La Banque mondiale préconise de remettre l’agriculture au centre des efforts de développement

Par : Autres
La Banque mondiale préconise de remettre l’agriculture au centre des efforts
de développement

Le nouveau Rapport sur le développement dans le monde préconise d’investir
davantage dans l’agriculture dans les pays en développement et de placer ce
secteur au centre des efforts de développement pour pouvoir atteindre
l’objectif consistant à réduire de moitié d’ici 2015 la proportion de la
population vivant dans une extrême pauvreté et souffrant de la faim.

Intitulé «L’agriculture au service du développement», le rapport constate
que le secteur agricole et le secteur rural ont été négligés et n’ont pas
bénéficié d’investissements suffisants ces 20 dernières années. Alors que 75
% de la population pauvre mondiale vit dans les espaces ruraux, seulement 4% de l’aide publique au développement va à l’agriculture dans les pays en
développement. En Afrique subsaharienne, une région fortement tributaire de
l’agriculture pour sa croissance, les dépenses publiques consacrées à
l’agriculture ne représentent que 4 % des dépenses publiques totales et la
charge fiscale reste relativement lourde dans ce secteur.

Le Groupe de la Banque mondiale recommande d’adopter un nouveau plan
d’action pour une agriculture au service du développement. Selon le Rapport
sur le développement dans le monde, pour les populations les plus pauvres,
une augmentation du PIB déterminée contribue environ quatre fois plus
efficacement à faire reculer la pauvreté lorsque cette augmentation vient de
l’agriculture et non d’un autre secteur.

«Dans les pays en développement, un plan d’action dynamique mettant
l’agriculture au service du développement pourrait apporter beaucoup à
l’immense population de ruraux, estimée à 900 millions de personnes, qui vit
avec moins d’un dollar par jour et exerce en majorité une activité agricole», explique Robert B. Zoellick, Président du Groupe de la Banque mondiale. «Nous devons accorder plus d’importance à l’agriculture à tous les niveaux.
Sur le plan international, les pays doivent adopter des réformes
indispensables, notamment pour diminuer les subventions génératrices de
distorsions et ouvrir les marchés, et les organisations de la société
civile, en particulier les associations de producteurs agricoles, doivent
être davantage impliquées dans l’élaboration des politiques agricoles».

Selon le rapport, l’agriculture offre des voies possibles pour sortir de la
pauvreté à condition que des mesures soient prises pour augmenter la
productivité dans le secteur des produits alimentaires de base, pour inciter
les petits exploitants à se lancer dans les domaines très porteurs et à
forte valeur
ajoutée de l’horticulture, de l’aviculture, de l’aquaculture et des produits
laitiers, et enfin pour créer des emplois ruraux non agricoles.

«En Asie de l’Est, la croissance agricole a permis de faire reculer
considérablement la pauvreté rurale au cours des 15 dernières années»,
explique François Bourguignon, Économiste en chef à la Banque mondiale et
Premier Vice-président, Économie du développement. «La difficulté est de
maintenir et de renforcer le pouvoir unique qu’a l’agriculture de diminuer
la pauvreté, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud où le
nombre de ruraux pauvres continue d’augmenter et va rester supérieur au
nombre de citadins pauvres pendant encore au moins 30 ans».

Pour sa part, la Banque mondiale, dont le volume des prêts à l’agriculture
et au développement rural avait diminué dans les années 80 et 90, est
résolue à augmenter son appui dans ces domaines. Les montants engagés durant
l’exercice 07 ont atteint 3,1 milliards de dollars, en hausse pour la
quatrième année consécutive.

DES CONSTATS PRÉCIS
Le rapport tire aussi la sonnette d’alarme sur les disponibilités
alimentaires mondiales, mises à mal par la demande croissante de produits
alimentaires, d’aliments pour animaux et de biocarburants, par la hausse des
prix de l’énergie, par la pénurie croissante de terres et d’eau, et par les
effets des changements climatiques. Cette situation contribue à son tour à
l’incertitude qui règne sur l’évolution future des prix des produits
alimentaires.

L’agriculture est responsable de 85 % de la consommation d’eau dans le monde
et elle contribue au déboisement, à la dégradation des sols et à la
pollution. Le rapport recommande de rendre certaines mesures pour mettre en
place des systèmes de production plus viables et propose des incitations
pouvant favoriser la protection de l’environnement.

170 millions ont moins d’un dollar par jour pour vivre – le secteur agricole
est essentiel à la croissance globale, à la réduction de la pauvreté et à la
sécurité alimentaire. La plupart de ces pays se trouvent en Afrique
subsaharienne, où l’agriculture emploie 65 % de la population active et
contribue pour 32% à la croissance du PIB.

Concernant l’Afrique subsaharienne, le rapport met en relief les problèmes
auxquels il convient de s’attaquer de toute urgence, à savoir l’insuffisance
des dépenses publiques allouées à l’agriculture, la fourniture d’un appui à
l’aide alimentaire d’urgence par des donateurs qui ne portent pas une
attention suffisante à la recherche d’investissements générateurs de
revenus, les obstacles au commerce et les subventions en vigueur dans les
pays riches sur des produits de base essentiels comme le coton et les
oléagineux, et le potentiel insuffisamment reconnu de millions de femmes qui
occupent une place centrale dans l’agriculture.

Dans les pays en mutation comme la Chine, l’Inde et le Maroc, l’agriculture
contribue en moyenne pour seulement 7% à la croissance du PIB, mais la
faiblesse des revenus ruraux par rapport aux revenus urbains est une source
majeure de tensions politiques. Il faut insuffler du dynamisme aux secteurs
rural et agricole pour atténuer les disparités entre revenus ruraux et
urbains et réduire la pauvreté dans laquelle vivent 600 millions de ruraux,
sans tomber dans le piège des subventions et du protectionnisme qui
bloqueraient la croissance et augmenteraient la charge fiscale sur les
consommateurs pauvres.

Dans les pays urbanisés, principalement en Amérique latine et Caraïbes et en
Europe de l’Est et Asie centrale, l’agriculture contribue pour seulement 5%
à la croissance du PIB en moyenne. Toutefois, 45% des pauvres vivent encore
dans les espaces ruraux, et le secteur agroalimentaire et les services de
restauration représentent pas moins d’un tiers du PIB. L’objectif général
est d’établir des ponts entre les petits exploitants et les marchés
alimentaires modernes, et d’offrir des emplois rémunérateurs à la population
rurale.

Le rapport souligne la nécessité pour les pays riches de réformer les
politiques qui portent préjudice aux pauvres. Par exemple, les États-Unis
doivent impérativement réduire les subventions sur le coton qui font baisser
les cours pour les petits cultivateurs africains. Dans le nouveau secteur
des biocarburants, deux problèmes se superposent : les droits de douane
élevés et les subventions importantes dans les pays riches, qui
renchérissent le prix des denrées alimentaires et limitent les possibilités
d’exportation pour les producteurs performants des pays en développement. Le
rapport ajoute que les pays industrialisés, premiers responsables du
réchauffement climatique, doivent accroître au plus vite leurs efforts pour
aider les agriculteurs pauvres à adapter leurs systèmes de production aux
changements climatiques.

Le rapport et les documents associés seront accessibles sur Internet dès
l’expiration de l’embargo à l’adresse

http://www.banquemondiale.org

 

(Source : Banque mondiale)