Chantiers navals : des Sud-Coréens prennent 39,2% du norvégien Aker Yards

 
 
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Vue aériennes des chantiers Aker Yards à Saint-Nazaire (Photo : Frank Perry)

[23/10/2007 15:40:26] OSLO (AFP) Les chantiers navals sud-coréens STX Shipbuilding ont mis un pied mardi dans Aker Yards, le groupe norvégien qui possède les ex-Chantiers de l’Atlantique et qu’ils pourraient être tentés d’absorber pour son expertise dans le secteur lucratif des navires de croisière.

Septième groupe de construction maritime au monde, STX Shipbuilding a déboursé 563 millions d’euros pour s’arroger une part de 39,2% d’Aker Yards, un niveau qui lui donne une minorité de blocage mais qui reste en-deçà du seuil des 40% qui l’obligerait à déposer une offre sur le reste du capital.

Après avoir longtemps joué le rôle de prédateur, le groupe norvégien se retrouve aujourd’hui dans celui de proie.

“Nous allons collecter toutes les informations pertinentes pour examiner les alternatives stratégiques afin d’optimiser la valeur d’Aker Yards”, a réagi Svein Sivertsen, le président du conseil d’administration d’Aker Yards dans un communiqué.

Interrogé par l’AFP sur la possibilité d’une fusion avec STX Shipbuilding ou au contraire la quête d’un “chevalier blanc”, M. Sivertsen a précisé qu'”aucune option n’est pour l’instant privilégiée”.

Les Sud-Coréens n’avaient pas par avance informé le groupe norvégien de leurs intentions.

“C’est tombé comme une surprise pour nous”, a affirmé M. Sivertsen. “D’un autre côté, depuis le retrait d’Aker en début d’année, nous savions parfaitement que cela pouvait se produire”, a-t-il dit.

En mars, la holding norvégienne Aker, actionnaire historique d’Aker Yards, avait cédé ses 40,1% dans le groupe de construction navale à des investisseurs institutionnels, suscitant en Norvège des craintes de voir les chantiers passer sous pavillon étranger.

Leader de la construction navale en Europe au coude-à-coude avec l’italien Fincantieri, Aker Yards compte 18 sites dans huit pays, notamment en Finlande, en Allemagne, en Norvège et en France.

Ses chantiers finlandais et français sont spécialisés dans la construction de navires de croisière, une expertise qui fait défaut à STX Shipbuilding dans un secteur porteur et rentable.

A Saint-Nazaire, sur le site des ex-Chantiers de l’Atlantique, les syndicats CFDT et CGT ont exprimé leurs inquiétudes quant aux intentions du groupe sud-coréen.

“Vient-il pour prendre la technologie des navires de croisière?”, s’est interrogée la CFDT (majoritaire), tandis que la CGT se demandait si ce rachat n’était pas “le moyen pour la Corée de piller le savoir-faire et les technologies de notre entreprise”.

STX Shipbuilding a acquis les actions d’Aker Yards au prix fort, à 97 couronnes (12,6 euros) l’unité, soit 26,50 couronnes au-dessus du cours de clôture de lundi.

Le titre Aker Yards a bondi mardi à la Bourse d’Oslo, clôturant en hausse de 24,47%, à 88,75 couronnes. Un niveau qui valorise le constructeur naval à plus de 10 milliards de couronnes (près de 1,3 milliard d’euros).

Pour les analystes, les Sud-Coréens ne vont vraisemblablement pas s’arrêter en si bon chemin.

“Même s’ils ont une minorité de blocage, cela ne leur donne pas la même aisance que la majorité, d’autant qu’ils auront des difficultés à décrocher des sièges au conseil d’administration vu que les deux groupes sont concurrents”, a estimé Terje Mauer, un analyste de Glitnir Securities.

“Leur prise de participation ne répond certainement pas non plus à une logique purement financière et on peut donc tabler sur une offre pour l’intégralité du groupe”, a-t-il dit à l’AFP.

La Corée du Sud possède sept des dix plus grands chantiers navals au monde. Sur le premier semestre 2007, les commandes des chantiers sud-coréens affichent une hausse de 38,2% par rapport à l’année précédente en termes de tonnage.

 23/10/2007 15:40:26 – © 2007 AFP