Eiffage franchit un nouveau pas dans sa guerre contre Sacyr

 
 
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Le patron du groupe français de BTP Eiffage Jean-François Roverato (d) et son successeur Benoît Heitz, le 18 avril 2007 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[24/04/2007 17:34:18] PARIS (AFP) Le groupe français de BTP Eiffage a franchi un pas supplémentaire dans sa guerre contre Sacyr, son PDG Jean-François Roverato prenant la tête de la bataille en tentant notamment de déstabiliser le groupe espagnol sur la valeur réelle de ses actifs immobiliers.

Mardi soir, les deux groupes attaquaient en justice. Eiffage déposait plainte devant le TGI de Paris pour “diffusion d’informations fausses ou trompeuses”. Sacyr était, lui, autorisé par le tribunal de commerce de Nanterre à assigner Eiffage à la suite des délibérations de la dernière assemblée générale.

Lors de l’assemblée générale d’Eiffage du 18 avril, Sacyr Vallehermoso s’était vu refuser une nouvelle fois les cinq postes d’administrateurs qu’il réclamait au titre de ses 33,2% du capital.

Dès le lendemain, le groupe espagnol de construction et d’immobilier lançait une offre publique d’échange (OPE) valorisant son offre à 6,5 milliards d’euros.

Lundi, Eiffage contre-attaquait: un conseil d’administration décidait, à l’unanimité, de refuser l’offre de Sacyr, dénonçant une action de concert et annonçant qu’il allait porter plainte.

Dans une interview mardi au Figaro, M. Roverato se justifie: alors que Sacyr promet des “synergies” entre les deux groupes qui en feraient “un acteur majeur de la construction” en Europe, le patron français dénonce des “maigres synergies” où “Sacyr nous apporterait ses dettes et nous lui apporterions notre savoir-faire”.

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Le dirigeant du groupe de BTP espagnol Sacyr, Luis del Rivero, le 19 avril 2007 à Paris (Photo : Eric Piermont)

Il affirme que “cette offre en titres n’est qu’un habillage, une façon pour Sacyr de couvrir sa prise de contrôle rampante d’Eiffage”. Et n’hésite pas à dire que les actifs immobiliers de Sacyr en Espagne “pourraient être révisés à la baisse très prochainement”.

L’actualité boursière a semblé donner raison à M. Roverato. Mardi, à la mi-journée à la Bourse de Madrid, les actions des groupes immobiliers et des constructeurs ont lourdement chuté, Sacyr perdant 9,37% entraînant dans son sillage l’action Eiffage à Paris qui perdait 2,35% à 104,49 euros.

Assuré de l’appui des dirigeants du groupe réuni au sein d’Eiffaime, qui détient désormais 5,19% du capital, M. Roverato peut aussi compter sur ses salariés (22,4%) qui dénoncent “le haut niveau d’endettement de Sacyr” et appellent à une journée d’action mercredi, avec rassemblement à Paris.

De nombreux salariés d’Eiffage étant également actionnaires, les syndicats soulignent aussi le risque pour leur épargne, qui “ne doit pas être engagée sur un coup de Bourse sans lendemain”.

Pour sa part, Sacyr a fait publier mardi une pleine page de publicité dans plusieurs quotidiens, adressée aux salariés et actionnaires d’Eiffage, réitérant sa volonté de maintenir le groupe en France, “dirigé par un management français et coté à la Bourse de Paris”.

Les dirigeants de Sacyr se sont dits “prêts à rencontrer les représentants des salariés d’Eiffage” pour répondre “à toutes les questions”.

Fidèle à son style iconoclaste, M. Roverato a même affirmé au Financial Times que pour défendre son entreprise, il était prêt à rendre l’équivalent de 8 millions d’euros d’actions gratuites. “Pourquoi pas? Ce serait un beau geste et je n’ai pas besoin de cet argent”, a-t-il lancé.

Numéro trois français du BTP derrière les géants Bouygues et Vinci, le groupe Eiffage, qui abrite en son sein la société Eiffel, lointaine descendante des ateliers de l’ingénieur Gustave Eiffel, a pris de l’envergure ces dernières années grâce à sa réussite boursière, mais aussi en construisant le viaduc de Millau, le plus haut du monde.

 24/04/2007 17:34:18 – © 2007 AFP