La Berd se tourne vers l’Est et dément toute zizanie entre actionnaires

 
 
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Le président de la BERD, Jean Lemierre, le 23 avril 2007 à Londres (Photo : Carl de Souza)

[21/05/2007 15:23:32] KAZAN (AFP) La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), réunie en assemblée annuelle à Kazan, a confirmé son virage vers l’Est, apportant un soutien ferme à la Russie sur la scène internationale et démenti toute discorde entre ses actionnaires.

La Banque, créée en 1991 pour soutenir les ex-pays communistes dans leur transition vers l’économie de marché, avait choisi la ville de Kazan pour sa portée symbolique: située en Russie mais loin des grands centres (800 km à l’est de Moscou), elle affiche aussi de son point de vue un parcours réussi tant sur le plan économique que culturel et confessionnel.

La stratégie sur cinq ans de redéploiement vers l’est et le sud de l’Europe et de retrait progressif des pays d’Europe centrale et des pays baltes, annoncée il y a un an, a été “fermement appuyée” par les actionnaires lors de l’assemblée, de même que le concept d'”engagement accru dans les régions de Russie, à la fois dans les secteurs privés et publics”, a déclaré le président de la Berd, Jean Lemierre lors d’une conférence de presse.

M. Lemierre a en revanche reconnu -en référence notamment aux Etats-Unis- que certains pays s’étaient opposés à la transformation en réserves des profits record que la banque a engrangés en 2006. Mais il a souligné que cela était la manifestation d’un “débat ouvert et transparent”, qui “rend l’institution plus forte”.

La Berd a dégagé l’an dernier un bénéfice de 2,4 milliards d’euros, recueillant les fruits d’investissements parfois risqués dans des entreprises des pays d’Europe centrale, et est en plein débat sur l’utilisation de cet argent.

La question a été tranchée pour 2006, dont les profits iront de fait alimenter les réserves comme le souhaitaient les Européens, mais la question reste ouverte pour ceux attendus en 2007, selon le président.

Trois solutions sont à l’étude: renforcer les réserves, redistribuer l’excédent aux actionnaires ou créer un fonds spécial dédié à des projets dans l’énergie durable ou la sécurité nucléaire, a dit M. Lemierre. La question ne devrait pas être officiellement tranchée avant la prochaine assemblée, prévue à Kiev en mai 2008, mais les débats internes commenceront dès septembre.

M. Lemierre a en outre renouvelé son soutien aux efforts de la Russie pour s’intégrer sur la scène économique mondiale, estimant qu’il était “crucial” qu’elle fasse son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC), pour laquelle elle négocie depuis plusieurs années.

La Russie est la plus grande économie encore en dehors de l’OMC. Elle recèle pourtant un fort potentiel, et sa croissance est l’une des plus rapides au monde, ont convenu les hommes d’affaires présents au forum économique en marge de l’assemblée.

Une entrée de la Russie dans l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est elle aussi “cruciale”, a dit M. Lemierre aux gouverneurs représentant les 61 pays actionnaires de la Berd.

Les négociations sur ce dernier point devraient d’ailleurs commencer avant l’entrée de la Russie dans l’OMC, a déclaré lundi le ministre russe du Développement économique, Guerman Gref, qui a indiqué être parvenu à un accord avec le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, présent à Kazan.

La Russie n’était pas seulement l’hôte de cette 16e assemblée de la Berd dans la capitale du Tatarstan: elle est aussi le premier “client” de la banque. La Berd lui a attribué l’an dernier 38% de ses investissements (soit 1,9 milliard d’euros), contre seulement 26% l’année précédente.

 21/05/2007 15:23:32 – © 2007 AFP