Chômage : la baisse se poursuit en avril, la controverse aussi

 
 
SGE.IJM82.300507194029.photo00.quicklook.default-245x162.jpg
Des jeunes consultent les annonces de l’ANPE, le 17 mai 2006 à Caen (Photo : Mychèle Daniau)

[30/05/2007 19:43:20] PARIS (AFP) La baisse du chômage s’est poursuivie en avril en France, avec un taux ramené à 8,2% en avril selon les premiers chiffres publiés depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, alors que l’intérêt d’une publication mensuelle des chiffres du chômage et l’ampleur du recul sont contestés.

Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 1, qui sert de baromètre officiel en France mais ne concerne que les personnes immédiatement disponibles, en quête d’un CDI à temps plein et ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois, a reculé de 1,2% à 2.011.300 sur un mois et de 11% sur un an.

Le nombre des chômeurs de catégorie 1+6, qui prend en compte ceux ayant exercé une activité occasionnelle ou réduite de plus de 78 heures dans le mois, a diminué de 1% sur un mois et de 8,7% sur un an.

Alors que le président de la République vise un retour au plein emploi en cinq ans (soit 5% de chômage), le taux au sens du Bureau international du travail (BIT), calculé différemment et base des comparaisons internationales, a baissé en avril à 8,2% de la population active (-0,1 point sur un mois, -1,1 sur un an).

“La série mensuelle du chômage au sens du BIT publiée par l’Insee reste provisoire”, a souligné le ministère. La révision complète de ces statistiques, habituellement effectuée en mars de chaque année par l’Insee, a en effet été repoussée à l’automne pour des raisons techniques.

Ce report a alimenté une polémique politique et syndicale déjà vive sur l’ampleur de la baisse du chômage. Les statisticiens du ministère de l’Emploi avaient même fait grève le mois dernier contre la parution de leurs propres chiffres.

Le nombre exact de personnes en recherche d’emploi et l’ampleur des progrès du gouvernement sortant en matière d’emploi a fait l’objet d’une contestation sans précédent sur fond de campagne présidentielle, alors que le chômage reste massif avec un taux supérieur à 8% depuis plus de 20 ans.

La controverse a été avivée par la décision il y a deux mois de l’Office européen des statistiques, Eurostat, de réviser à la hausse le taux de chômage français, à 8,8% en février au lieu de 8,4% selon le gouvernement français.

Et l’intérêt d’une parution des chiffres du chômage tous les mois est contestée par des chercheurs et statisticiens, qui ont critiqué mardi lors d'”Etats généraux des chiffres du chômage et de la précarité” les effets pervers d’un “psychodrame” qui n’illustre pas la précarisation de l’emploi.

“La publication mensuelle d’un chiffre du chômage entretient inévitablement des controverses stériles que les informations disponibles ne permettent pas de trancher. Ce bruit médiatique, qui peut parfois servir la communication gouvernementale, n’apporte rien au débat démocratique qui devrait être organisé dans une plus grande sérénité sur des bases statistiques précises et incontestables”, selon un communiqué des organisateurs publié mercredi.

Face à un phénomène aux frontières floues, avec des Français alternant phases d’emploi et de chômage, et à la montée des “travailleurs pauvres”, de nouveaux indicateurs permettant de mesurer notamment la précarité dans l’emploi ou le déclassement salarial seraient nécessaires, jugent ces experts.

Actuellement, environ un tiers des demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE travaillent chaque mois. Inversement, un nombre croissant de personnes en âge de travailler, notamment les plus de 50 ans, sont en “non emploi” plus ou moins contraint, selon les participants de ces Etats généraux.

L’indemnisation des demandeurs d’emploi reste aussi un problème, puisque moins de la moitié d’entre eux sont pris en charge par l’assurance chômage.

 30/05/2007 19:43:20 – © 2007 AFP