Pétrole : les profits des majors dépassent le PIB d’Israël ou du Venezuela

 
 
SGE.SJC03.140207160750.photo00.quicklook.default-163x245.jpg
Une raffinerie d’ExxonMobil à Joliet dans l’Illinois en janvier 2006 (Photo : Scott Olson)

[14/02/2007 16:12:13] PARIS (AFP) Les principales compagnies pétrolières mondiales ont accumulé ensemble près de 150 milliards de dollars de bénéfices en 2006, plus que la richesse annuelle produite par des pays comme Israël, le Venezuela ou la République tchèque, ce qui relance le débat sur la taxation de leurs profits.

Le Français Total a annoncé mercredi le plus gros bénéfice jamais enregistré par une entreprise française, soit 12,585 milliards d’euros (16,34 milliards de dollars) en 2006.

Classées par rang de bénéfice, les huit principales compagnies pétrolières mondiales – l’américaine ExxonMobil, l’anglo-néerlandaise Shell, la britannique BP, l’américaine Chevron, Total, la brésilienne Petrobras, la russe Lukoil et la norvégienne Statoil – ont dégagé près de 150 milliards de dollars de profits en 2006.

En comparaison, le Venezuela avec ses 27 millions d’habitants produit moins de richesse (138 milliards de dollars de PIB en 2005, selon la Banque mondiale), de même que la Malaisie, Israël ou la République tchèque.

Les quatre premières majors du secteur, avec plus de 100 milliards de dollars, dégagent une richesse comparable à celle des Philippines, de la Roumanie ou de 131 millions de Nigerians.

C’est la croissance des prix du pétrole brut, qui ont flambé en 2006 pour atteindre le record de 78 dollars le baril au mois d’août, qui expliquent l’ampleur de ces profits.

Ces bénéfices records ont propulsé les compagnies pétrolières parmi les premières entreprises dans le monde. ExxonMobil a ainsi détrôné General Electric comme la première entreprise en termes de capitalisation, selon le classement 2006 établi par le Financial Times.

Parmi les dix premières sociétés de ce classement, quatre appartiennent au secteur pétrolier et gazier.

Du coup, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une taxation de ces profits considérables.

Aux Etats-Unis, Douglas Heller, de la Fondation pour les droits des consommateurs et contribuables, estime qu'”on ne taxe pas assez les compagnies pétrolières”.

Il faudrait “taxer ces surprofits à la fois pour financer sérieusement le développement des énergies alternatives mais aussi pour restituer une partie de cette manne au consommateur”, affirme-t-il dans le quotidien La Tribune.

En France également, associations de consommateurs et responsables politiques songent à puiser dans les profits pétroliers.

L’ancienne ministre et candidate des Verts à l’élection présidentielle française Dominique Voynet a jugé ainsi “totalement juste” que des entreprises “extrêmement puissantes, qui font souvent la pluie et le beau temps jusque dans le coeur des ministères, soient mobilisées pour financer des politiques d’intérêt général”.

“Ces super-profits frappent l’imagination” et “il n’y a aucune raison que seuls les actionnaires bénéficient de cette manne”, a-t-elle expliqué.

Pour sa part, la candidate socialiste Ségolène Royal voudrait un prélèvement exceptionnel sur les profits des sociétés pétrolières pour développer les transports collectifs.

Quant à l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, elle réclame une taxe exceptionnelle d’un milliard d’euros par an pendant cinq ans sur les profits pétroliers réalisés en France.

Une taxe qui devrait contribuer au financement d’un “plan Marshall pétrole” représentant 10 à 25 milliards d’euros sur 10 ans pour le transport collectif de proximité, l’aide à l’acquisition de moteurs économes, le fret ferroviaire et la recherche dans les énergies alternatives.

En réponse, Total dénonce “le dogmatisme et le populisme” de ces propositions. Le groupe paie déjà “12 ou 13 milliards (d’euros) d’impôts au niveau mondial”, affirme son président Thierry Desmarets.

 14/02/2007 16:12:13 – © 2007 AFP