Société Générale : les avocats de Kerviel s’en prennent au rôle de la banque

 
 
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érôme Kerviel à son arrivée au pôle financier du tribunal de Paris pour une confrontation avec l’un de ses supérieurs, le 23 juillet 2008 à Paris (Photo : Thomas Coex)

[30/07/2008 13:36:55] PARIS (AFP) Les nouveaux avocats de Jérôme Kerviel ont affiché mercredi leur ambition d’attaquer frontalement la Société Générale en s’interrogeant sur une éventuelle “complaisance” ou “complicité” de la banque afin d’atténuer la responsabilité du jeune trader.

A ce stade, l’enquête n’apporte pas ces réponses, déplorent-ils. “On a besoin d’éclaircissements”, affirme Bernard Benaïem, chef de file de la nouvelle équipe qui a pris en main début juillet la défense du trader, soupçonné de falsifications qui ont coûté 4,9 milliards d’euros à la Société Générale, partie civile dans le dossier.

Alors que l’instruction des juges Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset semblait toucher à sa fin, le trader et ses nouveaux avocats n’ont pas voulu d’un “renvoi a minima devant le tribunal”, a expliqué Me Benaïem au cours d’une rencontre avec quelques journalistes dont l’AFP, destinée à présenter la nouvelle stratégie de défense de son client.

“Au-delà de l’affaire Kerviel, dit-il, Jérôme (Kerviel) a le sentiment que tout n’a pas été dit, que l’affaire Société Générale n’a pas commencé”.

“Il faut savoir s’il y a eu de la part de la banque une complaisance, une ignorance fautive, une complicité par fourniture d’instructions, voire de moyens”, avance-t-il.

Au-delà de l’incantation, les avocats vont devoir trouver dans le dossier ou amener les enquêteurs sur des éléments en ce sens qui ne sont pas apparus ou n’ont pas été exploités après six mois d’investigations.

L’enjeu est simple pour le trader de 31 ans: sa responsabilité, notamment s’agissant des dommages et intérêts qu’il pourrait être amené à payer à la banque, dépend de ce que la Société Générale savait de ses agissements et si elle a éventuellement pu les couvrir.

Ainsi les avocats s’intéressent aux limites des engagements autorisés par la banque à ses traders, dont le rapport de la Commission bancaire dénonce “l’absence”. Le but est “comprendre dans quel contexte Jérôme Kerviel a commis ses actes”, selon Me Benaïem.

Pour la banque, bien qu’informelles, ces limites étaient de 125 millions d’euros pour les huit traders du desk Delta One, sur lequel travaillait Jérôme Kerviel.

La défense s’interroge également sur les conditions de débouclage (vente) des 50 milliards d’euros de positions qu’avait Jérôme Kerviel sur les marchés lorsque l’affaire a été révélée fin janvier.

Opéré en trois jours dans le secret, le débouclage a abouti à une perte de 6,3 milliards d’euros (la perte finale étant de 4,9 milliards, Kerviel ayant des positions bénéficiaires cachées de 1,4 milliard fin 2007).

La banque dit avoir été obligée par la loi bancaire de déboucler immédiatement ses positions et l’a fait en secret avec l’accord de la Banque de France et l’Autorité des marchés financiers.

Une réponse qui ne satisfait pas la défense. “Comment arrive-t-on à ce chiffre, est-ce que la banque avait l’obligation de vendre aussi vite”, se demande Me Caroline Wassermann, l’une des avocates de la nouvelle équipe, qui comprend également Mes Eric Dupond-Moretti, Me Francis Tissot et Me Guillaume Selnet.

Bernard Benaïem le martèle: il ne s’agit “pas de faire un gros dossier médiatique artificiel” mais de “connaître toute la vérité. Ce n’est pas Jérôme Kerviel qui la détient, c’est la Société Générale”.

 30/07/2008 13:36:55 – Â© 2008 AFP