se réunit le 8 septembre pour trois semaines environ et ce sera la dernière chance de pouvoir agir avant les élections.

Ensuite, “il y a peu de chance que le gouvernement passe une nouvelle loi avant février 2009 au plus tôt”, ajoute M. Philips.

 12/08/2008 08:43:26 – Â© 2008 AFP