Alcatel Lucent : un “séisme social” touche presque tous les sites français

 
 
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Des salariés d’Alcatel-Lucent devant le site de Cesson-Sévigné (Photo : André Durand)

[14/02/2007 22:20:36] PARIS (AFP) “C’est un véritable séisme social”, se sont exclamés mercredi les syndicalistes de l’équipementier en télécommunications Alcatel-Lucent, détaillant site par site les quelque 1.500 suppressions d’emplois décidées en France, qui touchent sévèrement la région parisienne.

La moitié des suppressions prévues dans ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) concerne la région parisienne (Vélizy, Nozay et Châteaufort notamment), a annoncé une intersyndicale au sortir du comité central d’entreprise de la principale filiale, Alcatel Lucent France SA.

Près de 450 emplois vont aussi être perdus en Loire-Atlantique et en Bretagne, où deux annexes rennaises fermeront.

“On en a connu des plans sociaux depuis 20 ans: toute la production est déjà partie dans les pays à bas coûts, et toute la recherche et développement va suivre le même chemin”, a regretté Marc Marandon, élu CGT.

“On est très inquiets sur l’évolution de notre entreprise, à terme”, a renchéri Francis Cauchy (CFDT).

Des débrayages sont prévus jeudi entre 9H30 et 11H30 en France, mais l’intersyndicale souhaite que l’ensemble des salariés du groupe en Europe, également touchés, se mobilisent.

La restructuration est, selon la direction, “la traduction directe d’annonces antérieures concernant la fusion entre (le français) Alcatel et (l’américain) Lucent, l’acquisition des activités UMTS de (l’équipementier) Nortel, et le récent durcissement des conditions de marché”.

“On ne rejette pas a priori la fusion (entérinée en décembre, ndlr), elle peut avoir du sens à moyen terme. Mais les salariés payent la facture immédiatement”, a remarqué l’élu CFDT.

Les “prestataires” d’Alcatel Lucent vont également en faire les frais, puisque 320 intérimaires et salariés de SSII (sociétés de services informatiques) sont dans le collimateur, portant le total des suppressions d’emplois attendues en France à 1.800, selon les syndicats.

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La localisation des sites touchés

Alcatel-Lucent “est habile: elle annonce dans le même temps environ 150 recrutements dans ses différentes filiales”, a fustigé l’intersyndicale.

“La direction nous demande de quoi on se plaint, puisqu’on est dans la moyenne mondiale des coupes dans les effectifs (15%) et que nos collègues allemands vont être plus durement affectés”, à hauteur de 20%, a ajouté un délégué.

En Belgique, le site de Geel doit être cédé et 130 à 140 emplois vont disparaître. En Italie, des négociations sont en cours. Le détail sera connu le 23 février, lors d’un comité de groupe européen.

Après la dérégulation menée sur le continent, “le secteur des équipementiers télécoms est en pleine décrépitude”, ont estimé les syndicalistes, selon lesquels Sagem devrait aussi bientôt connaître des annonces négatives.

L’intersyndicale ne se résout pas “à ce nombre de départs bruts”: “nous avons demandé une expertise économique pour mieux comprendre sur quelles prévisions s’appuie la direction” et “proposer des alternatives”.

“Il est un peu tôt, ont jugé les syndicalistes, pour se pencher sur les mesures sociales proposées par la direction” – “mobilité interne”, “projets professionnels” hors de l’entreprise, “projets activité seniors” et préretraites.

“Il faut clarifier les enjeux et défis du secteur des télécoms en France préalablement à l’ouverture de négociations sur le plan de sauvegarde de l’emploi”, a renchéri dans un communiqué le ministre délégué à l’Emploi Gérard Larcher, après avoir rencontré mercredi après-midi des salariés du groupe.

 14/02/2007 22:20:36 – © 2007 AFP