Poweo flambe à la Bourse grâce à l’accès aux centrales nucléaires d’EDF

 
 
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Charles Beigbeder, PDG du producteur d’électricité Poweo, le 20 mars 2006 à l’hôtel Matignon à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

[03/01/2007 18:43:41] PARIS (AFP) Un accord avec EDF sur le nucléaire a provoqué un envol de l’action du producteur d’électricité Poweo mercredi, alors que la fringale des investisseurs pour les énergies non-polluantes a fait gagner 42% à EDF Energies nouvelles un mois après son entrée en Bourse.

L’action Poweo a terminé mercredi en forte hausse de 19,17% à 43,45 euros, soit un bond de 17,59% sur les deux premiers jours de l’année 2007. Sur ces deux jours, le CAC a progressé de 1,25% et l’action EDF a perdu 1,63%.

La capitalisation boursière de Poweo a doublé en six mois, pour atteindre 250 millions d’euros. La société, créé par Charles Beigbeder, fondateur du courtier en ligne Selftrade au moment de la bulle Internet, a pourtant perdu de l’argent sur chacune de ses quatre années d’existence.

Poweo a annoncé mercredi avoir signé un accord d’échange de capacités de production de 160 mégawatts (MW) par an sur quinze ans avec EDF pour “avoir accès sur la période 2007-2021 à une énergie en base, issue du parc de production nucléaire” d’EDF.

En échange, Poweo mettra à la disposition d’EDF, pour une même puissance et sur une même durée à compter de 2009, une partie de la capacité de production du futur cycle combiné à gaz de Pont-sur-Sambre (Nord)”, dont la mise en service est prévue début 2009.

“EDF va devoir partager une partie de son parc nucléaire avec les concurrents, pour se conformer au souhait de la Commission européenne”, a commenté Julien Quistrebert, analyste chez Richelieu Finance.

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Logo d’EDF au siège du groupe à Paris (Photo : Stéphane de Sakutin)

“Les prix de l’électricité grimpent en raison de la pénurie d’investissements, mais les actions des producteurs d’électricité ont trop progressé”, constate-t-il.

En Bourse, les grands gagnants de cette course à l’énergie sont les producteurs les moins dépendants aux énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon), dont le prix flambe sur les marchés mondiaux.

Les analystes remarquent qu’ils bénéficient en plus de capacités de production disponibles alors qu’elles sont saturées chez les concurrents.

Selon la banque Morgan Stanley, une simple hausse du taux d’utilisation du parc nucléaire français jusqu’à 83% augmenterait la valorisation d’EDF de deux euros par action.

La banque américaine estime que la rentabilité EDF est aussi très sensible au remplissage des barrages alpins: “l’écart de production hydro-électrique observé entre la plus sèche et la plus humide des 15 dernières années, s’élève à 25 terawatts”, soit 5,1% des ventes d’EDF et presque autant que bénéfice net (6,35% de ses ventes), a calculé Morgan Stanley.

Le concurrent Suez, qui détient avec Electrabel des centrales nucléaires en Belgique et aux Pays-Bas, est lui aussi bien placé pour profiter de la pénurie d’électricité, selon Julien Picard, analyste financier chez Fideuram Wargny.

Selon lui, les scénarios valorisant à 40 milliards d’euros le pôle énergie de Suez, dans le cadre d’un rachat par l’homme d’affaires François Pinault, confirment “le prix élevé des centrales nucléaires”.

Les investisseurs ont aussi plébiscité l’action EDF Energies renouvelables, entré en Bourse à Paris le 29 novembre à 28 euros par action et qui a gagné 42% en un mois, donnant au leader français de l’énergie éolienne une valeur boursière de 2,45 milliards d’euros, soit 40 fois son bénéfice d’exploitation.

“Le marché pourrait valoriser la croissance d’EDF EN au-dessus de celle du secteur”, selon le courtier Raymond James.

Poweo est aussi entré en novembre sur le marché de l’énergie éolienne en achetant un site produisant 10 MW à Boulay (Lorraine), qualifié “d’actif solide” par Steeven De Proost, analyste chez Dexia.

 03/01/2007 18:43:41 – © 2007 AFP